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BERKELEY (George)

BERKELEY (George). Évêque anglican, philosophe (1685-1753) ; il vécut surtout en Irlande ; la matière est inconcevable, toute réalité étant perçue ou percevante (immatérialisme) ; proximité et présence de Dieu. A la fin de sa vie, découvrit le néoplatonisme.

BERKELEY (George), évêque et philosophe irlandais (près de Thomas-town, Irlande, 1685 - Oxford 1753). Il fut, à Dublin, professeur de grec, d'hébreu et de théologie. Il voyagea en France, en Espagne, en Italie et partit même pour les Bermudes propager la foi chrétienne aux indigènes. Il termina évêque de Cloyne (Irlande). L'idéalisme subjectif de Berkeley, qui ramène toute la réalité du monde aux apparences que nous en avons, se résume dans la formule célèbre : esse est percipi (« l'être, c'est l'être perçu »). Ce subjectivisme, qui se réclame du simple bon sens, devait profondément troubler Kant, dans la mesure où le bon sens nous enseigne à la fois que le monde a une réalité extérieure à nous, mais qu'il est extrêmement difficile de le prouver. On lui doit Théorie de la vision (1708), Traité sur les principes de la connaissance humaine (1710), Dialogues entre Hylas et Philonoüs (1712). BERNARD (Claude), physiologiste français (Saint-Julien, Rhône, 1813-Paris 1878), professeur de physiologie expérimentale à la Sorbonne (1854), puis, en 1855, de médecine expérimentale au Collège de France. Ses travaux portèrent sur les phénomènes chimiques de la digestion, sur le système nerveux sympathique. Il a découvert, en arrêtant peu à peu toutes les fonctions organiques d'un chien, par exemple, pour ne garder, dans sa pureté, que le phénomène de la « vie », que l'on ne pouvait pas isoler ce qui relève de la physico-chimie et ce qui relève de la vie. La pensée de la vie reste irréductible; c'est celle d'une « idée directrice » qui préside aux phénomènes physico-chimiques. Auteur d'études proprement scientifiques, Claude Bernard a exposé les principes généraux de sa méthode dans l'introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865).

Berkeley

(George, 1685-1753.) Philosophe et théologien anglais né en Irlande d'une famille protestante. Se destinant à la carrière ecclésiastique, il fait ses études au Trinity College de Dublin. Il parcourt le monde et on le rencontre successivement en Angleterre, en France, en Italie et enfin en Amérique où il tente de propager l'Évangile. Revenu en Irlande, il devient en 1734, évêque protestant de Cloyne. ♦ Berkeley est d’abord empiriste. Or les sens ne nous placent pas en face d'abstractions. Par exemple, l'idée abstraite d'homme ne répond à rien, elle n'est qu'un nom, car pour me représenter un homme, je dois nécessairement envisager un homme particulier et concret, grand ou petit, etc. Le mot « homme » ne renvoie à aucune essence abstraite, il remplit simplement une fonction de signe : en tant qu'imagé concrète, il me permet d'aller à d'autres images, celles des hommes que je peux percevoir (nominalisme). Il en résulte que toute abstraction est illusoire. Berkeley refuse la distinction proposée par Locke entre qualités secondes (sensibles) et qualités premières (étendues) car tous les objets me sont donnés à la fois comme étendus et comme pourvus de qualités, qui frappent mes sens. Contrairement à Descartes, pas d'espace géométrique absolu, pas d’étendue à trois dimensions qui serait immédiatement donnée ; ni la distance ni la grandeur ne peuvent être perçues immédiatement par le regard ; elles proviennent de la liaison des sensations visuelles avec les sensations kinesthésiques. De même, l'idée de matière est à éliminer. Être, c'est, ou bien percevoir (être de l'esprit) ou bien être perçu (être des choses) ; les choses n'ont d'existence que par et dans la perception. ♦ L'immatérialisme que professe Berkeley ne signifie pourtant pas la négation de l'existence du monde extérieur, car les idées perçues, changées en choses, ont une vivacité et présentent un ordre et une stabilité qui font défaut aux fantaisies de l'imagination. Berkeley voit alors dans la perception, pénétrée d'une finalité providentielle (mes perceptions s'accordent avec celles d'autrui), l'expression d'un monde « extérieur » de nature spirituelle et, mieux encore, un langage, un « discours que Dieu tient aux hommes ». L'idéalisme immatérialiste de l'évêque anglican s'achève par un hommage rendu au Créateur.

