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Alain Bosquet

Né à Odessa en 1919, Alain Bosquet (Anatole Bisk) passe son enfance et fait ses études en Belgique. Mobilisé en 1939, il rejoint les Etats-Unis en 1941. Engagé en 1943, il appartient au G.Q.G. allié en Angleterre, puis de 1945 à 1951, il est chargé de mission au Conseil de contrôle quadripartite à Berlin. En 1951, il s’installe à Paris et depuis mène une double activité de critique /Combat, le Monde, etc.) et d’écrivain. « Toute origine est déchirure ; / et. chaque lieu, métamorphose. » Ces vers ont la simplicité lapidaire des sentences sacrées. Mais Alain Bosquet qui les a écrit dans le Livre du doute et de la grâce où il questionne les grandes cosmogonies, est lui-même l’homme des déchirures secrètes et l’écrivain des constantes métamorphoses. Russie, Belgique, Amérique, Angleterre, Allemagne, France : il est l’homme qui cherche son lieu et à qui le monde se révèle dans les horreurs de la guerre, les conflits idéologiques, les affrontements du cœur et de la raison. De cette traversée de l’Histoire comme de son aventure intellectuelle personnelle (solitaire hanté par l’amour, sceptique fasciné par la mystique, rêveur prenant le parti des choses) tous ses livres portent la trace : « Je suis seul, je suis seul, c’est l’heure des tempêtes / Les mots à qui je parle ont peur de me parler. / La nuit m’entoure, je m’accroche à ma planète. » dit-il dans Premier Testament. Et dans le Quatrième : « Je suis né de la guerre civile / et la guerre civile est en moi » ; ou encore : « de part et d’autre de l’atome / resterons-nous humains ? » Romancier, la dérision de la guerre qui était manifeste dans la Grande Eclipse en 1952, Bosquet la reprend, l’amplifie en 1975 dans les Bonnes Intentions où les jeux du réel et de l’idéal remettent en question toute idée de cause juste. Les écrivains ou les peintres apparaissent dans ses romans (Un besoin de malheur, la Confession mexicaine, Un amour bourgeois} connaissent les douloureuses contradictions de la carrière et de la création, de l’art et de la sincérité. Ainsi, de ses déchirures, son ironie et son scepticisme sont à la fois les masques et les révélateurs. Quant à ses métamorphoses, liées au changement de lieux ou d’expression (la critique, l’essai, le poème, le roman) elles sont aussi bien fuite et renaissance, signes de la discontinuité dans l’espace et de la permanence dans la parole. Et si lui-même s’affirme pluriel et dit : « nous vivons pour l’échange », il sait à partir de quelle solitude peut avoir lieu la rencontre : « Nous traduisons; qui voudra nous traduire ? »

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