trapézites
trapézites, banquiers dont le nom vient du fait qu’ils se tenaient derrière une table (trapeza), soit dans des boutiques affectées à un autre commerce, soit dans des offices destinés aux tractations bancaires, change de monnaies, prêts, opérations financières. Ils étaient soit de simples particuliers qui utilisaient comme capital leur propre argent et celui qu’on déposait chez eux contre intérêt, soit des sociétés privées, soit enfin des temples ou des cités. La banque de Pasion, à Athènes, était particulièrement célèbre; elle possédait des bureaux dans de nombreuses villes, et son crédit s’étendait sur une grande partie du monde grec; elle délivrait de véritables lettres de change, par lesquelles on pouvait toucher dans une ville étrangère une somme déposée à Athènes. Les banques les plus importantes étaient cependant celles des grands sanctuaires, où les prêtres faisaient fructifier l'argent qu’ils recevaient en dépôt ; ils prêtaient aux particuliers et surtout aux cités ; le sanctuaire d’Olympie était la banque du Péloponnèse ; celui de Delphes prêtait aux cités de la Grèce centrale ; Athènes empruntait à son sanctuaire d’Athéna Parthénos ; Délos servait de banque aux Cyclades. L'intérêt des prêts n’était pas réglé par l’État ; le taux habituel était d’environ 12 %, mais il allait jusqu’à 30 % sur les prêts pour l’équipement d'un navire en vue d’une aventure commerciale où les risques étaient grands. Les prêts pou vaient être couverts par des hypothèques —► propriété, des gages ou des garants. Pour le non-paiement d’une créance à l’échéance, le prêteur avait recours à une action en justice, l'hyperamereia. Parmi leurs fonctionnaires, les cités possédaient souvent des trapézites, sans doute chargés des opérations bancaires de la cité ; car les cités faisaient souvent des emprunts, soit à des sanctuaires, comme on l’a dit, soit à des particuliers, comme le fit Orchomène de Béotie à une femme de Thespies. Ces emprunts s’adressaient plus généralement à l’ensemble des citoyens de la cité (Cnide, Syracuse, entre autres, recoururent à l’emprunt libre), mais on a le cas de Téos, qui utilisa l’emprunt forcé. Les banques d’État se sont développées surtout à l’époque hellénistique, et plus particulièrement en Égypte, où, sous les Lagides, chaque nome ou département administratif possédait sa banque royale (basilikè trapeza), dont les capitaux provenaient des excédents de recettes, que les trapézites d’État faisaient fructifier par des opérations financières.