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COMMENT ANALYSER LES TERMES D'UN SUJET ?

Durée (8 à 10 min)

Les vertus de l'exemple

Plutôt que de commencer par une liste de conseils généraux, il semble plus efficace de donner deux exemples d'analyse, appartenant à deux types de questions différentes, à partir desquelles on tirera des directives plus générales.

• Sujet n° 1 : « Qu'est-ce que faire une expérience ? »

Analysons les termes du sujet. Ce sujet se donne sous la forme d'une question de type « Qu’est-ce que… ? » Il ne faut cependant pas y voir trop vite l’exigence d’une définition. Ce type de question est philosophiquement très ouverte et peu contraignante. Avantage: liberté d'orienter la problématique. Inconvénient: risque de partir dans tous les sens et de ne pas pouvoir justifier l'organisation de la dissertation..
Le petit verbe «faire » est important, il précise le sujet, qu’il ne faut pas confondre avec celui voisin : « qu’est-ce qu’une expérience ? ». Il doit donc aussi être analysé. 11 peut renvoyer à l’idée très générale (1) d’accomplir quelque action ou d’être le sujet d’une activité quelconque, comme dans les expressions courantes du type: «j’ai fait mon service militaire, j’ai fait de l'anglais, je fais de mon mieux, etc.». Mais il peut aussi prendre le sens plus précis (et plus tardif) de (2) fabriquer, ou de produire.
Le terme «expérience», lui aussi, peut revêtir plusieurs sens qu’un simple examen de ses usages dans la langue courante peut permettre de dégager. Dans des expressions du type « il est encore jeune, il faut lui laisser faire ses expériences…» ou «cet homme a de l’expérience…», le sens du mot expérience renvoie à l’idée de faire l’épreuve de quelque chose. Ainsi le jeune travailleur débutant, manquant d’expérience professionnelle (Le: n’ayant pas éprouvé tous les aspects du travail qu’on se propose de lui donner), sera paradoxalement embauché par un patron qui acceptera de faire l'expérience de l’engager (Le: faire l’essai de prendre un jeune sans expérience). On voit donc qu'un rapide examen des expressions courantes permet de dégager deux significations du mot expérience :
(1) l’épreuve que l’on fait de quelque situation,
(2) renvoie à l’idée de tentative, d’essai.
Ce dernier sens peut faire penser à la « méthode essais-erreurs » et partant à un troisième sens du terme, celui d’expérience scientifique (3), d’expérimentation: c’est le sens étudié dans le cadre du thème «Théorie et Expérience ».
Notons enfin que la question est « Qu’est-ce que faire une expérience ? » : l’accent pourra être mis sur le caractère d’unité de l’expérience.
Sans faire appel à des connaissances étymologiques ou lexicales savantes et uniquement en réfléchissant sur les usages de la langue courante, nous avons procédé à l’analyse des termes du sujet. Tout élève doit pouvoir en faire autant et s’y entraîner pendant l’année. Que ressort-il de cette analyse ? Deux directions, au moins, se dégagent pour le développement :
(1) faire une expérience au sens de vivre une expérience, c’est-à-dire de l’éprouver comme expérience ;
(2) élaborer, fabriquer une expérience au sens des sciences dites expérimentales, qui déterminent rigoureusement les conditions dans lesquelles on étudie un phénomène: on ne s’étonnera guère de voir ce sujet posé en section S.


• Sujet n° 2 : « L'attitude philosophique peut-elle être définie par la décision de ne jamais croire ? »

La question posée est beaucoup plus longue et alambiquée que la précédente, l’analyse des termes doit néanmoins ne rien négliger.
« L’attitude » peut désigner la pose ou la posture qui caractérise un sujet, le mot d’ailleurs est à l’origine un terme de peinture. Le plus souvent, on désigne par attitude un comportement ou une certaine conduite. L’attitude philosophique peut donc renvoyer à la position, la posture, si l’on veut, de la philosophie, aussi bien qu’au comportement du philosophe, sans qu’il faille trancher trop fortement entre ces deux aspects. L’adjectif « philosophique » suppose de manière un peu abrupte l’idée qu’il y a une attitude spécifiquement philosophique, ce qui ne va pas de soi, si l’on tient compte de la pluralité des positions philosophiques. Inutile, ici, de s’attacher à définir le mot « philosophie » avec trop de précision, on risquerait de s’égarer dans des problèmes qui nous éloigneraient du sujet.
«peut-elle» au sens de la possibilité de fait - le sens de possibilité de droit (permission) ne saurait être retenu dans le contexte de ce sujet.
« être définie » : ici, « définir » veut dire caractériser essentiellement, donner le trait spécifique qui distingue l’attitude philosophique de l’attitude scientifique, religieuse ou de l’homme en général.
« décision » : le terme contient l’idée de résolution et connote une certaine radicalité, voire irréversibilité du choix. Le fait qu’une décision est un acte libre et déterminé dans le temps ne devra pas être négligé dans l’analyse du problème.
« de ne jamais croire » peut désigner le refus de toutes les croyances de type superstitieux ou religieux (superstition, foi), mais aussi le rejet de toutes formes de convictions (opinions).

RÉSUMÉ DES RÈGLES GÉNÉRALES DE L'ANALYSE

R1 • «Il faut analyser chacun des termes du sujet sans en omettre un seul. Il peut arriver que l'on trouve des termes univoques dans le libellé d'un sujet, mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. Ne pas se priver donc de ce point d’appui éventuel pour construire la problématique.
R2 • Il s’agit de donner du sens au sujet ; il faut donc faire preuve d’imagination et le moyen le plus sûr pour rendre l’imagination un peu plus fertile est bien de réfléchir sur les emplois d’un terme dans la langue courante. En effet, ce type d’enquête permet d'« ouvrir » des perspectives sur le sujet qui n'étaient pas nécessairement apparentes au départ.
R3 • Ne pas hésiter à utiliser, pour conduire l’analyse, la recherche des antonymes, des synonymes, des termes voisins, etc.
Les vertus de l'entraînement : À vous de jouer !
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