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THAÏLANDE, Prathet

État de l'Asie du Sud-Est, appelé autrefois Siam ; capitale Bangkok. Le bassin du Ménam, qui constitue le cœur de la Thaïlande, fut d'abord occupé par les Môns, qui y avaient constitué, dès le VIIe s., les royaumes de Dvaravati (au S., dans la région où se trouvent aujourd'hui Bangkok et Lobpuri) et de Haripunjaya (au N., dans la région de Lamphun). À partir du XIe s., les Khmers étendirent leur influence sur le royaume de Dvaravati, mais les Thaïs (v.) s'étaient déjà infiltrés dans cette région, et, profitant de la crise de l'État khmer après la mort de Jayavarman VII, deux chefs thaïs fondèrent en 1238 le royaume de Sukhotaï. Tout au N. de l'actuelle Thaïlande, un chef lao (thaï), Mangraï, fonda à son tour, en 1262, le royaume de Chiengraï. Allié au roi de Sukhotaï, il détruisit vers 1290 le royaume môn septentrional de Haripunjaya et fonda dans la vallée du Me Ping la ville de Chiengmaï, près de l'ancienne capitale môn de Lamphun (1296). Le pays de Sukhotaï s'affermit sous le règne de Rama Kamheng (vers 1275/1317) et devint le centre d'une civilisation composite, fondée politiquement sur l'hégémonie de l'aristocratie guerrière des Thaïs, mais ouverte largement aux influences môn, khmère et birmane et au bouddhisme du Petit Véhicule. En 1350, un prince thaï du Sud fonda la ville d'Ayutthya (un peu au N. de Bangkok), qui domina bientôt le Sukhotaï et devait rester pendant plus de quatre cents ans le centre du pays. Ce changement de capitale eut une importance considérable : Ayutthya était en effet beaucoup plus proche de la mer que la ville de Sukhotaï, et les Siamois commencèrent à se tourner vers l'expansion commerciale. L'organisation de l'État fit de grands progrès au XIVe s. sous le règne de Ramadhipati (1350/69), qui établit le bouddhisme du Petit Véhicule comme religion nationale et promulgua un code dont les principes furent en vigueur jusqu'à la fin du XIXe s. Au cours du XVe s., le Siam conquit le nord de la péninsule malaise et tenta, vainement, de soumettre Malacca. Cette expansion favorisait les relations maritimes avec l'Inde, et, sur le continent même, les souverains d'Ayutthya ne cessaient de renforcer leur puissance. En 1431, ils occupèrent momentanément la capitale khmère d'Angkor, que les Khmers abandonnèrent peu après pour Phnom Penh. Au N., ils soumettaient Sukhotaï (1438), mais rencontraient une sérieuse résistance de la part du royaume de Chiengmaï. Le gouvernement central et l'administration civile et militaire furent considérablement améliorés par le roi Boroma Trailokanat (1448/88), mais l'État siamois, en plein développement, allait voir surgir, au XVIe s., un nouvel ennemi : la Birmanie, unifiée à partir de 1550 par la dynastie de Toungoo. Le roi birman Bayin Naung (1551/81), après avoir soumis tous les Thaïs (Chans) du bassin de l'Irrawaddy, s'empara de Chiengmaï (1556), puis d'Ayutthya (1564) et établit sur le Siam la suzeraineté birmane. Une révolte des Siamois amena pour la seconde fois la prise d'Ayutthya (1569), dont les fortifications furent rasées et une partie des habitants déportée. Pendant quinze ans, le Siam resta sous la domination étrangère, mais Phra Naret déclencha en 1584 la guerre qui permit de rétablir l'unité, repoussa plusieurs contre-attaques birmanes et monta sur le trône sous le nom de Naresuen (1590/1605). 