Databac

Callimaque

Poète et érudit grec de l’époque hellénistique, né vers 310-305 av. J.-C. à Cyrène (Afrique du Nord) et mort vers 240 av. J.-C. Il est parfois désigné sous le nom de Bat-tiadès («fils de Battos»). Sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, roi d’Egypte (285-246 av. J.-C.), il se rendit à Alexandrie, où le roi lui demanda de préparer le grand catalogue (pinakes) de tous les livres de la bibliothèque d’Alexandrie. Cette entreprise de longue haleine (le catalogue atteignait 120 volumes), outre qu’elle profita à la bibliothèque, influa sur le style du poète : à l’instar d’autres poètes hellénistiques chez qui la poésie s’alliait à l’érudition, il découvrit grâce à ses recherches des matériaux qu’il arrangea puis intégra dans son œuvre. Durant cette période, Callimaque rédigea plusieurs ouvrages d’érudition en prose qui n’ont pas été conservés. De ses nombreuses œuvres poétiques, les seules qui subsistent intactes sont les six Hymnes et environ soixante et une épigrammes. Les Hymnes étaient calqués sur les Hymnes homériques, mais contrairement à ces derniers ils n’étaient pas destinés à être récités lors de fêtes. Il s’agissait plutôt d’œuvres littéraires élaborées, destinées à être écoutées ou lues par un public cultivé, amateur de récits haletants, d’imitations savantes, et parfois ironiques, de formes plus anciennes. Le premier hymne est adressé à Zeus, le second à Apollon, le troisième à Artémis, et le quatrième à Délos. Le cinquième, Pour le bain de Pallas, est écrit en vers élégiaques, contrairement aux autres qui sont en hexamètres; le sixième, l’Hymne à Déméter, raconte la terrible histoire de la faim insatiable d’Érysichton. Dans ses Épigrammes, Cailimaque joue subtilement avec les conventions de cette forme littéraire, alors relativement nouvelle. Les épigrammes qui nous parlent le plus semblent refléter les expériences et les sentiments du poète. Les autres œuvres poétiques de Callimaque ne subsistent que sous la forme de fragments, la plupart sur des papyrus découverts au xxe siècle. On y trouve les Origines, l'Hécalé, les ïambes, un poème lyrique intitulé Sur la mort d’Arsinoé et un poème élégiaque, la Victoire de Sosibios. Les Origines (en grec Aida, origines ou causes) étaient un poème élégiaque en quatre livres, long d’environ 7 000 vers. Les deux premiers livres sont d’une composition assez complexe : le poète se trouve transporté en rêve sur le mont Hélicon, où (à l’instar d’Hésiode) il reçoit l’enseignement des Muses : elles lui dévoilent les origines de tous les mythes relatifs à l’histoire, aux coutumes et aux rites religieux de la Grèce. Aucun de ces mythes, sauf un, n’apparaissent avant lui dans la littérature grecque, et ils trouveraient leur source dans des légendes locales. Ils sont écrits dans un style savant et allusif que vient égayer un humour caustique, non dénué d’un sens poétique authentique. Les troisième et quatrième livres, sans doute écrits plus tard, sont de composition différente et constituent un ensemble de «causes» séparées. Le premier et le dernier poème sont un hommage à la reine Bérénice, le dernier étant la fameuse Boucle de Bérénice (gr. Plokamos, lat. Coma). Il fut plus tard traduit en latin par Catulle dans le poème 66, qui devint à son tour le modèle de La Boucle dérobée d’Alexander Pope (1712). Les Origines furent aussi imitées par Ovide dans Les Fastes. En guise d’introduction à l’ensemble de l’œuvre, Callimaque rédigea la Réponse aux Telchines, ses adversaires, apparemment, qui minimisent son œuvre parce qu’il n’a pas écrit un long poème suivi sur un thème épique. Selon Callimaque, un petit poème est plus agréable ; en outre, Apollon en personne lui a commandé de «cultiver une muse légère » et de fouler un chemin vierge. Comme il l’aurait dit ailleurs, «les grands livres sont de grands maux », et la poésie doit viser la concision. Une tradition tardive veut que son principal adversaire ait été le poète épique Apollonios de Rhodes, qui aurait été la cible d’une invective (perdue), Ibis, plus tard traduite et adaptée pour ses propres besoins par Ovide.

Hécalé correspond à l’idée que Callimaque se faisait de l’épopée : c’est un épyllion qui comprenait peut-être mille vers (on n’en connaît que des fragments). Il conte l’histoire de Thésée qui, parti d’Athènes pour combattre le taureau de Marathon, est surpris par un orage et trouve refuge dans la cabane d’une vieille femme, Hécalé, qui lui prépare un repas frugal (peut-être la source d’un repas similaire dans la cabane de Philémon et Baucis, décrit par Ovide dans Les Métamorphoses). Lorsque Thésée revient après avoir tué le taureau, Hécalé est morte et l’on est en train de creuser sa tombe. Les ïambes, dont on n’a conservé que des fragments, sont treize courts poèmes en vers iambiques et choliambiques, qui rappellent le style mordant du poète Hipponax (VIe siècle); sur un ton satirique, Callimaque critique les mœurs littéraires de son époque. Callimaque fut un poète prolifique (on lui attribue huit cents œuvres), d’une originalité remarquable, à l’aise dans tous les genres, et qui se voulait à la fois poète et homme de goût et d’érudition. Il joua un rôle considérable dans l’évolution d’un nouveau goût littéraire qui était celui d’une société raffinée (voir hellénistique, époque). Le mélange de sensibilité, de détachement, d’élégance, d’esprit et d’érudition qui est le sien marqua profondément les poètes latins des siècles suivants, notamment Catulle, Ovide et Properce (ce dernier aimait à se dire « le Callimaque romain ») et, à travers eux, la tradition littéraire européenne.

Callimaque d’Athènes, sculpteur et graveur. Sa patrie est inconnue ainsi que les dates de son existence. Cependant, ses œuvres principales sont à situer dans les vingt dernières années du Ve s. av. J.-C. et on sait qu’il travailla à Athènes. Utilisant une technique d’un archaïsme finissant, mais classique par bien des aspects, il soignait ses œuvres dans les plus menus détails au point que, jamais content de lui-même, il en arrivait à dépasser son propos par un travail excessif. C’est par là qu’il mérita le surnom de catatexitechnos (qui épuise son art). Il s’est distingué surtout par la finesse et la grâce de l’exécution. Il travailla particulièrement les draperies. On le dit aussi l’inventeur d’un nouvel ordre de colonne, le corinthien. En tant que graveur, il cisela une lampe d’or surmontée d’un palmier de bronze, qui jouit de la plus grande réputation. Parmi les œuvres qui nous restent, on lui attribue des fragments de la frise de l’Erechthéion, les « Niké », l’une détachant sa sandale et l’autre ornant un trophée devant Athéna. On lui attribue des « Ménades » et des Lacédémoniennes dansantes (celles du musée de Berlin en seraient des copies.) Il est possible que la Venus Genitrix du Louvre soit une copie d’une de ses sculptures les plus célèbres, l’Aphrodite des Jardins que nous connaissons par l’apologie qu'en fit Lucien de Samosate (IIe s.), qui y voyait un modèle de perfection pour la beauté du visage et des mains.

 

Liens utiles