Databac

BOÈCE

BOÈCE. Philosophe et homme politique latin (480-525) : a commencé la traduction et le commentaire latin des œuvres d'Aristote, qu'il voulait accorder avec le platonisme ; son travail s'est transmis au Moyen Âge. Accusé de complot, emprisonné, il rédigea la Consolation de la philosophie, dont les idées sont fondées sur la Providence divine, qui, seule, apporte à l'homme le vrai bonheur.

Boèce

(480-524.) Homme d'État important et philosophe. Sous le règne de Théodoric, il est consul et maître du palais ; accusé de trahison il est longuement emprisonné, puis exécuté.

♦ Boèce a pour programme de commenter tous les textes d'Aristote, puis de Platon, afin d'en montrer la convergence -ce qui est conforme à la règle des écoles platoniciennes. Il ne réalise qu'une partie de ce vaste projet, mais ses traductions et commentaires seront assidûment pratiqués au Moyen Âge, et ont un rôle capital dans la transmission de la philosophie antique. Parallèlement, ses opuscules théologiques élaborent des définitions précises de concepts (« nature », « personne », « étant »...) dont la descendance sera longue. ♦ C’est avec la Consolation de philosophie, rédigée au cours de ses années de prison, que Boèce montre le plus clairement la portée de ce qui est à retenir de la sagesse antique. Alors qu'il se lamente dans sa cellule, la philosophie lui apparaît et lui enseigne progressivement la vraie nature de l’homme, mais aussi la façon dont une Raison divine ordonne toutes choses, conformément aux doctrines issues du néoplatonisme. La fin de l’ouvrage concilie la préscience divine et le libre arbitre, en affirmant que la connaissance des choses est relative à la nature du sujet connaissant : ce qui apparaît libre dans l'homme le reste à son niveau, même si Dieu le pré-connaît. Il n'y a dans la Consolation de philosophie aucune profession de foi chrétienne ; mais Boèce a également rédigé, outre des œuvres logiques et mathématiques, de nombreux traités théologiques, notamment sur la nature de la Trinité. Sa démarche est ainsi symptomatique de la juxtaposition, encore fréquente aux Ve et VIe siècles, du christianisme et de traditions spirituelles païennes. Dans les deux domaines, Boèce fait également preuve d'un souci de rationalité qui justifie son influence sur les siècles ultérieurs.

Boèce (Anicius Manlius Severinus Boethius, v. 476-524 apr. J.-C.). Philosophe et théologien latin (chrétien), fils du consul pour l’année 487, et membre d’une famille qui avait détenu de hautes fonctions d’État aux IVe et Ve siècles. Boèce fut lui-même consul en 510 et s’attira la faveur du «roi» ostrogoth d’Italie, Théodoric (voir goths), qui conserva l’administration civile romaine en Italie et fit de Boèce son magister officiorum (chef du service administratif). Néanmoins, en 523, Boèce fut suspecté de trahison parce qu’il défendit un sénateur accusé de conspirer avec l'empereur d’orient (Byzance) ; il fut emprisonné et mis à mort en 524. Enterré à Pavie et considéré comme un martyr catholique (parce que Théodoric était arien, c.-à-d. hérétique), il fut canonisé sous le nom de saint Séverin. Son importance provient de ce qu’il est le dernier savant de langue latine de l’ancien monde à posséder une maîtrise authentique de la langue grecque. Après lui, personne en Occident n’eut une connaissance de première main de la philosophie grecque jusqu’à ce que l’on redécouvre Aristote au XIIe siècle. Au début de sa vie, le but déclaré de Boèce était de traduire et d’écrire des commentaires sur tous les écrits d’Aristote et de Platon afin d’harmoniser les deux philosophies. Il n’acheva jamais cet énorme travail, mais ses traductions et ses commentaires sur les ouvrages logiques d’Aristote, sur l’introduction de Porphyre (Isagogê) à Aristote, de même que quelques ouvrages de logique de sa plume, eurent une grande influence sur l’éducation médiévale et contribuèrent à ce que la connaissance d’Aristote ne s’éteignît jamais complètement dans le monde occidental. Ses manuels d’arithmétique, de musique, de géométrie et d’astronomie (le Quadrivium) furent également très utilisés dans les écoles médiévales (les deux premiers livres existent toujours). Survivent aussi plusieurs traités chrétiens, sur la doctrine de la Trinité et sur l’incarnation. Sa gloire littéraire repose sur le livre qu’il écrivit en prison, la Consolation de la philosophie, dialogue entre lui-même et une dame Philosophie personnifiée. Cette œuvre eut sur la pensée du Moyen Âge au moins autant d’influence que les autres. Elle se compose de cinq livres en prose où sont intercalés trente-neuf courts poèmes en treize mètres différents (métriquement exacts) dans le style de la Satire Ménippée . La Philosophie, qui chasse les Muses, vient consoler le prisonnier; elle lui rappelle les souffrances d’autres penseurs tels que Socrate, et l’incite à exposer ses difficultés. Boèce décrit l’ingratitude que son intégrité a rencontrée et se lamente sur le triomphe de l’injustice. La Philosophie lui rappelle l’inconstance de la fortune et la vanité des choses que le monde estime bonnes. Le seul vrai bien est Dieu. Boèce demande comment, sous le règne d’un Dieu bénéfique, le mal peut exister et rester impuni {Consolation de la philosophie, liv. IV) ; on lui répond au moyen d’une justification du gouvernement divin suivie par une discussion du libre arbitre. C’est un ouvrage émouvant, écrit avec le cœur, qui a fourni consolation à d’innombrables lecteurs du Moyen Âge, ainsi qu’en témoignent les centaines de manuscrits qui en existent aujourd’hui, et le fait qu’il fut traduit en plus de langues européennes qu’aucun autre livre excepté la Bible. Son ton, quoique théiste, est en grande partie païen et classique, et ignore les consolations spécifiquement chrétiennes ; elles doivent peut-être plus au stoïcisme et au platonisme. Gibbon le qualifia de «volume d’or».