000200000EF500000CF8 EEF,• Relations avec l'Occident et nouveaux conflits • L'ouverture progressive à l'Occident (1782/1932) • La Thaïlande contemporaine (depuis 1932) Relations avec l'Occident et nouveaux conflits Le Siam se montra d'abord accueillant pour les Occidentaux, dont les maladresses seules provoquèrent par la suite une réaction xénophobe. Dès 1511, Albuquerque avait envoyé une ambassade portugaise à Ayutthya. Les Hollandais et les Anglais établirent bientôt des comptoirs, et les premiers s'assurèrent rapidement une position prédominante ; en 1609, la première ambassade siamoise en Europe arriva à La Haye. Cependant, les Hollandais se montrant envahissants, le Siam, sous le règne de Phra Narai (1657/88), se tourna vers la France. En 1680, la France obtint le monopole du commerce des épices au Siam ; en 1684, une ambassade siamoise fut envoyée à Louis XIV, qui répondit, l'année suivante, par l'envoi d'une ambassade française. Des jésuites s'installèrent au Siam et y montrèrent un prosélytisme excessif. Comme des signes de mécontentement se manifestaient, Louis XIV recourut à une politique d'intimidation : à la fin de 1687, une escadre arriva dans le golfe de Siam et des troupes françaises occupèrent Bangkok et Mergui. Cette maladresse provoqua aussitôt une puissante réaction nationale. Les Français furent expulsés et le Siam se ferma complètement aux étrangers. La Birmanie, régénérée par Alaungpaya, reprit l'offensive : en 1767, Ayutthya fut détruite et 10 000 habitants emmenés en Birmanie comme esclaves. Un général demi-chinois, Phya Takh Sin, réussit cependant à sauver le Siam du chaos, chassa les Birmans, rétablit l'hégémonie siamoise sur le Chiengmaï, le Laos, le Cambodge, mais il devint fou en 1782 et fut déposé par le général Chakri, qui fonda la dynastie actuelle sous le nom de Rama Ier et établit la capitale à Bangkok, à l'embouchure du Ménam. L'ouverture progressive à l'Occident (1782/1932) Rama Ier (1782/1809), après une série de campagnes, écarta la menace birmane. Le Siam raffermit ses positions au Cambodge et reprit son expansion en Malaisie, mais, à partir des années 1820, sous le règne du roi lettré Rama II (1809/24), il se heurta dans cette région à la présence britannique. Rama III (1824/51) dut signer un traité avec l'envoyé anglais Burney (1826). La modernisation du Siam commença sous le règne de Rama IV ou Mongkut (1851/68), qui, bien qu'ancien moine bouddhiste, avait acquis une forte culture occidentale. Il conclut en 1855 des accords commerciaux avec l'Angleterre qui furent ensuite étendus aux autres grandes puissances européennes et aux États-Unis. C'est également lui qui commença à employer des fonctionnaires européens dans l'administration siamoise. Le pays échappa à la colonisation occidentale grâce à la rivalité qui, dès le début de l'intervention française en Indochine (1859), opposa la France et l'Angleterre. Chulalongkorn, connu également sous le nom de Rama V (1868/1910), fut obligé par la France de renoncer à la rive gauche du Mékong et aux provinces cambodgiennes de Battambang et de Siem Reap (1893) ; Chulalongkorn, s'inspirant des réformes radicales réalisées au Japon durant l'« ère Meiji », supprima l'esclavage, réorganisa l'administration, la justice et l'armée. Son fils et successeur, Rama VI (1910/25), élevé à Oxford, poursuivit l'œuvre de son père, fonda l'université Chulalongkorn de Bangkok, entra dans la guerre mondiale en 1917 aux côtés des Alliés, mais provoqua des mécontentements en refusant d'accorder une Constitution. Rama VII ou Prajadhipok (1925/35) adopta d'abord la même politique, mais l'effondrement des prix du riz, à la suite de la grande crise mondiale de 1929, favorisa l'opposition des libéraux : le coup d'État non sanglant du 24 juin 1932 aboutit à l'établissement d'une monarchie constitutionnelle (10 déc. 1932). 