Databac

BUGEAUD DE LA PICONNERIE Thomas-Robert, duc d'Isly

BUGEAUD DE LA PICONNERIE Thomas-Robert, duc d'Isly. Maréchal de France. Né à Limoges (Haute-Vienne) le 15 septembre 1784, mort à Paris le 10 juin 1849. Issu d'une famille noble, il s'engagea à vingt ans, fit avec bravoure les guerres de l'Empire en Espagne et en Savoie, et quitta l'armée après Waterloo avec le grade de colonel. Retiré dans ses terres de Dordogne pendant la Restauration, il rentra en activité en 1830 et réprima les insurrections parisiennes de 1832 et 1834 avant d'être envoyé en Algérie en 1836. Le traité de la Tafna, qu'il signa un an plus tard avec Abdel-Kader, et qui reconnaissait à celui-ci la possession de l'Algérie à l'exception de quelques villes, Alger, Oran, Mostaganem, etc., fut vivement critiqué en France, mais Bugeaud, nommé gouverneur général en 1840, ne laissa plus de répit à l'émir jusqu'à ce qu'il remportât sur lui et ses alliés marocains la victoire d'Isly, le 14 août 1844. Bugeaud avait été nommé maréchal de France dès l'année précédente. Administrateur autant que soldat, il n'a pas seulement su inventer une tactique militaire appropriée aux conditions de la guerre algérienne, il s'est aussi efforcé de mettre en oeuvre une colonisation par l'armée, en favorisant l'établissement comme agriculteurs en Algérie des soldats démobilises. Ses Lettres développent la doctrine de la devise qu'il avait adoptée : « Ense et aratro. » Après une expédition en Grande Kabylie, Bugeaud dut donner sa démission de gouverneur général en septembre 1847 à la suite d'un désaccord avec le ministère. Ce fut cependant à lui que Louis-Philippe fit appel en février 1848 pour faire face à la Révolution. Bugeaud se rallia japidement à la Seconde République, surtout après l'élection à la présidence de Louis-Napoléon, qui le nomma commandant en chef de l'armée des Alpes. Continuant entretemps à jouer un rôle politique, publiant des brochures contre le socialisme, il venait d'être élu député à l'Assemblée Législative lorsqu'il fut emporté par le choléra.

Bugeaud, Thomas-Robert, marquis de la Piconnerie, duc d’Isly (Limoges 1784-Paris 1849) ; maréchal français.

Le conquérant français de l’Algérie, bien qu’issu de la noblesse, est élevé en Périgord comme un paysan durant la tourmente révolutionnaire. Les lacunes de sa formation et son tempérament indiscipliné ne l’empêchent pas d’embrasser la carrière des armes au service de l’Empire. Il s’engage en 1804 dans les vélites des grenadiers de la garde, et se distingue particulièrement en Espagne, ce qui le mène rapidement au grade de colonel. Son ralliement à Napoléon pendant les Cent-Jours lui vaut de tomber en disgrâce sous la seconde Restauration et de devoir quitter l’armée. B. se retire dans sa propriété du Périgord dont il fait une exploitation modèle et adhère à l’opposition libérale. Ce n’est qu’après la révolution de 1830 qu’il revêt à nouveau l’uniforme et qu’il est élu (en 1831) député de la Dordogne, qu’il représentera jusqu’à sa mort à la Chambre où il défend une politique de protection des intérêts agricoles. Il ne s’enthousiasme guère alors pour l’expédition d’Alger, craignant une dispersion des forces françaises à son avis plus utiles en Europe. « Geôlier » de la duchesse de Berry, il réprime en 1834 l’insurrection parisienne et est tenu par le peuple pour responsable du massacre de la rue Transnonain. En 1836-1837, B. reçoit son premier commandement en Afrique. Il inflige aux troupes d’Abd el-Kader une défaite dans la région d’Oran, mais concède à l’émir par le traité de la Tafna (30 mai 1837) une souveraineté - assez floue - sur une partie importante de l’arrière-pays. En novembre 1840, il est nommé gouverneur général de l’Algérie et en 1843 promu maréchal. B. se passionne alors pour la conquête et l’occupation de son pré carré. En sept ans, il anéantit la puissance d’Abd el-Kader par une stratégie de terre brûlée et de razzia qu’il décrit lui-même à ses hommes en ces termes : « Vous ne devez pas courir derrière les Arabes... vous devez les empêcher de semer, de récolter et de faire paître leurs troupeaux », créant des colonnes mobiles, soignant la condition des troupes auprès desquelles le « père Bugeaud » devient rapidement populaire. Il obtient l’autorisation d’attaquer le sultan du Maroc, allié d’Abd el-Kader, et remporte sur son armée le 14 août 1844 à l’oued Isly une victoire décisive. B. met en place un système de gouvernement indirect exercé par les chefs indigènes, sous la tutelle des bureaux des Affaires arabes créés en 1844 et gérés par le commandement militaire français. Il s’efforce parallèlement de développer une colonisation agricole - encore que sa conception très romaine du « soldat-laboureur » ne suscite pas vraiment l’enthousiasme en haut lieu. On n’apprécie pas non plus son autoritarisme. 1847, année de la reddition d’Abd el-Kader, est aussi celle de la mise en place d’une commission d’enquête présidée par Tocqueville, qui critique les méthodes despotiques d’administration du gouverneur. B. rentre en France et reçoit au début de la révolution de février 1848 le commandement de l’armée et de la garde nationale à Paris, mais trop tard pour peser sur les événements. Une élection partielle le porte à la Constituante en automne. Candidat pressenti des conservateurs à la présidence, il se désiste en faveur de Louis Napoléon qui, une fois élu, le nomme général en chef de l’armée des Alpes. Le maréchal milite activement au service du « parti de l’ordre », jusqu’à ce que le choléra mette brutalement fin à sa carrière le 10 juin 1849.

Bibliographie : J. Meyer, J. Tarrade, A. Rey-Goldzeiguer, J. Thobie, Histoire de la France coloniale, 1991.

Liens utiles