CERNUDA Luis
CERNUDA Luis. Poète espagnol. Né à Séville en 1904, mort à Mexico en 1963. Cet ami de Lorca appartient à la génération dite de 1927. Il fit ses études universitaires à Séville et fut élève de Pedro Salinas. Collaborateur des revues andalouses d'avant-garde : Mediodia, Litoral, puis des grandes revues que furent Revista de Occidente, Cruz y Raya et Hora de Espana (pendant la guerre civile). L'exil approfondira sa culture et son humanisme occidental, tout en renforçant sa solitude. Professeur à Glasgow et Cambridge, à l'institut Espagnol de Londres jusqu'en 1947, il se rend aux États-Unis, puis au Mexique où il va parfaire son oeuvre poétique essentielle, tout en éditant plusieurs essais et ouvrages en prose. Son premier recueil, Profil du vent [Perfil del aire] avait paru à Malaga en 1925. Il révélait un poète incontestablement doué d'un « don angélique de la grâce », dont les oeuvres étaient proches des poèmes de Lorca, d'Alberti et de la virtuosité de Jorge Guillén. Étaient venus ensuite Invitation à la poésie , puis, en 1934, le recueil Là où vivra l'oubli, titre reprenant un vers de Bécquer. A la veille de la guerre civile, Cernuda rassemblait ses poésies en leur donnant un titre, qui marquait toute son ambition poétique : La Réalité et le désir. L'exil devait enrichir cette oeuvre jusqu'aux portes de la mort. Onze livres de poèmes s'y trouvent finalement réunis. Leur rappel montrera la constante évolution de Cernuda dans sa propre vie. Dans les Premières poésies (1924-1927), le monde devient « une beauté déserte », source de solitude. En 1927-1928, ce sont Une églogue, une élégie, une ode, découverte de l'amour insatisfait. Un fleuve, un amour (1929) élargit la vision lyrique, à l'appel de l'inconnu. Puis ce sont Les Plaisirs interdits (1931), reflet plus qu'apparent de l'homosexualité du poète. Où habite l'oubli prolonge cette sensation d'incrédulité face à l'amour, qui n'est que « le souvenir d'un oubli ». Invocations (1934-35) tentent d'oublier le désespoir, de repousser la solitude. Le poète veut surmonter une réalité morte, dans le monde de douleur, car « écrire en Espagne, ce n'est pas pleurer, c'est mourir ». Ce seront Les Nuages, écrit entre 1937 et 1940. Comme celui qui attendait l'aube marque la révolte de Cernuda face à l'horreur contemporaine. Ecrit pendant la guerre mondiale (entre 1941 et 44), c'est un peu « la mort en ce jardin ». Vivre sans être vivant (1944-49) est le retour vers la Jeunesse, l'Amour, l'ami perdu. Mais l'obsession de la mort et de 1 oubli n'en est pas moins présente. Mes heures étant comptées (1950-56) est entièrement consacré à l'Amour, amour et présence de l'aimé. Le dernier recueil, La Désolation de la chimère (1956-62) exprime celle d'un coeur vieilli, rempli de souvenirs et de désirs insatisfaits, seul face au monde et à cette Espagne qui l'a mené à l'exil. C'est le poème du ressentiment douloureux face à l'incompréhension. Seuls quelques amis auront écouté Luis Cemuda, l'écoutent. Après celles de Machado et de Miguel Hernandez, son oeuvre poétique est cependant appelée à grandir au fur et à mesure du temps qui passe. Les autres livres de Cemuda : Ocnos (Londres, 1943), Etudes sur la poésie espagnole contemporaine [1957], Variations sur des thèmes mexicains [1953], ses traductions d'Hölderlin, etc., ne sont qu'au-tant de perles autour de son oeuvre poétique.