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CAMILLE

CAMILLE. 1. Fille de Métabus, roi de la tribu italique des Volsques, et de Casmila. En raison de sa cruauté, Métabus fut chassé de sa ville natale de Privernum; il prit sa fille, encore petite, avec lui. Au cours de sa fuite, il arriva à la rivière Amasénus, qu’il n’avait aucun moyen de traverser. Il attacha Camille à sa lance et, après avoir fait une prière à Diane, la lança sur l’autre rive. Ayant traversé la rivière à la nage, il trouva sa fille saine et sauve, et la consacra à Diane. Il l’éleva dans les montagnes, la nourrissant de lait de jument, et lui apprit plus tard l’art de la chasse et de la guerre. Aimée et protégée par Diane, elle pouvait courir sur du grain sans l’écraser, et sur la mer sans se mouiller les pieds. Elle fut l’alliée de Turnus dans sa lutte contre Enée, chevauchant comme les Amazones, avec un sein nu, à la tête de la cavalerie volsque et d’un groupe composé des meilleures vierges-guerrières. Camille tua un grand nombre d’ennemis; mais, par la suite, l’Etrusque Arruns la transperça de sa lance, avec l’aide d’Apollon, sous le sein dénudé. Diane chargea sa nymphe, Opis, de la venger rapidement; celle-ci tendit une embuscade à Arruns et le tua d’une flèche.

2. Marcus Furius Camille fut probablement dictateur à Rome entre 369 et 389 av. J.-C. (bien que trois autres dictatures fussent connues). Il semble bien avoir été un personnage historique, néanmoins un ensemble considérable de légendes sont nées autour de son nom. Les Romains, selon une tradition, assiégèrent la ville étrusque de Véies, pendant dix ans, sans succès (le siège de Troie eut la même durée). Puis ils apprirent par un devin de Véies que la cité ne tomberait pas tant que le lac Albain, qui avait grossi anormalement, ne serait pas asséché. Ce qui fut fait, et Camille, déjà trois fois consul, devint dictateur. Il fit creuser alors un tunnel sous la ville, et ses hommes surprirent le roi de Véies dans le temple de Junon, qui était au-dessus d’eux; celui-ci déclarait que le camp qui offrirait le sacrifice qu’il s’apprêtait à faire gagnerait la guerre. Les hommes de Camille firent alors irruption du tunnel, dans le temple, achevèrent eux-mêmes le sacrifice et prirent possession de la ville. Camille transporta la statue de Junon de ce temple à Rome. Peu après, il fut accusé d’avoir détourné une partie du butin de Véies et d’avoir célébré son triomphe avec trop de magnificence. Cependant, on pense qu’il conquit, par la suite, la ville voisine de Falérii. Auparavant, certains disent que le maître d’école de l’endroit avait livré ses élèves, les fils des familles les plus importantes, aux mains de Camille; mais celui-ci avait refusé son offre et renvoyé les enfants chez eux, indemnes. Quelque temps plus tard, après avoir comparu devant la cour pour avoir disposé à tort du produit du sac de Véies, Camille partit en exil ; à ce moment précis, une armée de Gaulois (les Sénones) s’avançait sur Rome. Les Romains furent écrasés par les Gaulois à la rivière Allia (événement historique aux alentours de 390 av. J.-C.), et Rome elle-même fut prise et mise à sac; seul le Capitole (selon une tradition) resta intact : les Gaulois massacrèrent les prêtres et les anciens qui étaient restés dans la ville. Camille fut promu commandant en chef, et organisa la résistance romaine à Ardée. Afin d’obtenir l’approbation du Sénat pour sa nomination, un messager fut envoyé au Capitole. Mais les traces qu’il avait laissées en grimpant jusqu’à la citadelle furent découvertes par les Gaulois, et Brennus, leur roi, déclara que ses hommes devaient suivre son exemple, et escalader la falaise. Cependant, les oies sacrées de Junon réveillèrent les gardes, qui repoussèrent les assaillants et leur infligèrent de lourdes pertes. Bientôt, à court de munitions, les Romains essayèrent d’acheter les Gaulois avec de l’or. Alors que l’on pesait les mille livres d’or, les Gaulois essayèrent de tromper les Romains; et, lorsqu’un commandant romain vint s’en plaindre, Brennus jeta son épée dans la balance, en s’écriant : «Vae victis» («Malheur aux vaincus»). A ce moment-là, Camille arriva, conduisant une armée puissante, et cassa les termes de la capitulation : l’épée, et non l’or, déciderait de l’issue du combat. Il obtint une victoire complète sur les Gaulois et rentra en triomphe, escorté par ses troupes. Beaucoup de gens, en particulier les membres les plus pauvres de la communauté, voulurent transférer la ville à Véies, dont l’emplacement, pensaient-ils, était plus stratégique. Camille, cependant, persuada les gens que la victoire était inutile s’ils abandonnaient Rome; il resta en fonction jusqu’à ce que les bâtiments fussent reconstruits. Plus tard, selon la tradition, il défit les Volsques, entreprit des réformes militaires, encouragea l’accession des plébéiens aux charges principales de l’Etat et, en 367, consacra un temple romain à la Concorde.

