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BOURBONS

BOURBONS
• D'Henri IV (1589) à Louis-Philippe Ier (1848) Quand Henri, roi de Navarre et cousin éloigné du dernier Valois, Henri III, monte sur le trône de France, la question se pose de sa légitimité. Pas seulement à cause de l’éloignement de sa parenté - les Guise, qui prétendaient eux aussi au titre, affirmaient, au même moment, descendre de Charlemagne -, mais surtout à cause de la religion d’Henri, qui était protestant. Car la monarchie, alors, était conçue comme la tête d’un grand corps politique et mystique dont les trois ordres (noblesse, clergé et tiers état) formaient des membres. Seule une union intime entre tête et corps pouvait donc assurer un fonctionnement convenable de l’ensemble, et il était très difficile de concevoir une tête protestante sur un corps catholique. On sait qu’Henri IV a levé l’obstacle en se convertissant au catholicisme. Les Bourbons, une fois parvenus au trône, s’y sont maintenus pendant deux cent vingt-sept ans sur une période de deux cent cinquante-sept ans ; la royauté ayant connu deux interruptions, de 1792 à 1814 (Ire République, Empire), et cent jours en 1815. Longue période, donc, qui a vu le pays, s’il est demeuré à peu près stable sur le plan de l’étendue territoriale, subir de très profondes modifications dans la mentalité des habitants. Il est clair que sous Louis-Philippe on ne pense plus comme sous Henri IV, ni même sous Louis XIV. A l’avènement d’Henri de Navarre, la monarchie correspond bien au principe en vigueur alors selon lequel la société est fondée sur l’inégalité et la hiérarchie : « Nature a voulu en chaque espèce une prééminence », écrit en 1597 La Bodinière dans son Traité de la majesté royale. Et d’ajouter : «.Aux astres, le Soleil ; entre les éléments, le feu ; entre les métaux,/’or[...]; entre les oiseaux, l’aigle». Si le principe n’est aucunement justifié, et en tout cas pas d’une façon bien scientifique par les exemples, il n’en est pas moins généralement admis. Le sommet de cette hiérarchie est Dieu dans l’ordre surnaturel et le roi dans l’ordre temporel. En fait, la monarchie absolue, telle qu’elle s’est exercée en France entre 1589 et 1789, est de droit divin, c’est-à-dire que le roi tient son pouvoir de Dieu et de lui seul, et n’a de compte à rendre qu’à Dieu. Mais pour autant, son pouvoir n’en est pas moins soumis à un certain nombre de règles, non écrites pour la plupart, mais très fortes et qu’il ne peut rompre. Son autorité est limitée par les lois de Dieu, celles de la justice naturelle et celles fondamentales de l’Etat (parmi ces dernières se trouvent les règles qui régissent la transmission de la couronne, «déférée au plus proche mâle», les femmes étant absolument exclues). Le monarque ne peut pas disposer de cette couronne dont il n’est que le dépositaire. Pas question donc pour lui, comme sous les Mérovingiens et les Carolingiens, de partager le royaume entre ses fils ou les membres de sa famille ; pas question non plus d’y associer un héritier comme au temps des premiers Capétiens. Le fait nouveau, c’est l’exclusion des nobles du pouvoir. Déjà, à plusieurs reprises, les rois capétiens et valois avaient essayé avec plus ou moins de succès de les tenir à distance. Mais d’une manière ou d’une autre, les princes du sang et les grands (haute noblesse) prenaient part aux conseils, agissaient par le biais des parlements, des Etats. Dès le règne d’Henri IV, le roi et son conseil, qui n’est plus qu’un prolongement de la personne royale (il est constitué de fidèles et de plus en plus orienté vers la technicité : conseillers d’Etat, commis, intendants), se trouvent directement en prise avec les sujets du royaume. Cette éviction ne se fait pas sans mal. Elle constitue une bonne partie de l’œuvre de Richelieu, cause les troubles de la Fronde, entraîne une réaction nobiliaire sous Louis XVI qui accroît le mécontentement des classes moyennes avec les conséquences que l’on sait. Au cours du xviiie siècle, la monarchie absolue va se trouver de plus en plus fermement remise en cause. Ses fondements et origines seront examinés par les «philosophes». L’idée va peu à peu gagner que le roi ne tient pas son titre de Dieu, ni de la force, mais bien de la volonté du peuple, qui lui a délégué l’exercice du pouvoir. Cette conception prévaut au début de la Révolution, quand Louis XVI devient « roi des Français ». Elle prévaudra aussi sous Louis-Philippe, dont ce sera d’ailleurs le titre, après l’échec de Charles X, qui s’était dit rappelé sur le trône par la Providence. Il faut noter par ailleurs que les Bourbons n’ont pas seulement occupé le trône de France, mais ceux d’Espagne (le très démocratique roi actuel, Juan Carlos Ier, est un Bourbon), de Parme et des Deux-Siciles.

