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ALEXANDRIE

ALEXANDRIE. (École d’). La ville d’Alexandrie, dans le delta du Nil, fut fondée en 332 av. J.-C. par Alexandre le Grand. Aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., elle fut le grand foyer de la civilisation hellénistique, posséda la bibliothèque la plus célèbre du monde antique (700 000 volumes). Elle fut, lors de la Diaspora, la plus importante ville juive du monde ; aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., les influences réciproques du judaïsme et de l’hellenisme provoquèrent la traduction grecque des livres sacrés des juifs (l'Ancien Testament), version qui correspond à l’état du texte à cette époque, et qui est ainsi préférable au texte dit massorétique (mis au point du VIe au XIIe siècles, et témoignant de polémiques antichrétiennes). L’alexandrinisme est un courant philosophique qui naquit dans cette ville au IIIe siècle av. J.-C. ; Philon en exprima les idées essentielles. C’est au IIIe siècle de notre ère, avec Plotin, que l’École d’Alexandrie devint illustre, et c’est surtout la pensée plotinienne que l’on vise quand on parle de l’École d’Alexandrie. — Les successeurs de Plotin, et d’abord Porphyre, développèrent certaines des thèses de l’École. Aux Ve et VIe siècles, les derniers représentants furent Proklos (encore appelé Proclus) à Athènes, et Damascius (à Alexandrie), qui commentèrent les œuvres de Platon et de Plotin ; sur certains points, touchant surtout aux problèmes religieux, ils modifièrent les théories plotiniennes. — À cette même époque (ive et Ve siècles), le chef de l’Église d’Alexandrie joue un rôle considérable ; ainsi, saint Athanase est un champion de l’orthodoxie contre l’arianisme.

Alexandrie, ville d'Égypte, sur la Méditerranée, fondée par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., près du village égyptien de Rhacotis et face à l'îlot de Pharos. Elle fut bâtie par Dinocratès, sur un plan orthogonal. Devenue la plus opulente cité de l’Antiquité et un des plus riches entrepôts de la Méditerranée, elle compta jusqu'à 600 000 habitants. L’île de Pharos, située à peu de distance du rivage, et déjà mentionnée dans l'Odyssée, fut rattachée à la ville par une jetée, l'Heptastadion, formant ainsi deux ports : à l’est le Grand Port, à l’ouest la darse appelée Eunostos (« la bonne navigation »). Les Lagides se firent construire une suite de magnifiques palais au-dessus de la mer, le Brouchion, qui dominait le Grand Port. Le corps d’Alexandre le Grand, embaumé, fut transporté de Babylone à Alexandrie et conservé dans un monument, le Soma. Les Lagides, et en particulier les deux premiers souverains de la dynastie, en firent un brillant centre de culture où se brassèrent les idées venues de toutes les parties du monde antique, apportant une révolution dans les conceptions de l’hellénisme, au point que la période qui suivit la mort d’Alexandre le Grand est souvent appelée « alexandrine ». Le long de la grande avenue longitudinale qui traversait la ville d’est en ouest, se déployaient les façades des temples et des monuments publics. Parmi ces derniers, le plus important était le Musée, qui devint une pépinière de savants et de poètes, qui firent évoluer d’une manière spectaculaire la science grecque, avec sa Bibliothèque où étaient réunis tous les ouvrages connus du monde antique. Par ailleurs, en relation par des canaux et les bras du Nil avec les ports de la mer Rouge, Alexandrie devint l’un des plus importants centres de commerce de l’Antiquité, les vaisseaux marchands des Lagides allant jusqu’en Inde drainer les richesses de l’Asie. Les ateliers des artisans alexandrins faisaient preuve d’une intense activité et d’une grande originalité, exportant vers le monde hellénique et la Méditerranée occidentale toutes leurs richesses : vases en pierres rares, bijoux, tissus, armes, camées, un monde nouveau d’objets d’art, qui vont fortement influencer l’art impérial romain. En 30 av. J.-C., les Romains se rendirent maîtres de l’Égypte, ce qui n’empêcha pas la ville de continuer de s’enrichir et de rester un vivant foyer intellectuel jusqu’à la fin de l’Antiquité, produisant l’une des plus grandes écoles de philosophie de l’Antiquité, le néo-platonisme.

