Topaze de Marcel PAGNOL, 1928

• Cette pièce en quatre actes est une comédie satirique sur le pouvoir de l'argent et la naïveté de ceux qui croient à la morale et à l'honnêteté. L'idée piquante est d'avoir imaginé que l'un de ces naïfs se convertit si bien aux vraies lois du monde qu'il bat sur son propre terrain l'aigrefin qui avait cru pouvoir l'utiliser. • Topaze, professeur à la pension Muche, enseigne que l'argent ne fait pas le bonheur, soupire vainement pour la fille du directeur et reçoit son congé parce qu'il refuse d'augmenter les notes d'un cancre (I). En quête de leçons particulières, il vient offrir ses services à la tante de l'un de ses élèves, la belle Mme Suzy Courtois, qui est la maîtresse de Régis Castel-Bénac, conseiller municipal d'une grande ville et agent d'affaires habile à exploiter ses relations politiques. Justement l'homme de paille de celui-ci, Roger de Berville, est devenu trop exigeant au moment de passer avec la Mairie un fructueux marché de balayeuses automobiles : Topaze le remplacera (II, 1-6). Quand Topaze s'aperçoit qu'il est l'agent d'un prévaricateur, son honnêteté se révolte, mais Suzy le fait taire (II, 11) et, peu à peu, il se laisse griser par la puissance que donne l'argent : les directeurs de journaux ne demandent qu'à vendre leur conscience (III, 6-7); M. Muche vient lui offrir la main de sa fille (III, 9-10); il reçoit les Palmes académiques en qualité d'ingénieur, pour services exceptionnels (III, 11). Aussi, au bout de quelques mois, chasse-t-il Castel-Bénac (IV, 2), lui enlevant même Suzy (IV, 3). À son ancien collègue Tamise, inquiet des bruits qui courent sur la nature de ses affaires, il explique avec cynisme les ressorts de la société, et Tamise ébranlé songe à devenir le secrétaire de Topaze (IV, 4). • Les personnages ne sont que des pantins, mais le jeu est mené avec verve, et sur un thème qui ne peut manquer de plaire.