COLOMA R.P. Luis
COLOMA R.P. Luis. Écrivain et jésuite espagnol. Né à Jerez de la Frontera (province de Cadix) en 1851, mort à Madrid en 1914. Il commença ses études à l'Ecole navale préparatoire (1863), et se rendit ensuite à Séville où il étudia le droit. Dans cette ville, comme à Madrid, il fut reçu dans les salons les plus élégants, y recueillant des éléments utiles à son oeuvre littéraire. Bien qu'il fût avocat, il n'exerçait pas sa profession, mais collaborait, en revanche, à deux journaux de Madrid, se faisant le propagandiste de la restauration des Bourbons. Un jour qu'il nettoyait son revolver, il se blessa grièvement à la poitrine; cet accident le confirma dans sa décision de se faire jésuite, et il entra au séminaire de Poyanne en 1873. Ordonné prêtre, il n'en abandonna pas pour autant le journalisme dans lequel il voyait, ainsi que par ses livres, un moyen d'instruire la société, sinon de la distraire. Des Lectures récréatives il en vint à la satire d'un genre plus accentué, en passant par les études de moeurs. Le roman Bagatelles (1891) en est le témoignage le plus évident. Pour comprendre comment le naturalisme de Coloma n'accepta pas le déterminisme d'essence française, il n'est pas nécessaire de se souvenir qu'il était jésuite et espagnol. Au milieu de la confusion répandue dans les idées de son époque, Coloma fut en apparence un romancier, mais de fait, il fut un missionnaire; et ses prédications, fondées sur la description d'une certaine aristocratie légère et corrompue de l'époque qui précéda la restauration, remuèrent énormément l'opinion. Pendant quinze jours, un journal de Madrid, l'Heraldo, publia des jugements, échos et interprétations erronées des Bagatelles. Coloma en fut indigné. Ses descriptions d'un monde plein de compromissions et de vices furent interprétées comme une satire très vive de cette société. En réalité, Coloma ne voulait pas attaquer la seule aristocratie, car il n'épargna ni le peuple, ni la bourgeoisie. Les accusations continuèrent et quand, en 1908, Coloma entra à l'Académie Royale, il fut comparé au père Isla. L'écho des Bagatelles s'évanouit. L'activité créatrice de Luis Coloma s'étendit à de nouvelles oeuvres : par exemple, Boy, et des narrations d'inspiration historique. Très importants aussi sont les Souvenirs de F. Caballero, qui fut son ami, et que Coloma imita dans ses débuts, sans toutefois parvenir à sa vigueur comme peintre de moeurs.