Ville d'Égypte fondée en 332/31 av. J.-C. par Alexandre le Grand, à l'emplacement d'un village de pêcheurs nommé Rhakotis, sur une bande de terre séparant la mer Méditerranée du lac Maréotis, aujourd'hui Mariout. Son premier architecte, Deinocratès, lui donna la forme d'un parallélogramme long de 5 km environ et d'un pourtour de 20 km. Une enceinte continue enfermait la ville divisée par des rues se coupant à angles droits. Elle possédait deux ports, l'Eunostos à l'O., le Grand Port au N., séparés par la digue de l'Heptastadion qui reliait le continent à l'île de Pharos. Le quartier le plus magnifique, appelé Basileia puis Bruchion, s'étendait à l'E. du Grand Port et sur la presqu'île de Lochias. On y trouvait les palais des Ptolémées, le Musée, le mausolée d'Alexandre le Grand, le temple de Poséidon et le grand théâtre. Le Sérapéion, ou temple de Sérapis, se trouvait au S.-O. de la cité, près du quartier égyptien qui conservait l'ancien nom de Rhakotis. Le Phare, une des sept merveilles du monde, avait emprunté son nom à l'île de Pharos. Il s'est écroulé en 1303 à la suite d'un tremblement de terre. Les fouilles récentes ont permis d'en retrouver et identifier des éléments. À la mort d'Alexandre le Grand (323), Ptolémée Ier Sôter, fondateur de la dynastie des Lagides, reçut l'Égypte et choisit Alexandrie comme capitale. Il fonda certainement la célèbre Bibliothèque qui, au fil des règnes, posséda 700 000 volumes manuscrits. La Bibliothèque était proche du Musée (v.) qui regroupait les activités d'une université et d'une académie. Le dernier souverain de la dynastie lagide fut Cléopâtre VII qui se suicida avec Antoine en 30 av. J.C. L'Égypte fut déclarée province romaine et Alexandrie devint le siège d'un préfet romain. Son rôle intellectuel était cependant loin d'être fini. Depuis le IIIe s. av. J.-C., elle ne cessa d'être la ville des astronomes et des mathématiciens : Archimède, Euclide, Hipparque et Claude Ptolémée. La ville des philosophes aussi : Philon d'Alexandrie († vers 40 de notre ère) y ébaucha une synthèse entre la pensée juive et la pensée hellénique. L'école néoplatonicienne y fut fondée au IIIe s. apr. J.-C., dont les représentants les plus éminents furent Plotin, Porphyre et Jamblique. Le christianisme y aurait été introduit par l'évangéliste Marc et, dès le IIe s., les chrétiens y auraient été nombreux. Son évêque Athanase fut, au IVe s., le défenseur de l'orthodoxie contre l'hérésie arienne. Prise par les Perses en 616, Alexandrie passa sous domination arabe en 642. La fondation du Caire en 969 fut le début de son déclin politique et intellectuel. Mais elle demeura durant tout le Moyen Âge le principal carrefour commercial des pays méditerranéens avec l'Arabie et l'Inde. Les grandes découvertes et l'occupation turque lui furent fatales. À la fin du XVIIIe s. elle ne comptait plus que 6 000 habitants. Sous Méhémet-Ali (v.) elle redevint un des principaux ports du commerce et l'ouverture du canal de Suez lui fut bénéfique. Actuellement, la ville connaît un développement rapide et les travaux d'urbanisation sont l'occasion d'y pratiquer des fouilles archéologiques de sauvetage.

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