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CASSIODORE (Magnus Aurelius Flavius Cassiodorius)

CASSIODORE (Magnus Aurelius Flavius Cassiodorius). Historien et érudit latin. Né à Squillace, en Calabre, entre 477 et 481, mort dans cette même ville à l'âge de quatre-vingt-trois ans, entre 560 et 564. Son existence est intimement liée aux vastes desseins politiques de son temps; il jouera le rôle d'élément modérateur et conciliateur entre le monde romano-byzantin et la société barbare qui venait de l'envahir, entre la cour des Goths et la Papauté; son action ne sera pas seulement politique mais plus encore civila-trice puisqu'il servira surtout de trait d'union entre l'ancienne et la nouvelle civilisation. C'est avec le titre de gouverneur de sa province d'origine — « corrector Lucaniae et Bruttiorum », que Cassiodore, après les premières charges honorifiques dues au rang éminent qu occupait déjà son père, commence cette longue carrière diplomatique chez les Goths, qui durera depuis le règne de Théodoric jusqu'à la conquête byzantine. Il sera conseiller du roi, secrétaire de la cour, historiographe officiel, rédacteur des actes juridiques, et, en même temps, porte-parole de l'opinion modérée du parti national et intermédiaire dans les relations avec la Papauté. Il est toujours présent dans la coulisse, au point que sa correspondance, les Ordonnances — plus encore peut-être que la Chronique ou l'Histoire des Goths —, représente un document fondamental pour la reconstitution de cette période de l'histoire. Lorsque s'écroule définitivement le gouvernement des Goths (539), sous les coups des armées de Bélisaire, on peut considérer comme close la carrière politique de Cassiodore. Dans l'atmosphère sereine de sa ville natale, au bord de la mer Ionienne, les préoccupations religieuses et intellectuelles prennent en lui le dessus — n. De l'Ame, oeuvre courte qui fait suite aux Ordonnances. Il prendra part encore à quelques événements historiques et politiques, il se trouvera à Byzance en 551, mais son esprit a désormais subi une décisive « conversio ». Les contacts qu'il a pris à Constantinople avec le questeur Junilius lui permettent de puiser, des informations détaillées sur l'activité du fameux Institut supérieur d'études théologiques de Nisibe, en Syrie, et c'est ainsi que mûrit dans sa tête l'idée de créer un centre analogue à Rome. Cependant, comme les troubles politiques et militaires rendent irréalisable son projet, Cassiodore le confie à un ouvrage de méthodologie, les Institutions des lettres divines et humaines, son oeuvre maîtresse, qui portera ses fruits durant tout le Moyen Age. Il se retire définitivement à Squillace et il y fonde le monastère de Viviers, le « Vivarium », qui devient rapidement un centre d'austères etudes religieuses et profanes (des Saintes Écritures aux oeuvres sur l'ascétisme, de l'histoire à la cosmographie, des arts libéraux et de la philosophie aux sciences exactes), où les moines transcrivent avec une rigueur critique remarquable les textes qui, à travers la tradition bénédictine, transmettront aux générations futures les messages de la pensée et de l'art antiques. C'est sans doute pendant cette période que Cassiodore rédigea l'Histoire ecclésiastique tripartite — résumé étendu de trois historiens ecclésiastiques grecs : Théodoret, Sozomène, Socrate — dont les textes avaient été traduits par un de ses disciples. Dans cette ardente ambiance de travail et de prière, une mort sereine vint surprendre celui qui, déjà très âgé, vivait dans la condition volontairement humble d'un simple moine. II ne faut pas chercher, chez Cassiodore, une originalité spéculative ou une expression d'art particulière; il fut, avant tout, un « maître » subtil qui, doué d'un singulier sens historique, sut discerner les éléments essentiels d'un riche patrimoine religieux et intellectuel à transmettre à la postérité et s'y appliqua avec une foi et une intelligence qui lui firent trouver des moyens, des procédés et des tons, valables également dans les siècles suivants.

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