Œuvres principales : Traité de la vision (1708-1709) ; Traité sur les principes de la connaissance (1710) ; Dialogues entre Hylas et Philonoüs (1713).

Théologien et philosophe irlandais (1685-1753). • C’est à tort qu’on identifie l’immatérialisme de George Berkeley à un idéalisme sceptique. • Certes, Berkeley nie l’existence d’une substance matérielle qui serait indépendante de nos perceptions sensibles. Pour lui, « être, c’est être perçu » : ce qui me permet d’affirmer que la table existe, c’est que je la vois et la touche. Aussi la possibilité d'abstraire des idées (comme la couleur ou l’étendue) de la réalité sensible est-elle ici récusée. • Il n’est pas question cependant de nier la réalité des objets que je perçois ; simplement, la réalité (l’être) se confond avec l’apparence (l’être-perçu). Principales œuvres : Traité des principes de la connaissance humaine (1710), Trois Dialogues entre Hylas et Philonous (1713), Alciphron ou le Pense-Menu (1732). BERKELEY George. Philosophe anglais. Né en Irlande, près de Thomastown, le 12 mars 1685, mort à Oxford, le 14 janvier 1753. Il étudia au Trinity College de Dublin où, en 1707, il devint professeur. En vue des réunions d’une société scientifique de jeunes gens, il annotait des ouvrages scientifiques et philosophiques disparates — v. Commonplace Book parmi lesquels figurait l'Essai philosophique concernant l'entendement humain de Locke; c’était l’œuvre qui représentait les courants philosophiques dominants du XVIIe siècle : le monde se compose de deux éléments, à savoir : la matière considérée du seul point de vue quantitatif, et le mouvement. En 1709, Berkeley donne l'Essai d’une nouvelle théorie de la vision dirigé contre le cartésianisme, et, en 1710, dans son traité sur les Principes de la connaissance humaine , il expose son « principe nouveau » : Esse est percepi. Il n’est pas compris par ses contemporains et il publie les Trois dialogues entre Hylas et Philonoüs, en 1712, pour expliquer ses conceptions et démontrer en quoi elles diffèrent, en dépit des apparences, de celles de Malebranche. Berkeley, entretemps, est devenu ministre de l’Eglise anglicane et prend position dans la lutte politique, défendant l’« obéissance passive » des Tories, comme le matérialiste Hobbes l’avait fait avant lui. Cette position déplut aux Irlandais et Berkeley dut émigrer à Londres. Là, il délaisse la philosophie au profit de la morale pratique, écrivant dans the Guardian une série d’essais où il ne fait aucune allusion à l’immatérialisme. En 1713, il abandonne cette activité pour devenir le précepteur ou le chapelain de jeunes Anglais de la haute société qui désirent visiter l'Italie; il y voyagera jusqu’en 1721 (à l’exception de la période 1714-16, qu’il passera à Londres). De retour à Londres, il rédige en latin un essai sur le mouvement, pour un concours de l’Académie des Sciences de Paris; il y fait bon marché de ses précédentes théories, et y admet l’existence de la pensée comme de la matière. Ensuite, nouvelle volte-face, Berkeley se jette dans la polémique religieuse, il attribue tous les maux de son pays a l’incrédulité, et, pour y remédier, se fait missionnaire, et part pour les Bermudes. Il reste trois ans là-bas, mais ses projets échouent, il ne fondera pas le collège missionnaire dont il rêvait. De son passage en Amérique, il rapporta l'Alciphron, une série de dialogues contre la libre pensée. Deux ans après son retour en Grande-Bretagne, il publie sa Théorie de la vision ou Revendication d’un langage visuel, par laquelle il donne sa forme définitive à sa philosophie de jeunesse, dont il écarte l’immatérialisme qui, vingt ans auparavant, constituait l’un de ses arguments fondamentaux. Pendant ce. temps, il gravissait les échelons de la hiérarchie ecclésiastique, et, en 1734, il est nommé évêque de Cloyne (Irlande). La défense des intérêts de son diocèse l’amena à défendre les intérêts des Irlandais opprimés par l’Angleterre en des articles politiques et économiques, puis, durant la famine et l’épidémie de peste qui sévirent entre 1739 et 1741, il se dévoua aux malades qu’il essaya de soigner avec de l’eau de goudron, remède dont il espéra des résultats miraculeux pour d’autres maladies et qu’il tenta d’expliquer par une suite de réflexions philosophico-scientifiques publiée trente-deux ans après l’élaboration du système philosophique qui avait occupé sa jeunesse et en nette opposition avec lui (1746). Six ans après, en 1752, Berkeley, âgé et malade, renonça à l’épiscopat et se retira à Oxford où il mourut.


