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Claude Delmas

Né en 1932, Claude Delmas qui est cadre supérieur dans une grande société, a publié six romans. Claude Delmas est un des rares écrivains d’aujourd’hui à enregistrer, à transcrire, jusqu’à l’éblouissement ou la nausée, les transformations du monde moderne. Si son imagination joue avec tous les signes de la culture, passée ou présente, des poèmes de Hölderlin aux mythes du cinéma, son réalisme, loin de se référer à la tranche de vie populiste, consiste à noter tout ce qui modifie, dérange, trouble, rend inquiétant à force de mobilité ou de fixité, notre environnement : tours de verre et d’acier, aérogares, autoroutes, feux du néon, froideur et trépidation des machines. Mais ce qui justement l’intéresse, c’est le trouble et le dérangement, ce sont, devant ou contre ce monde artificiel, la fascination, la contestation, la révolte ou les fuites de l’homme moderne. Révolte brutale ou fuite dans la nature primitive comme dans le rêve, que symbolisent à des degrés divers les émeutes du Schooner, les hommes en armes dans les souterrains (le Jeune Homme immobile}, le comportement du soldat Hölderlin dans Grande Neige, grand soleil ou encore les paysages exotiques des Extrêmes Climats, ou du Schooner, la ferme sur le plateau glacé, battu des vents, et les errances à cheval dans Grande Neige grand soleil. Depuis le Bain maure et le Pont du chemin de fer est un chant triste dans l’air, Claude Delmas dit les contrastes de notre monde, l’éclatement d’une civilisation déchirée entre la nostalgie d’un univers clos, lieu de la permanence, et toutes les tentations d’un espace éclaté, d’un savoir morcelé grâce à la vitesse des transports et des communications. Mais il ne dit pas seulement ces contrastes et les conflits idéologiques, politiques, psychiques qu’ils engendrent, il ne joue pas seulement de l’opposition entre une nature sauvage, déserte ou proliférante et l’apparence lisse, métallique, de cités géantes, brillantes, confortables, mais cependant propices aux pires solitudes, il cherche pour exprimer cette réalité complexe une écriture qui en soit comme le miroir et la traduction. De livre en livre son récit s’est fait plus éclaté, sa langue à la fois plus souple dans ses cadences, plus précise dans ses énoncés — comme pour mieux saisir l’éclat du réel — plus frémissante ou plus brisée dans ses enchaînements. Avec Grande Neige grand soleil, il a poussé sa recherche jusqu’au bout, faisant de son roman une des plus belles réussites de l’imaginaire contemporain, un imaginaire où s’exprime toute la détresse-, la quête et la vérité d’une génération. ► Bibliographie

Romans : le Bain maure, Julliard, 1964 ; le Pont du chemin de fer est un chant triste dans l'air, Flammarion, 1965 ; les Extrêmes Climats, Flammarion, 1967 ; le Schooner, Flammarion, 1970 ; le Jeune Homme immobile, coll. Textes, Flammarion, 1972 ; Grande Neige grand soleil, coll. Textes, Flammarion, 1975.

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