BOÉCE (Anicius Manlius Torquatus Seve-rinus Boetius). Homme d’Etat, philosophe et poète latin. Né à Rome vers l’an 480 après J.-C., mort en 524. Il nous a lui-même donné un bref résumé de sa vie dans le premier livre de son plus célèbre ouvrage De la consolation de la philosophie. Il descendait de l’ancienne famille des Anicius; chrétienne depuis plus d’un siècle, elle avait rendu à l’Empire d’importants services. Son père, qui avait été consul en 487, mourut très tôt, et le jeune Boèce trouva un maître et un ami en la personne de Quintus Aurelius Symmaque pour qui il éprouva toute sa vie une profonde vénération, et dont il épousa plus tard la fille Rusticienne. Possédant une vaste culture — il avait une parfaite connaissance du grec —, il s’adonna tout d’abord à l’étude, et conçut le dessein grandiose — qu’il ne réalisa que partiellement — de traduire en latin tout Platon et tout Aristote, dans le but de montrer que les différences de leurs systèmes philosophiques ne sont qu’apparentes. Puis, il entra dans la carrière des honneurs; il y connut un rapide et singulier succès : il, fut questeur, puis consul à plusieurs reprises (510, 511), il avait à peine trente ans. Jusqu’à ce moment, il l’avoua lui-même, son bonheur fut parfait. Tenu en grande considération par Théodoric, estimé et aimé des hommes les plus illustres de son temps, dont Cassiodore et Ennodius, comblé de l’affection d’une famille idéale, envié pour sa culture et sa puissance, il semblait qu’il n’eût plus rien à désirer. Or, en très peu de temps, son sort changea; la chute fut encore plus rapide que ne l’avait été l’ascension. Après avoir défendu à Vérone, en présence de Théodoric lui-même, le sénateur Albin accusé de trahison en faveur de l’empereur de Byzance Justin Ier, il se trouva impliqué dans l’accusation, et emprisonné à Pavie, condamné à mort et exécuté au milieu des plus atroces supplices en 524. Ce fut de toute évidence une condamnation politique; mais bien vite elle prit une signification religieuse. Le condamné fut considéré comme un saint et honoré comme un martyr. En tant qu’homme politique, Boèce mérite une place dans l’histoire d’Italie, pour avoir essayé par tous les moyens de mettre d’accord et d’unir les Romains et les Goths. Seul, un brusque retour de barbarie dans l’esprit de Théodoric fit échouer sa généreuse tentative, qu’il paya de sa vie. Mais Boèce occupe une place encore plus grande dans l’histoire de la culture et de la civilisation européennes : dans l’histoire de la culture, pour avoir rendu accessibles au monde occidental les «sources grecques du savoir grâce à ses traductions de certains traités fondamentaux de philosophie (les Catégories, Sur l’interprétation et d’autres écrits sur la logique d’Aristote, et l'Isagogé de Porphyre) et des arts du quadrivium — v. Institutions —, fournissant ainsi aux savants d’indispensables instruments de recherche; dans l’histoire de la civilisation, pour avoir donné à méditer aux générations futures ce De la consolation de la philosophie, écrit en prison, qui fut, après La Bible et La règle monastique de saint Benoît, l’ouvrage le plus lu au Moyen Age. Même dépouillée des éléments légendaires qui bien vite s’y superposèrent, la figure de Boèce demeure l’une des plus significatives de la fin de la latinité. C’est à juste titre qu’elle fut choisie comme symbole du déclin d’une civilisation et du début d’une ère nouvelle, celle dont est née — après une laborieuse et féconde fusion d’éléments antiques et récents — la civilisation moderne.

Liens utiles