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TOURÉ Ahmed Sékou

TOURÉ Ahmed Sékou (1922-1984) Homme d’État guinéen. D’origine malinké, né de père inconnu à Faranah, Ahmed Sékou Touré adopte le nom de son beau-père, faisant remonter sa généalogie au conquérant dioula l’almamy (le « guide ») Samory Touré, mort en déportation en 1900 après sa capture par les Français. Il ancre son combat contre le colonialisme dans l’action de cet ancêtre prestigieux et fonde en 1945 le syndicat des postiers guinéens affilié à la CGT (Confédération générale du travail) française. Protégé de Félix Houphouët-Boigny, créateur du Rassemblement démocratique africain (RDA), il crée sa section guinéenne, le Parti démocratique de Guinée (PDG), ce qui lui vaut, par la suite, d’être loué dans les manifestations orchestrées en sa faveur comme le « PDG » de la Guinée. Contrairement au leader ivoirien qui œuvre pour la défense des petits planteurs africains, Sékou Touré, qui se méfie du monde rural, s’appuie sur les employés et les dockers et adopte un langage marxiste. Son succès dans la grande grève de 1952 pour faire appliquer le Code du travail le mènera au poste de secrétaire général de l’Union générale des travailleurs d’Afrique noire (UGTAN) en 1956. Il est élu maire de Conakry en 1955 et député à l’assemblée locale l’année suivante. En 1957, en application de la loi-cadre sur l’autonomie des territoires d’outre-mer, il se trouve à la tête du gouvernement guinéen. Contrôlant le parti et les syndicats, bénéficiant du soutien actif de son voisin ghanéen Kwame Nkrumah, dont le pays vient d’accéder à l’indépendance, il lance (à la différence de ses pairs de l’Afrique noire française - AOF et AEF) le fameux « non » à de Gaulle et refuse l’entrée de la Guinée dans la Communauté franco-africaine, préférant pour son peuple « la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage ». Aux premières années d’euphorie, marquées par un retrait total de la France et par la mise en place d’un « socialisme guinéen », succède un profond désenchantement. Le renversement de K. Nkrumah par l’armée, en 1966, puis celui du Malien Modibo Keita, en 1968, accentuent son isolement. La crainte de complots, réels ou supposés, l’amène à faire le vide autour de lui (exécutions de Diallo Telli et Keita Fodeba) et à accentuer encore le caractère dictatorial de son régime, faisant fuir à l’étranger plus du tiers de la population. En 1984, il meurt dans un hôpital de Cleveland, aux États-Unis, le pays dont des compagnies privées exploitaient la bauxite guinéenne, lui permettant de se maintenir au pouvoir.

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