VAUDOIS
Adhérents d'un courant dissident apparu à la fin du XIIe s. et qui subsiste encore de nos jours. Le mouvement des vaudois prend place dans le grand courant d'évangélisme et d'anticléricalisme qui se manifesta dans toute l'Europe, du XIe s. au XIVe s., avec les patarins, les disciples de Pierre de Bruys, ou les courants issus du spiritualisme franciscain. Le fondateur du mouvement fut un riche bourgeois de Lyon, Pierre Valdo (* 1140, 1217), qui, obéissant au précepte évangélique, distribua tous ses biens aux malheureux et entreprit de faire renaître la vie apostolique, fondée sur la pauvreté absolue et la prédication errante. Il rassembla autour de lui quelques disciples, les « pauvres hommes de Lyon », qu'il envoya en mission deux par deux, armés d'un Nouveau Testament qu'il avait fait traduire en provençal. Le pape Alexandre III, qui avait d'abord approuvé cette initiative de pieux laïcs - assez semblable à celle de st François d'Assise quelques années plus tard -, s'inquiéta de voir les vaudois échapper à tout contrôle ecclésiastique. Il leur interdit de prêcher sans l'accord des évêques (1179), et, comme Pierre Valdo refusait d'obéir, le mouvement fut condamné au concile de Vérone (1184). Les vaudois se dressèrent alors contre l'ordre établi : ils proclamaient que les serments étaient interdits par l'Évangile ; que les autorités civiles n'avaient pas le droit d'infliger la peine capitale ; que le mérite seul conférait le droit de diriger les âmes et de donner les sacrements ; que les papes, évêques et prêtres pécheurs s'arrogeaient par conséquent un pouvoir usurpé. Cette hérésie s'étendit rapidement en Provence, en Dauphiné, dans les vallées alpestres du Piémont, en Lombardie et même en Allemagne et en Espagne. Son bastion se trouvait au Piémont, dans le Val Pellice, le Val d'Angrogne et les diverses vallées de la région de Suse. La propagande catholique a parfois assimilé les vaudois aux cathares ; malgré leur concomitance historique en Occident, tout distingue ces deux courants, car les vaudois n'étaient en aucun cas manichéens. Dès 1209, Innocent III lança la croisade contre les vaudois et quatre-vingts d'entre eux furent brûlés à Strasbourg en 1211. Cependant, les vaudois ne purent être réduits ; certains s'installèrent en Bohême, où ils devaient fusionner avec les hussites (v.). Une nouvelle croisade, menée en 1487 par Innocent VIII et le duc de Savoie, ne put les déloger de leurs vallées. Dès 1530, les vaudois du Dauphiné et de la Provence prirent contact avec les réformateurs suisses et allemands : en 1532, un synode, auquel participa du côté protestant Guillaume Farel, se tint à Chanforans, dans le Val d'Angrogne : les vaudois acceptèrent une nouvelle confession de foi, rompirent définitivement avec l'Église romaine et s'alignèrent sur le protestantisme. Vers 1655, le duc de Savoie Charles Emmanuel II et les troupes de Louis XIV entreprirent contre les vaudois de nouvelles opérations, qui furent menées avec la plus grande cruauté ; il fallut cependant accorder la paix aux vaudois (patente de Turin, févr. 1664). En France, les vaudois provençaux avaient été pratiquement exterminés durant les guerres de Religion après qu'un arrêt du parlement d'Aix eut fait détruire plusieurs villages vaudois du Luberon (1545). La révocation de l'édit de Nantes obligea les derniers vaudois français à se réfugier à Genève (1685), tandis que les vaudois savoyards, bénéficiant de la rupture entre leur duc et Louis XIV, jouissaient d'un régime plus tolérant. L'Église évangélique vaudoise (Chiesa evangelica valdese) est organisée selon le système presbytérien, chaque Église locale étant autonome et les laïcs assumant de larges responsabilités dans la direction des affaires ecclésiastiques. L'instance suprême de l'Église vaudoise est le synode, dont le comité exécutif est appelé la « Tavola », la « Table » (vaudoise). Les vaudois possèdent une faculté de théologie, fondée en 1855 à Torre Pellice (Piémont), transférée à Florence en 1861 et à Rome en 1920. Il existe des communautés vaudoises en dehors de l'Italie, notamment aux États-Unis et en Amérique latine. L'Église évangélique vaudoise fait partie du Conseil oecuménique des Églises.
VAUDOIS. Nom donné aux membres d'une secte chrétienne opposée à l'Église catholique. Appelée aussi les « pauvres de Lyon », elle fut fondée à la fin du XIIe siècle par un riche marchand de Lyon, Pierre Vaudès (d'où son nom). Les Vaudois prêchaient sur les routes la pauvreté absolue et les Évangiles qu'ils traduisirent en provençal. Ils condamnaient l'Église pour ses richesses et sa corruption, rejetaient les doctrines des indulgences et du purgatoire, ainsi que la vénération de Marie et des saints. L'hérésie vaudoise s'étendit dans le sud-est de la France (Provence, Dauphiné), en Italie, en Espagne et en Allemagne. Excommuniés en 1184, les Vaudois furent impitoyablement réprimés jusqu'au XVIe siècle, époque à laquelle ils adhérèrent à la Réforme.