  
Les Bourbons
8 souverains La dynastie des Bourbons accède au pouvoir dans le contexte très troublé des guerres de Religion. Pour la première fois, un prince protestant est appelé sur le trône. Henri de Navarre est le fils d'Antoine de Bourbon, lui-même descendant de Robert, comte de Clermont, fils de Louis IX. La Navarre se trouve donc rattachée à la France et la titulature désigne désormais le monarque comme « roi de France et de Navarre ». La lutte contre les huguenots demeure une priorité pour des rois comme Louis XIII et Louis XIV, ce dernier n hésitant pas à supprimer les droits précédemment cédés aux protestants par Henri IV. Les Bourbons et la branche Orléans règnent en France de 1589 à 1848, hormis l'intermède révolutionnaire et impérial de 1792 à 1814. Les monarques vont concrétiser l'idéal d'absolutisme déjà mis en place par leurs prédécesseurs. Isolés à Versailles avec leur cour, ils ne verront pas venir la Révolution. Ce fut notamment le cas de Louis XV, sous le règne duquel de nombreux intellectuels allèrent jusqu'à remettre en cause les principes de monarchie de droit divin. Malgré sa bonne volonté, Louis XVI fut à la fois trop laxiste et trop inflexible pour faire face au déferlement des idées nouvelles. L'expansion territoriale étant, dans les grandes lignes, achevée, la puissance de la France s'impose à travers une politique coloniale, moins cohérente cependant que celle menée par les Anglais. La branche française des Bourbons s'éteint avec la mort du comte de Chambord en 1883. La dynastie se maintient au pouvoir ailleurs, notamment en Espagne où elle sera instituée par Louis XIV à travers son fils Philippe V, et demeure en place jusqu'à aujourd'hui.
 BOURBON, Charles III, duc de, dit le Connétable de Bourbon (1490-1527). Comte de Montpensier, dauphin d’Auvergne (1503), il épousa sa cousine Suzanne, fille de Pierre II, duc de Bourbon, et acquit ainsi un vaste État bourbonnais. Il participa, lors des guerres d’Italie, aux batailles d’Agnadel et de Marignan (1515), où il reçut l’épée de connétable des mains de François Ier. Après la mort de sa femme qui lui avait légué tous ses biens, il refusa d’épouser la mère de François Ier, Louise de Savoie, celle-ci lui réclamant l’héritage des Bourbons. Il passa alors au service de Charles Quint et contribua largement à la défaite de la France à Pavie (1525). Après sa mort à Rome, François Ier confisqua ses domaines qui furent rattachés à la couronne. BOURBONS. Famille française dont les membres ont régné en France, en Espagne, à Naples, en Sicile, à Parme et qui tire son nom des descendants d’une famille féodale, installée en Auvergne, la seigneurie de Bourbon-1’Archambault. Les Bourbons se divisent en quatre branches. La première branche, issue de Louis, duc de Bourbon en 1327, s’éteignit en 1527. Les deux branches suivantes régnèrent sur la France de 1589 à 1792, puis de 1815 à 1830. La deuxième branche, issue du même Louis, accéda au trône de Navarre, Antoine de Bourbon ayant épousé Jeanne d’Albret. Leur fils parvint au trône de France sous le nom d’Henri IV (1589), sa lignée directe allant jusqu’à Charles X. Le dernier représentant en fut le comte de Chambord, petit-fils de Charles X, mort sans descendant en 1883. La troisième branche (celle des Bourbons-Orléans) est issue de Philippe, frère de Louis XIV et second fils de Louis XIII. Elle donna Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848. Le chef en est aujourd’hui Henri, comte de Paris. La quatrième branche des Bourbons est issue de Philippe V, roi d’Espagne, petit-fils de Louis XIV. Elle régna sur l’Espagne de 1700 à 1931, et règne depuis 1975 avec Juan Carlos Ier. La quatrième branche de la famille occupa le trône des Deux-Siciles jusqu’en 1860, celui du duché de Parme et Plaisance jusqu’en 1859. AVÈNEMENT DES BOURBONS • 27 février 1594 Même si, sur son lit de mort, son beau-frère, Henri III, l’a désigné comme successeur (août 1589), Henri de Bourbon, roi de Navarre et descendant à la dixième génération de Saint Louis, va devoir attendre avant de s’asseoir sur le trône de France. Protestant, il est récusé par la forte majorité catholique du pays. Cinq années durant, roi sans royaume, il tentera en vain de le conquérir. Aussi finira-t-il par se faire instruire « des vérités de la religion catholique », avant d’abjurer son ancienne religion, le 25 juillet 1593. S’il n’a peut-être pas dit « Paris vaut bien une messe », il l’a sans doute pensé. Toujours est-il que les oppositions vont tomber les unes après les autres et que, le 27 février 1594, Henri IV sera sacré à Chartres, inaugurant en ce jour la dernière lignée des rois de France, celle des Bourbons.

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