Bonheur (thème littéraire)
1 Moyen Âge. Dans la poésie épique, le bonheur est lié à l'accomplissement du service de Dieu et du suzerain : La Chanson de Roland. Dans la littérature courtoise, il est lié au service de la dame aimée : cf. Amour, 1 a. 2 XVIe siècle. L'humanisme revalorise la notion de bonheur terrestre par opposition à celle de salut. Le problème du bonheur est revu à la lumière des morales antiques (Épicurisme, Stoïcisme, Sage, Nature, 1) : Rabelais, Gargantua (abbaye de Thélème); Ronsard, Odes, Amours; Montaigne, Essais, III, 13. 3 XVIIe siècle. a) Restent dans le courant humaniste : Molière, L'École des Femmes, Le Malade imaginaire; La Fontaine, Fables. b) Réaction hostile : Pascal, Pensées. Cf. Jansénisme. 4 XVIIIe siècle. a) Développement d'une conception nouvelle : le bonheur est le fruit des progrès de la civilisation (Civilisation, 2); il faut corriger et perfectionner la société en s'appliquant à rendre les hommes heureux (Progrès, Société, 3) : Montesquieu, Lettres persanes; Voltaire, Lettres philosophiques, Zadig, Essais sur les moeurs, Candide; Diderot, Encyclopédie. b) Tout en collaborant à cette entreprise collective, Rousseau dresse en face de cette conception la notion de bonheur par la vie naturelle et la préservation de la sensibilité, donnant ainsi au bonheur le caractère d'une aventure personnelle (Sensibilité, Moi, Rêverie) : Julie ou la Nouvelle Héloïse, Les Confessions, Les Pêveries du promeneur solitaire. 5 XIXe siècle. a) Quêtes personnelles du bonheur : - Marquées de l'influence de Rousseau (divorce entre Inaction et le rêve) : Chateaubriand, F?ené(Mal du siècle); Senancour, Oberman; Balzac, Le Lys dans la vallée; Nerval, Sylvie; Baudelaire, Les Fleurs du Mal; Fromentin, Dominique; Flaubert, L'Éducation sentimentale. - Soutenues par l'ambition et le goût de Inaction : Stendhal, Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme, Lucien Leuwen; Balzac, La Peau de chagrin, Le Père Goriot (Rastignac), Illusions perdues. - Rêve bucolique : Sand, La Mare au diable. b) Suite de l'action des philosophes humanistes du XVIIIe siècle : cf. Progrès. c) Nouvelles quêtes égotistes à la fin du siècle : Barrés, Le Culte du Moi; Gide, Les Nourritures terrestres, L'Immoraliste (disponibilité). 6 XXe siècle. a) L'idée de bonheur subit la crise qui affecte l'optimisme humaniste (Homme, 5, c, Absurde), mais reste défendue par les écrivains fidèles à la tradition humaniste (Homme, 5, a); en particulier : Giraudoux, Amphitryon 38, Intermezzo; Romains, Les Hommes de bonne volonté; Camus, Noces, Le Mythe de Sisyphe. b) Quêtes personnelles et peintures du bonheur en marge de ce débat : Alain-Fournier : Le Grand Meaulnes; Proust, À la recherche du temps perdu; Colette, La Maison de Claudine, La Naissance du jour, Sido; Giono, Un de Baumugnes, Regain, Le Chant du monde, Le Hussard sur le toit; Pagnol, La Gloire de mon père. c) Bonheur et société de consommation : Perec, Les Choses; Le Clézio, La Guerre.
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