Databac

ABÉLARD

ABÉLARD. Philosophe et théologien français (1079-1142). Célèbre par son amour pour Héloïse (l’oncle de celle-ci, Fulbert, le fit émasculer). — Ce fut surtout un dialecticien subtil. Dans la Querelle des Universaux, il se réfère à Aristote et considère que l’idée générale, c’est l’aptitude du mot à signifier les choses d’une certaine classe (par exemple, le mot « homme » a pour fonction de désigner les individus réels que sont les hommes) ; cette aptitude du mot, c’est son sens. Il prépare ainsi le conceptualisme de saint Thomas d’Aquin. Combatif, passionné, il chercha à interpréter rationnellement certains dogmes (par exemple la Trinité) et tomba dans des erreurs qui furent condamnées par l’Eglise ; cependant, il ne fut jamais hérétique ; « Je ne veux pas être un Aristote pour me séparer du Christ, car il n’y a pas d’autre nom sous le ciel dans lequel je puisse me sauver... » (Le passage souligné reprend une affirmation de l’apôtre saint Pierre devant le tribunal juif du Sanhédrin, peu après la résurrection : l’apôtre, sommé de ne plus prononcer le nom de Jésus-Christ, se tient pour obligé d’obéir à Dieu [Actes 4, 12]). Sa fidélité au Christ n’empêchera pas Abélard de se consacrer à l’œuvre d’Aristote, alors encore mal connue, et par là-même déformée ; ce travail sera poursuivi pendant un siècle, et mené à la perfection par saint Thomas d’Aquin.

ABÉLARD Pierre 1079-1142 Philosophe, poète et musicien, né au Pallet, près de Nantes. De l’œuvre du philosophe, aucun livre n’est parvenu à sortir de l’étroit domaine des spécialistes ; mais la méthode de « confrontation » des textes sacrés ou traditionnels proposée par lui en 1130 dans Le Pour et le contre (et jugée alors condamnable) inaugure, en France, une attitude d’esprit déjà relativiste et tolérante, qui sera adoptée avec joie au siècle des Lumières (voir, par exemple, aux articles « Bayle » et « Fontenelle »). Quant au poète et au musicien, le disque nous a fait entendre récemment ses œuvres, en particulier ses hymnes. (Ses chants d’amour n’ont pas été encore retrouvés.) On nous parle parfois à mots couverts dans les classes, à l’occasion de la Ballade des dames du temps jadis, de ce cruel épisode (décrit en mots propres, pourtant, par Villon ci-après) de «[...] la très sage Héloïs / Pour qui fut châtré, et puis moine / Pierre Abeilart à Saint-Denis » (la version scolaire, censurée, dit « pour qui fut châtié »). Ce sont les proches d’Héloïse (nièce du chanoine Fulbert) qui furent les instigateurs de l’émasculation en question ; Héloïse sera encouragée par Abélard à entrer dès lors dans un couvent, comme lui-même ; et c’est d’un couvent à l’autre qu’ils échangent - en latin - ces lettres chaleureuses ou parfois douloureuses, plus naïves et pressantes chez Héloïse, plus raisonnables, plus détachées du côté d’Abélard, comme s’il souhaitait contenir, ou détourner de son but trop « terrestre », un élan passionné qui semble lui faire presque peur. Si bien qu’Héloïse, frustrée sur le terrain de l’amour verbal également, se résout peu à peu (Lettre V, en particulier) à tempérer l’expression de son ardeur et à ne plus attendre d’Abélard qu’une « direction ». Ces amours malheureuses ont donné lieu d’autre part à plus d’une allusion littéraire. Et Jean-Jacques Rousseau sous-titrera sa Julie (qui est le roman, par lettres, d’un amour impossible) : La Nouvelle Héloïse, surnom qui a survécu de nos jours à la première dénomination.




Abélard (Pierre, 1079-1142.) Philosophe français. Il se consacre très tôt à l'étude de la logique et au commentaire des Écritures. Installé à Paris, il attire un grand public à ses cours, mais son mariage secret avec Héloïse s'achève par son émasculation sur ordre du chamoine Fulbert. Il entre alors en religion à Saint-Denis (1118), mais continue à enseigner. Sa Théologie est condamnée en 1121, elle le sera à nouveau, dans sa dernière version, en 1140, après qu'Abélard aura vécu des années d'errance. ♦ Hostile à toutes les formes de réalisme, Abélard affirme que les universaux ne peuvent être des choses, ces dernières étant en effet singulières. L'universalité n’appartient donc qu'aux mots, et ce qu'énonce une proposition désigne, non une chose, mais une manière d'être des choses. En herméneutique comme en morale, Abélard souligne avant tout l'importance de l’intention : un terme change de sens selon celui qui l'utilise. En théologie, Abélard essaie d'élaborer des modèles logiques qui montrent que l'affirmation d'un dogme n'implique pas d'absurdité. L'ensemble de sa réflexion est ainsi déterminé par une attention à la logique et à la grammaire, tandis qu'il ignore, de son propre aveu, les mathématiques ou les sciences naturelles. Aussi son œuvre est-elle à la fois précise et incomplète : de son vivant, elle est attaquée par les autorités, alors même qu'elle s'inscrit à l'intérieur de la tradition. Œuvres : P. Abélard, Œuvres choisies, présentées par M. de Gandillac (1945).

Liens utiles