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ARENDT Hannah (1906-1975)

 

ARENDT Hannah (1906-1975) Né à Hanovre dans une famille de juifs éclairés, elle fut élève de Heidegger (dont elle fut aussi la maîtresse) et de Jaspers. Les circonstances de son existence furent les objets mêmes de sa réflexion : juive allemande elle a fui le totalitarisme îles Origines du totalitarisme) et s'est réfugiée aux États-Unis où elle devait réfléchir sur la nature de la démocratie consumériste (La Crise de la culture}. Sa critique de la modernité politique s'inspire à la fois de la pensée heidegge-rienne de la technique et de la pensée antique. Comme journaliste, elle rendit compte du procès du nazi Eichmann, organisateur de la solution finale : elle développa à cette occasion l'idée selon laquelle le mal bureaucratique, le « mal banalisé », est lié à l'absence de pensée (Eichmann à Jérusalem).

Arendt (Hannah, 1906-1975.)

Initiée très tôt à Kant et Kierkegaard, elle fait ses études entre 1924 et 1929 à l'Université de Marbourg, suit les cours de Husserl et termine sa thèse sur Le Concept d'amour chez Augustin. C'est alors qu'elle rencontre Jaspers et Heidegger : l'amour qu'elle lui apporte insuffle à ce dernier un « penser passionné », mais il ne peut durer. Arendt consacre alors ses recherches à la figure de Rahel Varnhagen. La vie d'une Juive allemande à l'époque du romantisme, mais l'arrivée des nazis au pouvoir la contraint à l’exil. En France d'abord, où elle rencontre R. Aron, Koyré, J. Wahl et suit les cours de Kojève sur Hegel - mais elle travaille pour des organisations anti-fascistes et diffère à l'époque les discussions philosophiques ; puis, après son évasion du camp de Gurs où elle est internée en 1940, aux États-Unis, dont elle ne devient citoyenne qu’en 1951, l'année même où paraît Les Origines du totalitarisme, initialement pensé comme une étude sur l'antisémitisme et l'impérialisme. L'ouvrage s'achève sur une condamnation d'un monde abritant « le mal radical » - mais les années postérieures sont consacrées à restaurer ce qui peut constituer la dignité humaine dans la faculté de jugement et dans l' « être ensemble avec soi-même ». S'il s'agit d'une part de savoir ce qu'est l'« être juif », il s’agit en même temps de lier l'activité philosophique à l'actualité du monde : dans ses articles, Arendt s'intéresse à la guerre du Vietnam et au Pentagone, à Mai 1968 et à Nathalie Sarraute. Hostile aux nationalismes, elle en appelle volontiers à une fragmentation du pouvoir et aux vertus initiales du politique (de la polis grecque), trop souvent bafouées par la politique du siècle : le citoyen authentique doit participer activement à la vie publique, et non se contenter d'obéir aux ordres du pouvoir(comme l'ont fait les bourreaux nazis). Il doit agir dans le présent, sans prétendre « faire l'histoire », car nul ne peut connaître à l’avance la fin réelle des actions entreprises, dans la mesure où l'action humaine est imprévisible.

ŒUVRES : Le Système totalitaire, Sur l'antisémitisme, L’Impérialisme (1951 - il s’agit des trois parties, séparées en traduction française, des Origines du totalitarisme) ; Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal (1963) ; Penser l’événement (articles rédigés entre 1944 et 1975) ; H. Arendt - K. Jaspers, Correspondance 1926-1969.

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