00020000102D00001BE7 1026,La Thaïlande contemporaine (depuis 1932) Après l'échec d'un coup d'État réactionnaire (oct. 1933), Rama VII préféra abdiquer (mars 1935) ; il fut remplacé par son neveu, Rama VIII ou Ananda Mahidol (1935/46), qui était encore un enfant lors de son avènement. En fait, le pays passa dès cette époque sous le gouvernement de l'armée. En déc. 1938, la direction du gouvernement passa à un jeune militaire nationaliste, le colonel (plus tard maréchal) Pibul Songgram, qui manifesta symboliquement les aspirations expansionnistes du Siam régénéré en donnant au pays le nouveau nom de Thaïlande, « Terre des Thaïs ». Le régime vit monter avec sympathie la puissance japonaise, qui annonçait la prochaine libération des peuples de l'Asie. Sous la pression des Japonais, la France dut abandonner à la Thaïlande une partie du Laos et des provinces cambodgiennes de Battambang et de Siem Reap (convention de Tôkyô, 9 mai 1941). Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'alignement sur le Japon ne fit pas l'unanimité dans le pays : Pridi Phanomyong, avocat libéral qui avait été l'un des promoteurs de l'établissement du régime constitutionnel en 1932, prit la tête de la résistance, et c'est lui qui, lors de la défaite japonaise, permit à la Thaïlande d'effectuer un opportun retournement grâce auquel les Alliés ne la traitèrent pas en nation ennemie, non sans l'obliger à restituer à la Birmanie, au Laos et au Cambodge les territoires annexés cinq ans plus tôt. Après la mort mystérieuse d'A. Mahidol (juin 1946), le trône passa à son frère, Bhumibol Adulyadej ou Rama IX. En avr. 1948, le maréchal P. Songgram, écarté quatre ans auparavant, revint officiellement au pouvoir. Sous sa direction, la Thaïlande s'engagea résolument dans l'alliance américaine (participation à la guerre de Corée, facilités et bases accordées aux Américains pendant la guerre du Viêt-nam) ; P. Songgram s'efforça de consolider le gouvernement militaire. La Thaïlande fit de rapides progrès dans les domaines économique et social, qui se poursuivirent durant les années 1960 et 1970, pourtant, jalonnées de putschs portant au pouvoir des militaires souvent corrompus. En mars 1991, se mit en place un gouvernement technocratique qui développa les infrastructures publiques, accentua l'ouverture du pays au commerce international et soutint l'industrie légère, textile et électronique. Paisibles et largement suivies, les élections législatives de 1995 donnèrent une majorité à une coalition hétéroclite réunissant notamment le Chart Thay du nouveau Premier ministre Banharn Silpa Archa (parti de la nation thaïe, populaire dans les zones rurales), le PNA (représentant l'armée) et le Palang Dharma (proche de la bourgeoisie urbaine). Controversé et affaibli par des affaires de corruption, le nouveau gouvernement bénéficia surtout de l'étonnant dynamisme de l'économie, même si le pays restait handicapé par la croissance mal contrôlée de Bangkok : pollution, embouteillages et déséquilibre de richesse avec la province. La prostitution, dont on estimait qu'elle touchait un million de personnes, dont 100 000 mineurs, est aujourd'hui un des moteurs du tourisme (bien qu'elle ait entraîné une rapide diffusion du sida), première source de devises du pays. Le gouvernement de Chaovalit Yongchaiyudh, formé en 1996, confronté à une conjoncture économique difficile (baisse des exportations, dévaluation de la monnaie), dut faire face, en 1997, à un krach financier qui l'amena à recourir à l'aide du FMI, celui-ci ouvrant un crédit en contrepartie d'un plan de rigueur. Par ailleurs, la Thaïlande se dota d'une nouvelle Constitution en sept. 1997, introduisant l'élection au suffrage universel des sénateurs, auparavant désignés par le gouvernement. En nov. 1997, Chaovalit Yongchaiyudh démissionna du poste de Premier ministre et fut remplacé par le chef de l'opposition, Chuan Leekpai, dont le gouvernement, ébranlé par des affaires de corruption, fut battu, en janv. 2001 - à la suite de la dissolution de l'Assemblée en nov. 2000 -, par le parti Thaï Rak Thaïs de l'homme d'affaires Thaksin Shinawatra, susceptible d'être mis en examen lui aussi pour corruption.

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