BACHELARD : L'IMAGINATION, EXPÉRIENCE DE L'OUVERTURE
BACHELARD : L'IMAGINATION, EXPÉRIENCE DE L'OUVERTURE
Mais l'imagination n'est-elle réellement qu'une source d'erreur et de fausseté ? N'est-elle pas aussi, en tant du moins qu'elle est créatrice et non simplement reproductrice, une faculté d'invention, une libre échappée hors du monde réel immédiatement donné ? C'est ce que souligne ici Bachelard.
« On veut toujours que l’imagination soit la faculté de former des images. Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images. S’il n'y a pas changement d'images, union inattendues des images, il n’y a pas imagination, il n'y a pas d'action imaginante. Si une image présente ne fait pas penser à une image absente, si une image occasionnelle ne détermine pas une prodigalité d'images aberrantes, une explosion d'images, il n’y a pas imagination. Il y a perception, souvenir d’une perception, mémoire familière, habitude des couleurs et des formes. Le vocable fondamental qui correspond à l'imagination, ce n'est pas image, c'est imaginaire. La valeur d'une image se mesure à l’étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l'imaginaire, l’imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l'expérience même de l’ouverture, l'expérience même de la nouveauté. Plus que toute autre puissance, elle spécifie le psychisme humain. » Bachelard, L’Air et les Songes, p. 7.
ordre des idées
1) Une remarque critique : L’imagination (= « action imaginante » ou imagination créatrice) n’est pas une « faculté de former des images » (= action imageante ou imagination reproductrice), celle-ci relevant de la perception, mais de transformer, de changer les « images premières » (celles de la perception). . 2) Explication : L'imagination crée de nouvelles et mutiples images (par déformation, association, combinaison, etc.) à partir de celles fournies par la perception. 3) Une conséquence : l'imagination est par là même une « ouverture » sur un monde original (l'irréel) que l'esprit invente lui-même (et donc une manifestation de sa liberté).
Liens utiles
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