Camille. Vierge guerrière des Volsques et alliée de Tumus, connue seulement par l'Enéide de Virgile, dont elle est peut-être une invention. Elle n’était encore qu’un bébé lorsque son père Métabus, roi des Volsques, fut chassé à cause de sa cruauté. Arrivé avec sa fille au bord de l’Amasène en crue, il attacha l’enfant à un javelot en la vouant à la déesse Diane (lat. camilla, « aide dans les sacrifices ») et la lança par-dessus le fleuve, qu’il traversa ensuite à la nage. Dans l’Enéide, Camille est tuée par Arruns, un Étrusque.

Camille (Marcus Furius Camillus). Selon Tite-Live, « sauveur de sa patrie et second fondateur de Rome» après l’occupation gauloise, vers 390 av. J.-C. Homme d’État et général romain du début du ive siècle av. J.-C., ses exploits furent largement enjolivés à une époque ultérieure. Sa première victoire historique fut la prise de la ville étrusque de Véies en 396 av. J.-C. ; après ce succès et à la suite d’un vœu, il dédia un cratère d’or à l’Apollon de Delphes. Les dames romaines firent don de leurs bijoux pour le confectionner, et, en récompense de leur générosité, elles reçurent le privilège de voyager dans des voitures couvertes. Peu de temps après, Camille s’empara de Faléries. C’est au cours de cette campagne que se situe le fameux épisode du maître d’école qui amena ses élèves dans le camp de Camille et proposa au général de les prendre en otages pour s’emparer de la ville. Camille refusa de profiter de cette traîtrise, laissa partir les enfants et renvoya le maître d’école couvert de chaînes. Les habitants de Faléries furent si impressionnés par cet exemple de justice romaine qu’ils capitulèrent. Selon la légende, Camille fut accusé de s’être approprié du butin et partit en exil, mais il fut rappelé comme dictateur lorsque les Gaulois s’emparèrent de Rome vers 390 (voir brennus). Il aurait défait les Gaulois et récupéré l’or qui devait servir à les acheter, mais cette anecdote est peut-être une invention du patriotisme romain. Il aurait ensuite vaincu les Volsques et les Eques, et dirigé Rome pendant les troubles intérieurs qui suivirent l’invasion gauloise. Il raffermit le pouvoir des patriciens et écrasa une révolution du peuple menée par Manlius Capitolinus, mais il joua un rôle modérateur durant la querelle entre patriciens et plébéiens, qui se termina en 367; il célébra le retour à la paix en fondant un temple à la Concorde au pied du Capitole. Il fut cinq fois dictateur et on lui attribue une réforme de l’organisation militaire romaine.

Camille, Marcus Furius ; général romain. L’image de C. a été façonnée par les siècles. Les sources le donnent pour censeur en 403 avant J.-C., tribun militaire à pouvoir consulaire en 401, 398, 394, 386, 384 et 381, dictateur en 396, 368, 367, honoré de 4 triomphes dont 2 seulement semblent historiques (396 et 389), il met fin en 396 au long siège (dix ans) de la riche rivale étrusque de Rome, la ville de Véies. Après un exil volontaire dont on ignore si la cause en fut une jalousie d’origine humaine ou divine, il aurait été rappelé devant l’invasion gauloise qui en 386 (?) s’empare de la Ville. Semblable à un second Romulus et à un nouveau fondateur de la Ville, il dissuade la population d’abandonner Rome et d’émigrer vers Véies. Selon la tradition, il bat les Gaulois et aurait repris le tribut que les Romains leur avaient versé. On lui attribue également d’avoir repoussé les peuples guerriers des montagnes, les Èques au nord, les Volsques au sud, qui cherchaient à profiter de la faiblesse de Rome après l’invasion des Celtes. Le manque de sources contemporaines a conduit la tradition romaine (cinquième livre de Tite Live) à mettre ce patricien, sans aucun doute historique, en rapport avec des transformations touchant le droit public, les choses militaires et religieuses. Bibliographie : J. Hubaux, Rome et Véies, Liège, 1958.

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