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Winston Churchill

Winston Churchill (1874-1965). Entré jeune en politique, il fut successivement conservateur, libéral, puis de nouveau conservateur. Après une longue carrière ministérielle (Premier Lord de l’Amirauté de 1911 à 1915, chancelier de l’Échiquier ou ministre des Finances de 1924 à 1929 et à ce titre responsable de la revalorisation de la livre). Il n’exerça aucune responsabilité gouvernementale de 1929 à 1939. Hostile à toute politique d’apaisement à l’égard d’Hitler, il ne revint au pouvoir qu’en 1939. Premier ministre de 1940 à 1945, il assuma la conduite de la guerre. Il perdit les élections de 1945 et défendit alors des thèses prônant l’union des pays anglo-saxons face à l’Union soviétique ainsi que la coopération européenne. Il fut de nouveau Premier ministre de 1951 à 1955 et a laissé des Mémoires de guerre.
CHURCHILL (SIR WINSTON LEONARD SPENCER)
Homme d’État britannique né à Blenheim Palace, Woodstock (Oxfordshire) en 1874, mort à Londres en 1965. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il était âgé de 66 ans et avait déjà derrière lui une longue carrière: correspondant de guerre, député, neuf fois ministre (Intérieur, Amirauté, Guerre, Échiquier...). Dans les armées trente, il avait mis l’Europe en garde contre l’expansion du communisme, puis contre la montée du nazisme. Violemment opposé aux accords de Munich et au pacifisme, il avait aussi prêché - sans écho - le réarmement. Nommé Premier lord de l’Amirauté en septembre 1939, il fut désigné comme Premier ministre le 10 juin 1940, en remplacement de Chamberlain. Dès lors, sa détermination dans le combat, malgré les premiers revers de Norvège et l’effondrement de la France, ne faillit jamais. Dès l’entrée en guerre de l’Allemagne contre l’URSS (juin 1941) et le danger d’invasion de l’Angleterre écarté, il travailla à un rapprochement avec les États-Unis, d’une part, et avec Staline, d’autre part, pour l’ouverture d’un front à l’Est. Aux côtés des Américains à la fin de 1942, il fît débarquer ses troupes en Afrique du Nord et l’offensive contre les puissances de l'Axe prit alors toute son ampleur. Présent à toutes les grandes conférences internationales (Casablanca, Téhéran, Québec, Yalta, Potsdam), il tenta de parer aux visées impérialistes de Staline mais ne put réaliser son projet d’attaquer le « ventre mou » de l’Europe - les Balkans - qui eût profité aux Alliés de l’Ouest, surtout lorsqu’on sait les conséquences funestes de l’avance de l’Armée rouge jusqu’à Berlin. Et l’on a pu dire, depuis, que si la guerre avait été gagnée, on avait, en revanche, perdu la paix. À la fin des hostilités, Churchill poursuivit sa politique anticommuniste et son rêve de maintenir l’empire britannique, en s’opposant notamment à l’abandon de l’Inde. Renversé par le parti travailliste, il démissionna en juillet 1945. Rappelé au ministère en 1951, son seul prestige l’y maintint jusqu’en 1955, époque à laquelle il se retira définitivement des affaires. Il a écrit des Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale (12 vol.) et une Histoire des peuples de langue anglaise (4 volumes).
CHURCHILL, sir Winston Leonard SPENCER (Blenheim Palace, Oxfordshire, 1874-Hyde Park Gâte, Londres, 1965). Homme politique britannique. Député conservateur, Premier lord de l'Amirauté (1911-1915) puis Premier ministre (1940-1945; 1951-1955), il symbolisa la résistance anglaise aux forces de l'Axe durant la Seconde Guerre mondiale. Fils de lord Randolph Churchill, descendant de Marlborough, Churchill fit des études peu brillantes au collège de Harrow, puis à l'école militaire de Sandhurst de laquelle il sortit, en 1894, officier de cavalerie. Dès sa jeunesse, imprégné des traditions victoriennes par son milieu aristocratique et son éducation, il se singularisa par une personnalité vigoureuse, extravagante et portée d'abord vers l'action. Sa brève carrière militaire le porta là où se jouait la destinée de l'Empire britannique. Il fut correspondant de guerre à Cuba durant l'insurrection contre les Espagnols (1895), puis aux Indes lors des opérations de Malakland (1897) où il écrivit pour le Daily Telegraph, au Soudan avec Kitchener, enfin en Afrique australe (1899-1900) lors de la guerre de Boers comme correspondant pour le Morning Post. Son évasion des prisons boers lui valut une certaine notoriété et, de retour en Angleterre, il fut élu député conservateur (1900). À la Chambre des communes, il se fit rapidement remarquer par ses opinions non conformistes. Ainsi, farouchement attaché au libre-échange, il s'opposa aux thèses protectionnistes de Joseph Chamberlain, rompit avec les conservateurs et rallia les libéraux (1904). Député de Manchester, il fut sous-secrétaire aux Colonies (1906-1908) dans le ministère Campbell-Bannerman où il se fit l'avocat de l'autonomie pour les Républiques boers en Afrique australe. Ministre du Commerce (1908-1910) dans le gouvernement Asquith, puis secrétaire à l'intérieur (1910-1911), il appuya de nombreuses réformes sociales et soutint le « budget du peuple » de Lloyd George (1909). Il défendit à Belfast le Home Rule irlandais, mais perdit l'appui des radicaux lors de son action répressive face aux grèves de 1910. D'abord pacifiste en politique étrangère, il estima ensuite la guerre inévitable après l'incident d'Agadir (1911) et s'inquiéta en particulier de la puissance navale croissante de l'Allemagne. Nommé Premier lord de l'Amirauté (1911), il forma son état-major naval et prépara la flotte britannique à la guerre. Sentant venir le danger, il mobilisa en juillet 1914 la flotte à la faveur de manoeuvres, ce qui permit un peu plus tard de sauver les ports de la Manche. Estimant nécessaire une liaison avec l'Empire russe affaibli, Churchill encouragea, malgré l'avis de l'amiral Fisher et des autres chefs militaires, l'expédition des Dardanelles. L'entreprise s'étant soldée par un échec, Churchill fut forcé de démissionner (novembre 1915). Réhabilité après une enquête sur l'expédition, il entra dans le cabinet de coalition présidé par Lloyd George comme ministre des Munitions (1917) puis comme secrétaire à la Guerre et à l'Air (1919-1921). Violemment hostile aux bolcheviks russes, il apporta un soutien militaire à l'armée blanche de Koltchak et aux Polonais lorsqu'ils envahirent l'Ukraine (1920). Son opposition déterminée au communisme inquiéta cependant le Parti libéral avec lequel il rompit en 1922. Il ne revint pas au Parlement durant quelques années, mettant à profit cette période pour se consacrer à la littérature (The World Crisis 1911-1918, La Crise mondiale) et à la peinture. En 1924, après avoir rejoint le Parti conservateur - où il fut d'ailleurs accueilli froidement - Churchill devint chancelier de l'Échiquier dans le cabinet Baldwin (1924-1929) et décida de rattacher, mais en la surévaluant, la livre sterling à l'étalon or (1925). Vivement critiquée par l'économiste Keynes cette mesure provoqua la déflation, une limitation des exportations, du chômage et les grandes grèves de 1926. De l'échec conservateur en 1929 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Churchill ne joua plus aucun rôle politique. Durant cette nouvelle retraite, il se consacra à ses oeuvres littéraires (My Early Life, 1930 ; Marlborough, his Life and Times, 1933-1938). Mais, toujours violemment hostile au communisme, il ne cessa d'inciter les gouvernements à une politique de concession à l'égard des régimes autoritaires, déclarant que le régime de Mussolini « rendait service au monde entier ». Cependant, à partir de 1932, prenant la mesure du danger nazi, il s'éleva contre toute concession à l'égard de l'Allemagne, plaida pour une entente entre l'Angleterre, la France et l'URSS et condamna, face à l'incrédulité générale, les accords de Munich de septembre 1938 comme une « défaite totale » pour les démocraties. En septembre 1939, lorsque la guerre éclata, les événements lui ayant donné raison, Neville Chamberlain le nomma Premier lord de l'Amirauté (3 septembre). Malgré l'échec de la flotte anglaise en Norvège (1940), son énergie l'imposa comme l'homme capable de faire face à une situation tragique et il devint Premier ministre ( 10 mai 1940) du gouvernement de coalition où se retrouvèrent conservateurs, libéraux et travaillistes. Ces cinq années de leadership (1940-1945) pendant lesquelles il se révéla un éminent chef de guerre mais aussi un animateur exceptionnel de la résistance anglaise feront plus pour sa légende que sa carrière politique, la plus longue de l'histoire britannique. Sa détermination à mener son pays à la victoire commença par son premier discours demeuré célèbre, dans lequel il ne put promettre « que du sang, de la peine, de la sueur et des larmes ». Après le désastre français de juin 40 et son projet d'« unité franco-britannique » devenu caduque après la signature de l'armistice obtenu par Pétain, il décida le bombardement de la flotte française de Mers el-Kébir. Comptant essentiellement sur une association avec les États-Unis, il rencontra Roosevelt dès avril 1941 et signa avec lui la Charte de l'Atlantique. Il proposa à Staline, après l'attaque allemande contre l'URSS (juin 1941), une coopération militaire et n'hésita pas, en 1943, à apporter son soutien aux partisans de Tito. Tout en facilitant les réunions internationales (Téhéran, Québec, Yalta, Potsdam), il conserva sa méfiance à l'égard des communistes et mit en garde Roosevelt contre les ambitions de Staline. Après l'effondrement italien en 1943, il aurait souhaité l'avance des troupes anglo-américaines à partir des Balkans vers l'Europe de l'Est mais dut se ranger à l'avis des chefs d'état-major alliés, collabora au débarquement de Normandie, puis aux opérations en France et en Allemagne jusqu'à la victoire de 1945. Très découragé par le triomphe des travaillistes aux élections de 1945, Churchill garda néanmoins un prestige et une influence considérables et continua de défendre ses options de toujours. Fidèle au maintien de la grandeur impériale, il s'insurgea en 1947 contre l'abandon des Indes. Apôtre de l'anticommunisme, il dénonça dans son discours de Fulton (1946) le « rideau de fer » soviétique, engagea son pays aux côtés des Américains dans la guerre froide et lança l'idée d'une Europe unie (1947) avant de patronner la fondation du Conseil de l'Europe (1948). Redevenu Premier ministre en 1951 après la victoire des conservateurs, il resta au pouvoir jusqu'en 1955 malgré un gouvernement peu efficace. « Homme du passé », il se retira de la vie publique sur les conseils de ses amis et se consacra à ses passe-temps favoris : la littérature (prix Nobel en 1953) et la peinture. Voir Travailliste (Parti).