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TOCQUEVILLE (Alexis de)

TOCQUEVILLE (Alexis de). Né à Paris, dans une famille aristocratique, de parents qui échappèrent de peu aux massacres de la Terreur, Tocqueville (1805-1859) est célèbre par la réflexion remarquable qu'il a effectuée sur la démocratie. Après un séjour en Amérique, il publia en 1835 les deux premiers volumes de la Démocratie en Amérique, qui eurent immédiatement un immense succès. En 1838, il fut élu à l'Académie des Sciences morales et politiques et, en 1841, à trente-six ans, il entra à l’Académie française. Selon Tocqueville, la démocratie correspond au mouvement «le plus continu, le plus ancien et le plus permanent que l'on connaisse dans l'histoire». Il est donc inutile et vain de lui résister, mais il faut trouver le moyen de prévenir les maux qu'il pourrait engendrer. Les objectifs à atteindre sont de porter au maximum son exigence de liberté et d'éviter les excès de l'égalitarisme. Les remèdes sont la décentralisation, le développement des libertés locales, l'association, l'indépendance de la presse, le respect des croyances religieuses. Pourtant, ce que Tocqueville envisage comme le plus probable, c'est l'exaspération du désir d'égalité. Il prévoit que la démocratisation de la société aboutira à un développement du bien-être matériel, à l'écrasement des hiérarchies sociales, à un grand souci de sécurité qui rendront les citoyens dociles au pouvoir. La liberté sera exclue, l'envie subsistera, à cause de l'inévitable disparité des conditions. Il faut donc redouter l'établissement d'une société à la fois conservatrice et turbulente. Dans l'Ancien Régime et la Révolution, œuvre inachevée, Tocqueville a développé ses sujets d'inquiétude : la marche vers un nivellement social, l'isolement des individus, la disparition des traditions morales, le despotisme du gouvernement. Il a prévu le partage du monde entre l'Amérique et la Russie.

Tocqueville

(Charles Alexis Clérel de, 1805-1859.) Homme politique et historien français. Chargé d’une enquête sur le système pénitentiaire aux États-Unis, il en ramène l'ouvrage auquel il doit sa célébrité, De la démocratie en Amérique (1835-1840), que l'on considère encore comme une analyse, non seulement précise et pénétrante, mais d’une certaine façon prophétique, de la civilisation et du système politique américains. ♦ Très sensible à l'égalité entre les individus, Tocqueville admet que la démocratie court le risque de se transformer en tyrannie d'une majorité médiocre. D'où l'importance qu'il attache à deux facteurs susceptibles de garantir la liberté réelle : la liberté de la presse et l'indépendance judiciaire. Il leur adjoint le droit et la liberté d'association, où il voit le moyen d'éviter les effets d'atomisation du corps social qui pourraient résulter de la reconnaissance de l'égalité. S'inspirant partiellement de la méthode de Montesquieu, Tocqueville est ainsi le premier analyste qui souligne l'importance de ce qui sera nommé le « quatrième pouvoir » (par allusion au principe de séparation des trois pouvoirs classiques : législatif, exécutif et judiciaire) : la presse, ou plus généralement tous les moyens de communication, dont l'influence sur la formation de l'opinion publique apparaît à la fois capitale et difficilement maîtrisable.

♦ «Je n'ai pas de traditions, je n'ai pas de parti, je n'ai point de cause, si ce n’est celle de la liberté humaine. » Alexis de Tocqueville. ♦ « Il a des diagnostics et des pronostics excellents de sagacité; il sait tâter le pouls à son malade; il dira le danger, il en expliquera les causes; mais, comme beaucoup de savants médecins, il ne va pas jusqu'au remède...» Sainte-Beuve. ♦ «Parmi les historiens philosophiques du temps de Ranke, Alexis de Tocqueville occupe une des premières places. Il est, en même temps, un écrivain politique et sans aucun doute, le plus illustre, depuis Aristote et Machiavel... » Wilhelm Dilthey.

Tocqueville, Charles Alexis Clérel de (Paris 1805-Cannes 1859); écrivain et homme politique français.

Son père, rejeton d’une vieille famille noble de Normandie, est préfet sous la Restauration ; sa mère est une petite-fille de Malesherbes, ministre puis défenseur de Louis XVI. Après des études de droit, T. devient en 1827 juge-magistrat au tribunal de Versailles, mais il ne trouve aucun intérêt à sa fonction. En 1831, il se rend aux Etats-Unis en compagnie de son ami Gustave de Beaumont afin d’étudier le système pénitentiaire américain. Tout en remplissant scrupuleusement sa mission, il profite de ce long voyage pour analyser le système politique américain. A son retour en France, il abandonne la magistrature et publie en 1835 la première partie de son oeuvre, De la démocratie en Amérique (la deuxième partie sort en 1840). Le livre obtient un grand écho et lui ouvre les portes de l’Académie des sciences morales et politiques et celles de l’Académie française en 1841. Il est élu en 1839 à la Chambre des députés où il ne se fait pas remarquer, ne possédant pas de don oratoire. Bien qu’il juge sévèrement la révolution de 1848, il se met au service de la IIe République comme ministre des Affaires étrangères (juin-oct. 1848). Après le coup d’État de Napoléon III, qu’il condamne catégoriquement, il se retire de la politique. Aristocrate convaincu, profondément attaché à sa terre natale et lié au milieu catholique et légitimiste, il démontre tout au long de sa vie une grande indépendance d’esprit. La qualité de ses analyses, toujours pénétrantes et parfois visionnaires, met en évidence l’avènement de la « démocratie » moderne, qu’il considère comme irrésistible et inéluctable. Mais T. ne partage pas l’enthousiasme et l’optimisme de ses contemporains démocrates et libéraux et ne dissimule ni les dangers ni les problèmes. Il pose au centre de son oeuvre la question de la liberté qu’il aime par-dessus tout. Il aspire à la liberté, associée à l’égalité, mais sans sacrifier à la « tyrannie des Césars ». Dans son ouvrage inachevé, L'Ancien Régime et la Révolution (1856), il souligne que le processus égalitaire a commencé bien avant la Révolution. À ses yeux, le danger est que la société se transforme en une masse d’individus isolés, incapables de résister au despotisme le cas échéant. Le remède réside moins dans des institutions appropriées (système bicaméral, décentralisation, etc.) que dans le renforcement des qualités morales et du sens des responsabilités politiques des citoyens.

Bibliographie : A. de Tocqueville, oeuvres complètes, 1952 ; A. Jardin, Alexis de Tocqueville, 1984.




Charles Alexis Clérel de Tocqueville, né en 1805, est nommé juge au tribunal de Versailles en 1827. Il reçoit la mission d'aller étudier en Amérique le système pénitentiaire appliqué aux États-Unis après une absence de deux ans, il revient en France et publie, en 1832, un livre intitulé Du système pénitentiaire aux Etats-Unis et de son application en France, puis fait paraître bientôt son œuvre capitale : De la démocratie en Amérique (1835-1840). Nommé après la révolution de Février député de la Constituante et à la Législative, il devient ministre des Affaires étrangères le 2 juin 1849, s'oppose à la politique du prince Louis Napoléon Bonaparte, est arrêté le 2 décembre 1851 et se retire des affaires publiques. Il se voue à ses études et meurt à Cannes en 1859.

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