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VERHAEREN Emile

VERHAEREN Emile 1855-1916
Il naît en Flandres, à Saint-Amand, sur les bords de l’Escaut qui baignera son enfance, mais dans une famille francophone. Après des études où il s’avère médiocre élève, à Gand, chez les jésuites — il a pour condisciple George Rodenbach — il étudie le droit à Louvain et fait ses débuts poétiques dans la Revue Générale Au cours des années suivantes, quoique inscrit au barreau, il collabore à des journaux où il donne divers textes (poèmes, critiques d’art, sur Khnopff notamment) et séjourne à Paris où il fréquente Mallarmé, Coppée et Huysmans. Il publie en 1883 son premier recueil de poèmes: Les Flamandes, que suivent, en 1890, Les Flambeaux noirs. En 1891 il se marie; l’héritage parental lui permettra de vivre une vie d’homme de lettres indépendant. Le recueil les Campagnes hallucinées paraît en 1893, puis, deux ans plus tard, Les Villages illusoires et Les Villes tentaculaires. Jusqu’en 1903, date à laquelle le ménage Verhaeren s’installe à Saint-Cloud, paraissent divers recueils: Les Heures claires (1896), Les Aubes (1898). A l’instar de son compatriote Maeterlinck, Verhaeren compose aussi des drames joués tant en Belgique qu’à Paris. Les années d’avant-guerre sont consacrées à une série de conférences à travers toute l’Europe sans que pour autant Verhaeren cesse de publier: les cinq recueils de Toute la Flandre (1904-1911), La Multiple Splendeur (1906) Les Flammes hautes (posthume en 1917). Profondément touché par l’invasion de la Belgique en 1914, il redouble d’activité au service de la cause de son pays. C’est à l’occasion d’un voyage à Rouen, où il est venu donner une conférence, qu’il meurt, écrasé par un train. D’abord proche des parnassiens, il s’est ensuite rapproché des symbolistes vers qui son goût du fantastique morbide et enfiévré le poussait. Après son mariage, une fois surmontée la crise morale des années 85-90 et rétablie sa confiance en l’humanité, il sera le poète des changements sociaux, des bouleversements et du malaise causés par la révolution industrielle: campagnes désertées, villes démesurées, avant de revenir, dans Toute la Flandre, à une poésie des éléments primitifs: le vent, la mer, le Nord... Son lyrisme puissant avait besoin, pour s’exprimer, d’une forme stricte, aussi son vers, quoique libre, ne renonce-t-il jamais au rythme ni à la rime, gardant une facture classique.
VERHAEREN Émile
1 855-1916
Poète belge d’expression française, né près d’Anvers. Flamand, de tempérament fougueux ; mais aussi enclin à l’ascétisme et au mysticisme (il entrera même un instant à la Trappe), il perd la foi et sombre dans la prostration (Les Flambeaux noirs, 1890). Puis, très vite, il lui faut trouver une foi nouvelle ; ce sera le socialisme. Il apporte à cet idéal tout neuf son enthousiasme, et son goût pour le mouvement forcené, le coloris cru et violent : Les Campagnes hallucinées (1893), Les Villes tentaculaires (1895), Les Forces tumultueuses (1896). Dans un rythme de forge et un vacarme joyeux il envoie voler en éclats les règles traditionnelles de la prosodie, les cloisons du vers classique. Mais il n’a garde de rejeter la rime, qui lui apporte un jeu d’appels et d’échos. Entre deux hymnes à l’effort de l’homme (homme en lutte contre la nature ou encore contre la machine, resplendissante idole qu’il faut aimer mais dont il faut craindre la ruade vicieuse), il chanta dans la série des Heures claires (1896), la Femme, savoureuse et sereine (en qui on reconnaît le modèle qui posa déjà pour sa toute première œuvre, Les Flamandes). Il meurt d’une mort brutale - à la Verhaeren -, écrasé par une locomotive.
