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BOUCHER DE CRÈVECOEUR DE PERTHES Jacques

BOUCHER DE CRÈVECOEUR DE PERTHES Jacques. Archéologue français. Né à Rethel, le 10 septembre 1788; mort à Abbeville le 2 août 1868. Erudit, écrivain, amateur d'antiquités, « accoutumé dès l'enfance à entendre parler des fossiles », Boucher de Perthes était directeur des douanes à Abbeville lorsqu'il put extraire, vers la fin de 1838, des « assises du diluvium », les premières haches « diluviennes », et publia, en 1838-1841, à Abbeville, les cinq volumes de son premier ouvrage : De la Création, essai sur l'origine et la progression des êtres. Cet ouvrage fut suivi, en 1847, par le premier des trois volumes de ses Antiquités celtiques et antédiluviennes, mémoire sur l'industrie primitive et les arts à leur origine, ouvrage où il affirmait que les outils retrouvés démontraient la très haute antiquité de l'homme, bien supérieure aux dates tirées de la Bible et généralement admises de son temps : « Dans leurs imperfections, ces pierres grossières n'en prouvent pas moins l'existence de l'homme aussi sûrement que l'eût fait tout un Louvre. » De semblables hypothèses ne pouvaient que soulever les ricanements du public et une violente hostilité de la part des officiels. Boucher de Perthes passa pour un illuminé et deux camps se formèrent parmi les savants; quelques-uns soutinrent l'audacieux découvreur mais la plupart, ayant à leur tête le secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, Êlie de Beaumont, s'occupa à réduire à néant des inductions hasardeuses qui mettaient en péril des idées jusqu'alors indiscutées. Toutefois, les découvertes se multipliaient et, en 1859, plusieurs savants éminents d'Angleterre se ralliaient au point de vue de Boucher de Perthes, dont le géologue Gyell, qui écrivit alors son ouvrage intitulé L'Ancienneté de l'homme prouvée par la géologie. L'opposition persistait malgré la publication par Boucher des deux derniers volumes des Antiquités celtiques (1860 et 1864), de la monographie Des outils de pierre, en 1865. La paléontologie humaine était fondée en tant que science (le mot fut, pour la première fois, employé par Serres, en 1853). Jusqu'à la fin de sa vie, Boucher de Perthes demeura méconnu; à sa mort même, sa famille fit mettre au pilon ses ouvrages. En 1875, Victor Meunier dans l'Histoire de l'homme fossile, racontait le martyre que dut subir le grand savant français. Le livre fut imprimé mais, au dernier moment, l'éditeur effrayé en supprima le tirage, et l'édition de cette réhabilitation ne fut publiée qu'en 1900. On a depuis rendu à Boucher de Perthes l'hommage qu'on lui devait. Outre les ouvrages d'archéologie, Boucher de Perthes fit paraître un dictionnaire alphabétique très curieux, des passions et des sensations, intitulé Hommes et choses (1851, 4 vol.), plusieurs relations de voyage, et même une tragédie : Cons-tantine (1850).

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