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Aspect (nom masc.)

L’aspect désigne la manière dont une action s’accomplit. La valeur d’aspect d’un temps est indépendante de sa valeur temporelle; elle s’y superpose.
Exemples 1. Nous entrons dans un gourbi, un café paraît-il. Vingt marchands nous y pressent. (Albert Londres, Pêcheurs de perles.) 2. Une dernière rumeur monta du «Bonheur des dames », l'acclamation lointaine d'une foule. Le portrait de madame Hédouin souriait toujours de ses lèvres peintes. Mouret était tombé assis sur le bureau, dans le million qu'il ne voyait plus. (Émile Zola, Au bonheur des dames.)
Commentaire Le présent de narration permet de rendre plus vivante une action passée (ex. 1). L’imparfait insiste sur la durée, la répétition d’une action passée, considérée comme inachevée. Le passé simple permet de noter une action ponctuelle ou achevée dans le passé. Les temps composés (ici, le plus-que-parfait) insistent sur les résultats présents d’actions passées (ex. 2).


Aspect. Notion linguistique qui relève de l’énonciation et désigne la manière dont le locuteur, le sujet parlant, envisage le déroulement du procès. Ainsi, l’opposition entre il chanta et il chantait n’est pas une opposition temporelle, puisque le verbe renvoie dans les deux cas au passé, mais une opposition aspectuelle, le passé simple marquant l’accompli tandis que l’imparfait marque l’inaccompli. L’aspect est lié au lexique : par exemple des verbes comme sortir ou entrer, qui renvoient à des actions nécessairement bornées s’opposent à des verbes comme marcher ou courir qui renvoient à des actions qui peuvent se continuer indéfiniment. Il est également lié aux terminaisons des verbes. Les principaux aspects sont le perfectif (et son contraire l’imperfectif) qui désigne le fait que l’action est ou non bornée en elle-même {sortir est perfectif et marcher imperfectif), l’accompli (et son contraire l’inaccompli) qui désigne le fait que l’action est ou non achevée (le passé simple est accompli, l’imparfait est inaccompli). En français plusieurs périphrases verbales marquent des aspects moins généraux, comme celles qui indiquent le début de l’action (aspect inchoatif) : se mettre à, sa fin (terminatif) : finir de; des adverbes comme de nouveau, encore, ou le préfixe re marquent la répétition (aspect itératif). Catégorie grammaticale, l’aspect intéresse le critique en ce qu’il traduit le plus souvent un choix du locuteur. Si certaines actions ou la situation de certains événements dans la chronologie déterminent en partie l’aspect, il résulte en effet de la subjectivité du locuteur. Ainsi, c’est lui qui opposera:

Ce jour-là, à l’Opéra chantait la cantatrice et : Ce jour-là à l’Opéra chanta la cantatrice. Dans les deux cas, les événements sont situés dans le passé, mais le passé simple le présente comme accompli, et l’imparfait comme ouvert. L’imparfait se rencontrera alors plus volontiers dans un début de texte où il fonctionnera comme annonce de la suite et le passé simple dans le corps d’une série narrative. Il existe ainsi des affinités entre les aspects et certaines catégories narratologiques. La liaison de l’imparfait avec la description en est un exemple bien connu.

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