VERHAEREN Emile. Poète belge d’expression française. Né le 21 mai 1855 à Saint-Amand (Belgique), mort accidentellement à Rouen le 26 novembre 1916. Fils de bourgeois drapiers, il passe toute son enfance dans la campagne flamande, sur les bords de l’Escaut. Il fait ses études au collège des jésuites Sainte-Barbe de Gand, puis à l’Université de Louvain. Dès lors, Verhaeren est voué aux lettres; s’il s’installe comme avocat stagiaire à Bruxelles, il fréquente aussi Rodenbach, le peintre Théo van Rysselberghe, James Ensor, et débute déjà dans la critique d’art. C’est vers le naturalisme qu’il paraît s’orienter d’abord, dans ses premières poésies de 1883, Les Flamandes. Mais aussitôt après avoir ainsi restitué la Belgique sensuelle, Verhaeren se retourne vers la Belgique mystique, avec Les Moines, écrits en 1886 après un séjour à la Trappe de Notre-Dame de Chimay. Cependant Verhaeren traverse bientôt une grave crise spirituelle, frôle le suicide et appelle même la folie comme une délivrance. Il a perdu sa foi naïve, et, augmentant encore sa souffrance par l’analyse psychologique, il est assailli par des visions d'épouvante et de désespoir ; dépassant le style mineur des « décadents » à ta mode, il donne alors des recueils d’une morbidité exaspérée et fiévreuse, véritable « trilogie de la neurasthénie », Les Soirs en 1887, Les Débâcles en 1888, Les Flambeaux noirs en 1890. Il a déjà rencontré Marthe Massin, puis voyagé en Espagne, en Allemagne et séjourné a Londres. Il y a cependant encore beaucoup de pessimisme dans Les Apparus dans mes chemins publié en 1891 l’année de son mariage avec Marthe ; on y reconnaît aussi les premiers signes de la guérison. Verhaeren se tourne résolument vers les problèmes contemporains; il va, vers 1893-95, chanter Les Villes tentaculaires, symboles du bouleversement moderne, de la désertion des campagnes et de la rupture des vieilles liturgies de la terre, du malaise social. Cependant Verhaeren découvre déjà les promesses d’un avenir meilleur. Il fréquente le leader ouvrier Vandervelde, collabore avec lui et, dans le socialisme, trouve une foi nouvelle, parfaitement adaptée à son insatiable soif de mouvement et de vie. Sa renommée s’étend. Le Mercure de France réédite ses premières œuvres. Il est devenu le poète des hauts fourneaux, des docks, du port et de la grande ville; on peut dire qu'il a donné au monde moderne, sous son aspect le plus matériel et le plus brutal, droit de cité dans la littérature. Il célèbre Le progrès qui délivrera les hommes des préjuges et fondera un jour l’universelle fraternité. Il est l’auteur des Forces tumultueuses en 1902. Mais il écrit aussi Les Heures claires qui, à trois époques de sa vie, diront le charme du foyer, l’amour pour Marthe Massin qui a rendu à Verhaeren le goût de vivre après la grande crise morale de sa jeunesse, sans que la mélancolie, à l’approche de la mort, puisse atteindre jamais cette joie profonde de la vie secrète. D’ailleurs il n’est pas que le travail humain des grandes villes industrielles pour offrir des spectacles d’énergie; dans les cinq recueils de Toute la Flandre, Verhaeren fait place aux éléments primitifs : le vent du nord balayant la plaine belge, les flots toujours sur le point de rompre les digues, mais il célèbre aussi le calme bourgeois des petites villes flamandes, avec leurs héros, leurs fêtes, la coquetterie saine de leurs intérieurs. Dans les dernières années de sa vie, le poète, ayant conquis une renommée européenne, fit de nombreuses conférences en Allemagne, en Suisse, en Russie même. La guerre le bouleversa, mais il refusa de se rendre aux appels de Romain Rolland qui l’engageait à se tenir, comme lui, « au-dessus de la mêlée ». Verhaeren voulait au contraire lier son destin à celui de sa patrie douloureuse. En 1916, venu à Rouen pour y faire une conférence, il allait connaître une mort tragique en roulant sous un train. Outre les oeuvres déjà mentionnées, rappelons enfin, de Verhaeren : Les Contes de minuit (1885), Les Bords de la route (1895), Petites légendes (1900), Le Cloître (1909), Les Blés mouvants (1912) et Quelques chansons de village (posth., 1924).


Né à Saint-Amand, dans les Flandres, en 1855, dans une famille de drapiers, Émile Verhaeren, qui se destine au barreau, restera marqué par l'éducation reçue au collège des jésuites de Gand. Il publie ses premières poésies, d'inspiration parnassienne, en 1883 et fréquente les ateliers d'artistes de Bruxelles. Après un séjour à la Trappe, ne parvenant pas à surmonter une crise morale, il songe au suicide. Une femme, qu'il épouse, lui rend le goût de vivre. Français de culture, flamand d'imagination, imprégné d'un socialisme humanitaire à la Victor Hugo ou à la Walt Whitman (poète new-yorkais, chantre de l'Amérique des pionniers), il s'installe dans une vieille maison au cœur de la campagne du Hainaut et traduit, en grandes visions épiques, la révolution industrielle et les aspirations du prolétariat. Son œuvre (Les Flamandes, 1884, Les Débâcles, 1888, Les Flambeaux noirs, 1890, Les Campagnes hallucinées, 1893, Les Villes tentaculaires, 1895, La Multiple Splendeur, 1905, Les Rythmes souverains, 1910...) est appréciée dans toute l'Europe. En 1916, alors qu'il est venu à Rouen pour y tenir une conférence, il est écrasé par un train entrant en gare.