ART

ART. n.m. ♦ 1° Sens général. Activité humaine soumise à des règles et ayant pour but de produire un résultat déterminé (une réalité) ; se distingue donc : a) de la nature ; b) de la science ; c) du jeu ; d) de la morale. C’est le sens du terme tekhnê d’Aristote (ex. : Méta. A, 1, début) : faculté de produire secondée par la raison ; c’est une poïêsis, alors que la praxis est l’activité qui a sa fin dans l’acte, et non pas dans un objet extérieur (être juste est une activité de la praxis, faire un chef-d’œuvre est une activité de la poïêsis, c’est-à-dire ressortit à l’art). De ce sens général découle le terme «artisan». ♦ 2° Les «arts libéraux» («sept arts»). Au Moyen Âge, désignaient les disciplines enseignées dans la faculté des Arts, qui, avec la faculté de Théologie constituait l’Université ; comprenaient le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et le quadrivium (arithmétique, musique, géométrie, astronomie). Ces disciplines préparaient aux «professions libérales». Le centre en était la sagesse, ou philosophie. ♦ 3° Arts mécaniques. Arts de l’ingénieur (École centrale des arts et manufactures ; École des arts et métiers) ; ce sens est synonyme de «technique» (que l’on retrouve dans École polytechnique). ♦ 4° Beaux-Arts. Ceux dont le but est la production d’une belle œuvre : peinture, sculpture, gravure, architecture, art décoratif (Académie des beaux-arts ; École des beaux-arts) ; ♦ 5° Aujourd’hui, le mot «art» a pris le sens particulier qui le limite au domaine de l’esthétique : production d’une œuvre belle. De ce sens découle le mot «artiste». ♦ 6° D’où, habileté, grâce, dans la réalisation d’une œuvre quelconque ou de mouvements, ou même de raisonnements («une belle démonstration») ; de là des expressions telles que l’art de plaire, l’art de mentir, etc. ♦ 7° «L’art pour l’art». «Nous croyons à l’autonomie de l’art ; l’art pour nous n’est pas le moyen, mais le but ; tout artiste qui se propose autre chose que le beau n’est pas un artiste» (Théophile Gauthier, l’Artiste) ; programme du Parnasse, repris dans le célèbre poème «l'Art» (Émaux et Camées). — De cette affirmation de l’autonomie de l’art peut ensuite découler la thèse selon laquelle le but esthétique justifie tout ce qui y conduit, et, par exemple, que l’art est supérieur à la morale (justification donnée d’ordinaire pour les spectacles, films, etc. immoraux). — Mais c’est là confondre autonomie et indépendance.