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allocution

L’allocution est une figure macrostructurale : elle n’est pas attachée à la spécificité de tel ou tel mot. Elle consiste en ce que, dans le discours, apparaît une prise à partie par une adresse de parole du locuteur à un interlocuteur qui n’existe pas, même fictionnellement : c’est donc soit soi-même, soit un être absent ou inanimé, soit une entité, soit une pure abstraction. La figure d’allocution ne sert qu’à renforcer la vivacité de l’expression. Ex. :
À ce rapprochement sacrilège de deux noms inégaux je vois d’ici le prince des prêtres déchirer sa robe. Épargnez-vous cette dépense, ô prince des prêtres ! (Bernanos, La Grande Peur des bien-pensants)
Le locuteur (l’auteur du pamphlet) ne s’adresse nullement au pape, mais continue sa réflexion politique à l’adresse de ses lecteurs, qui sont exactement les mêmes que dans la première phrase citée, pour dire à peu près : « ce geste serait complètement inutile », ce que l’allocution permet d’exprimer avec beaucoup plus de violence. L’allocution a aussi constitué, dans la culture traditionnelle, l’un des exercices majeurs pour l’apprentissage de la rhétorique. Elle peut être considérée sous cette pratique comme une figure macrostructurale de second niveau, c’est-à-dire comme un lieu. Elle définit en effet alors un type de propos précisément codé, qui tient une sorte d’intermédiaire entre le discours dialogué et le discours descriptif.

=> Figure, macrostructurale, niveau, lieu; oratoire, exercice; exclamation, apostrophe, interrogation; dialogisme, prosopopée, description; personnification.


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