CALDWELL Erskine
CALDWELL Erskine. Romancier américain. Né le 17 décembre 1903 à Moreland (Georgia). Demier-né de la génération des écrivains américains dont les oeuvres enthousiasmèrent le public européen, et notamment français, immédiatement avant, mais surtout après la Seconde Guerre mondiale, Caldwell a appris son métier comme reporter (pour le Journal d'Atlanta), puis comme correspondant de guerre au Mexique, en Espagne, en Tchécoslovaquie, en Russie et en Chine (1938-1941), enfin à Hollywood davantage que sous les blancs frontons de l'Université de Virginie, où il séjourna comme étudiant en 1922, puis en 1925-26. Dès 1929-1930, Erskine Caldwell publie deux courts romans d'inspiration sociale, Le Bâtard (1929) et Un Pauvre type (1930), qui révèlent des qualités d'écrivain aussi remarquables que crues. (Ces deux livres ont très tôt été traduits par Maurice-Edgar Coindreau, qui faisait ainsi découvrir Caldwell aux Français dès avant la guerre). Suivirent, coup sur coup, ses deux oeuvres les plus célèbres, La Route au Tabac (1932) et Le Petit Arpent du Bon Dieu (1933), dont l'extraordinaire succès ne s'est jamais démenti, surtout après que Jack Kirkland eut mis le premier en scène à New York : la pièce fut jouée à Broadway pendant plus de sept ans (exactement 3 182 fois). Désormais, le fils du petit pasteur du Sud n'avait plus de souci (financier) à se faire. Mais il ne se fit pas non plus beaucoup de souci littéraire : les nombreux romans qui suivirent sont tous plus ou moins composés selon l'excellente formule qui avait fait le succès des premiers : sur solide fond d'indignation sociale, une bonne couche de verve rustique et beaucoup de piment gaillard. On peut néanmoins citer Les Voies du seigneur (1935); Bagarre de juillet (1940); Terre tragique (1944); Un châtelain des hautes-terres (1946) et, plus récemment, Jenny toute nue [1961], La Dernière nuit de l'été [1963] et Miss Mamma Aimée (1967). Quoique généralement jugées supérieures à ses romans aux États-Unis, ses nouvelles sont bien moins connues en France : Terre américaine [1931]; Nous les vivants (1933); Prière au soleil levant, (1935); Soleil du Sud (1938); Le Gros lot [1940]; Un petit gars de Géorgie [1943], etc. Toutes ces nouvelles ont été recueillies en 1953. Beaucoup se sont lassés d'une production par trop abondante et par trop répétitive; mais il faut reconnaître qu'il y a chez Caldwell, comme chez les meilleurs acteurs professionnels de Hollywood entre 1930 et 1960, un métier tel que même un roman tardif comme, par exemple, La Dernière nuit de l'été, est aussi bien fait et aussi divertissant qu'on peut le souhaiter. D'autre part, il convient de ne pas oublier la part qu'a jouée, dans l'oeuvre de Caldwell, le reportage nourri de critique sociale : pendant son second mariage (avec la photographe Margaret Bourke-White), il avait publié un excellent reportage sur les pauvres paysans de Géorgie intitulé Vous avez vu leurs visages [1937]. Vinrent ensuite Dites, c'est ça, les Etats-Unis ? [1941], Voyages en Amérique [1946] et A la recherche de Bisco [1965]. Gageons que le temps n'est pas loin où on « redécouvrira » le romancier Caldwell, et surtout ses six ou sept premiers livres, à coups de thèses et d'ouvrages critiques.
« J'ai dit que Caldwell n 'était pas un réaliste. Son humour nous fait penser à Dada; et quand il est si grotesque qu'il en devient sérieux, il est super-réaliste. On pourrait dire qu 'il est symboliste (si nous entendons par là un écrivain dont les intrigues sont plus intelligentes si on les interprète comme des rêves). » Kenneth Burke. ? « Il y a deux écrivains chez Caldwell, tous deux excellents et l'un presque génial dans son genre étroit. Dans la plupart de ses livres ils collaborent, mais leurs buts divergent... Je suis un romancier social, dit le premier; le second ne parle pas de ses buts, et il n'en est même pas tout à fait conscient; mais quelquefois il écarte son jumeau de la machine à écrire, et il se met à taper d'impossibles rêves pleins d'un humour débridé. » Malcolm Cowley. ? « Alors que chez Faulkner la dimension suprême est le temps, chez Caldwell c'est l'espace et ainsi on différencie très bien leur art. L'intrigue, étant essentiellement affaire d'espace, est indispensable à Caldwell. (...) Pourtant, les exigences et l'étroitesse de l'espace bouclent l'oeuvre de Caldwell, qui est plus nette et plus ferme, mais aussi plus limitée et moins importante que celle de Faulkner. Caldwell impressionne ses lecteurs, il ne les hante pas. » Léo Gurko.
Liens utiles
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- Erskine Caldwell1903-1987Né à Moreland (Géorgie), mort à Paradise Valley (Arizona).