THÉOSOPHIE
THÉOSOPHIE. n.f. (gr. theos «Dieu» et sophia «sagesse»). Nom donné à diverses doctrines rationalistes et mystiques qui cherchent à entrer en rapport avec l'Absolu et à donner des règles de vie intérieure. La théosophie est très ancienne ; certaines de ses sources se trouvent en Inde, en Égypte, en Grèce. Elle a eu, en Europe, de nombreux et célèbres adeptes. Elle a pris des formes diverses. Elle est la plupart du temps à caractère ésotérique, et pratique l’initiation. Ses principes généraux sont, la prise de distance par rapport aux religions constituées, le refus des dogmes, la recherche d'une aide de l'Esprit qui illumine. Elle recourt à des formes de pensée et à des modes de connaissance particuliers (pensée symbolique, astrologie, théurgie, spiritisme, magie, divination). La Société théosophique n’est qu'une forme, parmi bien d'autres, des courants théosophiques actuels.
théosophie, doctrine religieuse qui a pour objet l'union avec la divinité. — La théosophie est une mystique préconisant une ascèse et une élévation progressive de l'esprit humain jusqu'à l'illumination de Dieu (illuminisme). Les théosophes les plus illustres furent J. Bœhme, V. Weigel, Swedenborg, Saint-Marin, Baader. En Allemagne, au XIXe siècle, Herman Emmanuel Fichte (fils du grand philosophe J. G. Fichte) fonda une école de « théosophie spéculative » dont le but était de réaliser l'identification avec Dieu grâce à l'exercice de la réflexion philosophique.
THEOSOPHIE. Theo-sophia est étymologiquement sagesse de Dieu, ou doctrine de Dieu, ou connaissance des choses divines. Ce mot, peu fréquent jusqu’au xvie siècle, signifiait souvent « théologie » ou « philosophie ». A partir du xviiie siècle le mot prend son sens actuel. On entend essentiellement par là, en Occident, une herméneutique ésotérique (ta-will en Iran), c’est-à-dire une interprétation de l’enseignement divin, à la fois selon des voies intellectuelles (mystique spéculative, mais fondée sur des raisonnements homologiques, l’homme et l’univers étant symboles de Dieu) et selon la révélation d’une illumination intérieure. La théosophie est dès lors la philosophie de l’ésotérisme (et si l’ésotérisme est une pensée, l’occultisme en est la pratique). L’historien W. E. Peuckert appelle « pansophe » celui qui comprend Dieu en partant d’une réflexion homologique sur les choses, et « théosophe » celui qui part d’une vision divine pour comprendre la nature ; mais on peut dire « théosophe » dans les deux cas pour désigner ces hommes qui insistent sur des points de doctrine ou de dogme que l’exotérisme des Eglises établies a tendance à négliger ou à passer sous silence. Ces points, ils cherchent à les élucider à la fois par leur propre réflexion (de type homologique) sur le mythe auquel ils adhèrent, et par l’illumination intérieure, celle-ci résultant d’une quête individuelle ou d’une initiation. Ils acquièrent la certitude de recevoir la connaissance en même temps que l’inspiration, croient à la révélation permanente, au caractère jamais clos de la prophétie, ne s’interrogent pas sur les preuves de l’existence de Dieu mais sur la nature même du divin, insèrent leurs observations et tout leur symbolisme dans un système qui englobe une cosmogonie, une cosmologie, une eschatologie : les thèmes de l’émanation, de la chute originelle, de l’androgyne primordial, de Sophia, de mystique des nombres, surtout des forces polaires (logique des contraires, principes alchimiques) font partie de leurs préoccupations essentielles. Au fond, ils cherchent à posséder la vision intime du principe de la réalité du monde. Et cela à bon droit s’il est vrai, comme le dit saint Paul, que « l’Esprit saute tout, jusqu’aux profondeurs divines ». Bien plus que dans l’histoire des grandes Eglises constituées (ou « exotériques »), on trouve dans celle de la thésophie un monde du discontinu, de la rupture — stades initiatiques, chutes, etc. — qui est en même temps un monde unifié par l’homologie, un univers dynamique, dialectique à sa manière, vivant. On ne peut parler ici d'irrationnel, à moins de le faire dans un sens strictement aristotélicien, car cet irrationnel, ou plutôt cet alogon, se meut tout entier dans une forme de rationalité, au sens de « cohérence » : point d’homologie sans une harmonie du monde, d’illumination sans un parcours, d’initiation sans un rituel. Le théosophe apparaît comme un rationaliste mystique (« raison » signifiant ici « cohérence dans le mythe ») ou mieux comme un mystique rationaliste ou encore comme les deux à la fois. L’histoire de l’alchimie spirituelle constitue naturellement un chapitre de l’histoire de la théosophie, en raison de l’idée alchimique de régénération de l’humanité et de la nature auxquelles il s’agit de rendre leur dignité perdue depuis la chute. Le mot « théosophie » a été emprunté, depuis 1875, par une Société initiatique d’importance quantitativement considérable mais dont la doctrine a peu de points communs avec ce qui précède. Cette Société théosophique a été créée par Mme Blavatski. Dans Le Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion (Paris, rééd. 1965), René Guénon a précisé avec une indispensable rigueur qu’entre « la doctrine de la Société théosophique, ou du moins ce qui lui tient lieu de doctrine, et la théosophie au sens véritable de ce mot, il n’y a absolument aucun lien de filiation, même idéale », si bien qu’on ne saurait confondre l’un et l’autre « que par mauvaise foi ou ignorance ». La théosophie occidentale, ajoute Guénon, a toujours pour base, sous une forme ou sous une autre, le christianisme : « Telles sont, par exemple, des doctrines comme celles de Jacob Bohme, de Gichtel, de William Law, de Jame Lead, de Swedenborg, de Louis Claude de Saint-Martin, d’Eckartshausen. »