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CARDAN Jérôme (Girolamo Cardano)

CARDAN Jérôme (Girolamo Cardano). Né à Pavie (Lombardie, Italie), le 24 septembre 1501 (selon Bertoldi en 1506), mort à Rome le 21 septembre 1576. Issu de l'union illégitime (légitimée en 1524) de Clara Micheri et du juriste et docte mathématicien milanais Fazio, ami de Léonard de Vinci. Grandi au milieu des mauvais traitements, des maladies et de toutes sortes de malheurs, il montra une précocité extraordinaire pour les études, et était déjà célèbre comme astrologue et mage, avant de donner des preuves de « son esprit plus que divin » dans les sciences naturelles et les mathématiques. En 1526, après avoir conquis le titre de docteur en médecine à Padoue, il commença immédiatement à exercer à Saccolongo près de Padoue. Guéri de tous les troubles sexuels qui avaient fait de sa jeunesse un tourment, il se maria. En 1534, il obtint la chaire de mathématiques à Milan, mais continua d'étudier la médecine, mêlée à des pratiques d'astrologie et de magie. Son premier traité de médecine De Malo recentiorum medicorum medendi usu (1536), et son premier écrit sur la science des mathématiques : Pratique arithmétique [1539], présentent déjà les caractères principaux de son immense production, réunie en dix volumes in-folio sous le titre de Hieronymi Cardani, Opéra omnia (Lug-duni, 1663); le style en est toujours alambiqué et confus, mais devient tout à fait abscons dans certaines oeuvres touchant à l'astrologie. Sa culture encyclopédique et son intelligence puissante bien qu'alliée à une enfantine crédulité lui permirent d'écrire sur les sujets les plus divers : c'est ainsi qu'on a de lui une Métoposcopie [ 1558; tr. fr. 1658], traité sur la morphologie humaine, et La Science du monde ou la sagesse civile, oeuvre de sociologie. S'étant aperçu que Nicolo Tar-taglia connaissait la règle de résolution des équations du troisième degré, il réussit à se la faire communiquer sous la promesse formelle de ne pas la divulguer et d'introduire en échange Tartaglia dans les cercles des hu manistes. Lorsque Cardan apprit que le Bolonais Scipione Dal Ferro avait découvert auparavant la même formule, il se considéra délié de son serment, et divulgua la découverte dans son Grand Art ou les règles algé-braïques, oeuvre capitale dans l'histoire des mathématiques, où Cardan, avec un art qui n'a rien de celui du plagiaire, amorce en outre la théorie des équations algébriques. Il se fit ainsi de Tartaglia un ennemi mortel, dont les écrits n'ont pas peu contribué à répandre auprès de la postérité la légende d'un Cardan malhonnête et corrompu. En 1550 parut De la subtilité, et, en 1557, le grand supplément à cette oeuvre : De la variété des choses, les deux encyclopédies les plus achevées de Cardan, et qui connurent un rapide succès. En 1560 un coup terrible l'atteignit : son fils aîné, accusé d'avoir tué sa femme, fut exécuté à Pavie. Voyant dans cette condamnation la main de ses ennemis, il prit la ville en horreur, demanda et obtint une chaire à la Faculté de Bologne (1562). En 1570, le Tribunal de l'inquisition le fit emprisonner sous l'inculpation d'avoir tiré l'horoscope de Jésus-Christ. Libéré, il lui fut toutefois interdit de tenir des conférences. En 1571 il s'établit à Rome, entra dans les bonnes grâces du pape, et en obtint un viager qu'il conserva jusqu'à sa mort, survenue, dit-on, le jour même où il l'avait prévue. Il raconte lui-même dans Ma vie, confession sincère jusqu'à l'impudeur, cette existence de visionnaire, curieux mélange de superstition médiévale et de géniales anticipations.

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