Boniface VIII, Benedetto Caetani (v. 1235-1303); pape [1294-1303].
Boniface VIII, Benedetto Caetani (v. 1235-1303); pape [1294-1303].
Clerc ambitieux et pape intransigeant, B. se situe dans la ligne des souverains pontifes qui, depuis Grégoire VII en passant par Innocent III, ont été les théoriciens et les artisans de la théocratie pontificale. Son échec, face à la coalition d'une partie de la noblesse romaine et du roi de France, a pu le faire qualifier de « dernier pape du Moyen Age ». Issu d'une famille de la petite noblesse du Latium, qu'il favorisera par un népotisme parfaitement usuel à l'époque, il suit de solides études juridiques avant de devenir notaire pontifical et de se voir confier plusieurs missions diplomatiques. Créé cardinal en 1291, il se taille un rôle de premier plan à la Curie sous le pontificat du faible Célestin V, qui abdique à la fin de 1294. Les adversaires de B. auront beau jeu de l'accuser d'avoir forcé la main à Célestin ; mais cet acte, encore inusuel dans la vie de l'Église romaine, a sans doute été conseillé par B., qui l'a soigneusement entouré de toutes les garanties, juridiques et cérémonielles. Sur le moment, sa validité est admise par tous et B. est le meilleur candidat au trône de Pierre ; il est élu pape le 24 décembre 1294 à Naples, avant d'être couronné à Rome le 23 janvier 1295. Comme ses prédécesseurs, avec parfois plus de succès et souvent plus de fermeté, B. impose la papauté comme médiatrice des conflits politiques qui déchirent la chrétienté. Refusant toujours le couronnement impérial d'Adolphe de Nassau (il accorde ensuite sa faveur au roi Albert), échouant dans le soutien traditionnel aux Angevins de « Sicile », difficilement maintenus à Naples (il reconnaît en 1302 le passage de l'île aux Aragonais). B. se heurte dès 1296 au roi de France Philippe le Bel, mais aussi au roi d'Angleterre, à qui il refuse de laisser lever de leur propre autorité des impôts sur les clergés nationaux (bulle Clericis laicos). À peine un compromis est-il ménagé (févr. 1297), que le pape se heurte de plein front aux cardinaux de la famille Colonna, menacés à la Curie par son autoritarisme et dans la campagne par sa famille. B. peut encore mettre à profit de bonnes relations avec le roi de France (il canonise Saint Louis en août 1297) et la pleine réussite du premier jubilé de l'histoire (1300). Mais l'entente avec le roi de France se rompt : après que le roi a arrêté un protégé de B., l'évêque de Pamiers Bernard Saisset, B. promulgue la bulle Unam sanctam, monument de la théocratie pontificale (nov. 1302). Philippe le Bel et son conseiller Guillaume de Nogaret portent la querelle sur le terrain du droit canon et font dénoncer le pape comme hérétique et usurpateur. Cherchant à prendre B. de vitesse, Guillaume de Nogaret le capture le 7 septembre 1303 (« attentat d'Anagni »). Vite libéré dans la confusion qui s'ensuit, B. regagne Rome où il décède le 11 octobre. La liquidation du pontificat est assurée par ses successeurs Benoît XI et Clément V.
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