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Ubu roi d'Alfred JARRY, 1888

• Cette farce en cinq actes a d'abord été écrite pour un théâtre de marionnettes, ce qui explique l'énormité de la caricature mise en oeuvre. • Ancien roi d'Aragon, capitaine de dragons en Pologne, Ubu est un obèse fanfaron que sa femme, la mère Ubu, pousse à détrôner le roi Wenceslas pour s'enrichir. Ubu parvient à ses fins et pressure nobles et financiers avec une énergie qui effraie la mère Ubu elle-même. Mais il est bientôt chassé par Bougrelas, fils du roi détrôné, qui revient avec l'appui du tsar de Russie. • Par ses jurons (Merdrel), par sa bedaine qu'il appelle sa gidouille, par sa pompe à Phynances, ce personnage burlesque a conquis dans la mythologie littéraire le rang de symbole de la tyrannie bête et cruelle.


Pièce en cinq actes d'Alfred Jarry, écrite en 1888.

Contexte

Alfred Jarry écrit cette pièce à l'âge de 15 ans. Il l'intitule alors les Polonais et la destine à une représentation familiale de marionnettes. Elle sera publiée en juin 1896 et jouée au théâtre de l'Oeuvre le 10 décembre de la même année. Le titre complet en est : Ubu roi. Drame en cinq actes en prose. Restitué en son intégrité tel qu'il a été représenté par les Marionnettes du Théâtre des Phynances en 1888. Deux autres éditions paraissent en 1897 et en 1900.

Principaux personnages

- Ubu, ancien roi d'Aragon, capitaine des dragons, officier du roi Venceslas, décoré de l'ordre de l'Aigle rouge de Pologne ; il se caractérise par sa lâcheté, sa bêtise, sa sauvagerie, sa pleutrerie, son avarice et sa mégalomanie ;
- mère Ubu, sa femme ;
- le capitaine Bordure ;
- Bougrelas, l'héritier légitime du trône.

Résumé

La farce commence par une dédicace à Marcel Schwob, et se poursuit avec la description de l'orchestre, qui se compose de cervelas, d'oliphans verts, de sacquebutes ou de galoubets. Le premier mot de la pièce est "Merdre !", ce qui scandalisa certains des premiers spectateurs.
Ubu jouit d'une situation aisée, dont il est pleinement satisfait, contrairement à sa femme. Elle le persuade de convoiter le trône. Ubu monte donc une conspiration avec le capitaine Bordure. Après une première tentative avortée, la famille royale est victime d'un attentat dont seul l'héritier du trône, Bougrelas, réchappe. Ubu monte sur le trône et se comporte immédiatement en véritable tyran, brutal et autoritaire. Bordure, qu'il avait emprisonné aussitôt après le coup d'Etat, s'évade et va demander au tsar d'intervenir pour rétablir le souverain légitime. Pendant ce temps, la révolte populaire gronde. Ubu se voit obligé de prendre le commandement de son armée. Mère Ubu en profite pour tenter de dérober le trésor des rois de Pologne, mais Bougrelas prend alors la capitale, obligeant mère Ubu à prendre la fuite. Elle retrouve par hasard son mari dans une caverne. Bougrelas arrive peu après et les Ubu s'échappent de justesse, décidant de rejoindre leur pays natal, la France.
Le règne des affreux

Poussé par la mère Ubu, le père Ubu complote contre le roi de Pologne, Venceslas. Le père Ubu a aussi de bonnes raisons à lui : il a été, dit-il, roi d'Aragon et avait une magnifique capeline due à son rang, alors qu'en Pologne il n'est que capitaine de dragons. Seulement, il est terriblement poltron et près, non seulement, de renoncer à s'emparer du trône mais aussi de dénoncer le capitaine Bordure et la mère Ubu, ses complices. Venceslas est pourtant victime de la cruauté d'Ubu. Celui-ci, à peine couronné, s'annonce très cupide et expéditif. Il élimine successivement tous les nobles, les passe dans la "trappe à nobles" à l'aide du "crochet à nobles", pour s'emparer de leurs biens, puis va lui-même piller ses sujets. Venceslas avait un héritier, Bougrelas, qui a pu s'échapper chez le tsar ; ensemble, ils déclarent la guerre à Ubu. Pendant que celui-ci tente de réchapper du combat, la mère Ubu, accompagnée de son amant et complice, tente de piller les richesse du père Ubu. Mais la défaite d'Ubu précipite les événements, lui et la mère Ubu se réfugient, par hasard, dans la même grotte. Dieu sait comment ils échappent aux poursuites et fuient sur un navire faisant voile vers la France.

Un attachant et sinistre personnage

Le père Ubu est un être à la fois loufoque et très dangereux. Il est tout rond et sensible de la "gidouille" (son proéminent abdomen). Il jure à tout venant, et son tout premier mot est : "Merdre !" Il serait touchant par ses petites manies, son vocabulaire haut en couleur et parfois une certaine faiblesse, s'il n'était pas si totalement égoïste, prêt à tout pour s'épargner et cruel. Son action politique prend donc une valeur toute particulière : les actions les plus viles se montrent motivées par les instincts les plus précaires et l'intérêt personnel. Après ses mésactions au royaume de Pologne, on retrouve le père Ubu souhaitant être esclave dans Ubu enchaîné, mais sa décision d'être servile est tellement irrévocable qu'il l'impose malgré lui majestueusement. Le troisième volet de ses aventures est une pièce fragmentaire : Ubu cocu.