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BROWNE sir Thomas

BROWNE sir Thomas. Né à Londres le 19 octobre 1605, mort à Norwich (Norfolk) le 19 octobre 1682. Il étudia les humanités a Winchester et à Oxford, puis la médecine à Montpellier, Padoue et Leyde, où il passa son doctorat (1634). A son retour en Angleterre, avant de se consacrer à l'exercice de sa profession, il écrivit son premier livre, Religio Medici. En 1637, il s'établit à Norwich où il passa le reste de sa vie, une vie calme et heureuse où rien ne se reflète des troubles de la guerre civile qui ensanglanta l'Angleterre, ni des fléaux qui s'abattirent sur sa ville. Il perdit bien quelques-uns de ses enfants, mais c'était chose courante à l'époque, et ceux qui lui restaient l'entourèrent d'une tendre affection; l'un même lui succéda brillamment dans la profession médicale. Son oeuvre la plus célèbre et la plus curieuse demeure la Religio Medici, déjà citée, qui connut immédiatement une telle popularité qu'elle fut traduite en hollandais, français, latin et allemand. En 1646 il publia Essai sur les erreurs populaires, où il se propose de critiquer et de rectifier les erreurs courantes, mais malgré des connaissances approfondies, sa science n'était pas exempte de préjugés : il se refuse par exemple à admettre le système de Copernic, place la terre au centre du monde, croit à la sorcellerie et à l'alchimie, et l'on prétend — mais la chose a été contestée — qu'il causa par son témoignage de médecin la condamnation à mort de deux femmes accusées de sorcellerie. Esprit religieux, voire mystique, il est frappé surtout Far les limites étroites de la science : il est auteur d'une Hydriotaphia (1658), méditation érudite sur la mort, inspirée par la découverte dans un champ d'urnes contenant des ossements, et qui s'élargit en une évocation cosmique. Si ses thèmes habituels sont ceux de L'Ecclésiaste et des sermon-naires : vanité de la gloire et de la science devant la proximité de la mort, il les renouvelle par une érudition singulière dans toutes les branches du savoir — il s'intéressait, entre autres, aux fouilles et aux antiquités — et se plaît à évoquer le passé le plus lointain de l'histoire. Citons encore de lui : Le Jardin de Cyrus, dissertation sur les quinconces, où le nombre cinq affecte une valeur mystique qui lui permet de donner libre cours à sa fantaisie, non d'ailleurs sans une pointe d'humour. ? « Étrange médecin, ennemi de la superstition, ne s'en plaisant pas moins à la sorcellerie, à la magie, à l'astrologie. Il aborda toutes sortes de sujets, divagua au hasard, à la manière de Montaigne, avec force citations à la Burton. Il est remarquable aussi par l'harmonie, la mélodie caressante de sa phrase, l'une des mieux rythmées du siècle. Passionné de musique, Browne en imprégna son style. » Nicolas Ségur.

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