♦ « Berkeley a été un des plus profonds écrivains qui aient défendu le christianisme... [il] est le dernier qui ait prétendu, par cent sophismes captieux, prouver que les corps n’existent pas... De sorte que, selon ce docteur, dix mille hommes tués par dix mille coups de canon ne sont, dans le fond, que dix mille appréhensions de notre entendement; et quand un homme fait un enfant à sa femme, ce n’est qu’une idée qui se loge dans une autre idée, dont il naîtra une troisième idée... Le paradoxe de Berkeley ne vaut pas la peine d’être refusé.» Voltaire. ♦ «Si j’ai moi-même donné à ma théorie le nom d’idéalisme transcendantal, cela ne peut autoriser personne à le confondre avec l’idéalisme empirique de Descartes... ou avec l’idéalisme mystique et extravagant de Berkeley (pour lequel, ainsi que pour d’autres chimères de la même espèce, notre critique renferme précisément l’antidote spécial).» Kant. « Berkeley est le premier philosophe qui ait critiqué avec vigueur la notion de matière; il a fait faire un grand progrès à l’idéalisme, en montrant combien de confusions renfermait cette idée de matière, si universellement acceptée. Après lui, aucun penseur digne de ce nom n’a pu s’occuper de l’existence objective des choses sans tenir compte de ses travaux.» Georges Fonsegrive. ♦ «Ce que l’idéalisme de Berkeley signifie, c’est que la matière est coextensive à notre représentation; qu’elle n’a pas d’intérieur, par de dessous; qu’elle ne cache rien, ne renferme rien; qu’elle ne possède ni puissances, ni virtualités d’aucune espèce: qu’elle est étalée en surface et qu’elle tient tout entière, à l’instant, dans ce qu’elle donne. Le mot « idée » désigne d’ordinaire une existence de ce genre, je veux dire une existence complètement réalisée, dont l’être ne fait qu’un avec le paraître, tandis que le mot « chose » nous fait penser à une réalité qui serait en même temps un réservoir de possibilités : c ’est pour cette raison que Berkeley aime mieux appeler les corps des idées que des choses. » Henri Bergson. 1911. ♦ «Le plus fameux des idéalistes, Berkeley, et un des plus fous, était un évêque, à qui le dîner venait tout fait; et le plus fort, c’est que cet évêque alla en Amérique pour une mission à fonder, ne réussit point, et revint, toujours doutant de la rugueuse existence des choses; mais c’est qu’aussi il fut porté par un navire où il n’était point matelot; et son travail d’évêque était de persuader par des paroles. Aussi se persuada-t-il lui-même, par des paroles, que ce monde des choses n ’est pas un monde de choses. Cet exemple fait caricature; mais combien d’hommes ignorent que les choses n’attendent point et n’ont point de pitié. » Alain.

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