TENDANCE

TENDANCE, n.f. (lat. tendere «tendre», «chercher à», «se diriger vers une fin»). ♦ 1° Caractère de ce qui semble être orienté ou s’orienter vers une fin. ♦ 2° Orientation spontanée d'une activité, d'un mouvement, alors que l'activité n'est pas encore déployée, que le mouvement n'est pas encore accompli. Faut-il déjà reconnaître une tendance dans le minéral ? Ce serait l'inertie. Les tropismes végétaux, l'instinct chez l'animal manifestent des tendances. Chez l’homme on trouve des tendances à l'origine des besoins, des appétits, des désirs. Les tendances de l’homme sont les moteurs de son activité. Certaines sont orientées vers la satisfaction des besoins et des désirs corporels, d’autres sont altruistes et orientées vers la relation avec autrui, l’amitié, l’affection, la vie sociale, d’autres encore sont orientées vers l’activité créatrice, l’art, la connaissance, le dévouement, etc. — L’existence de tendances pose la question d’une finalité ou au moins d’un dynamisme foncier dans les êtres. De nombreux philosophes ont vu à leur origine la volonté de vivre (Schopenhauer, Nietzsche), la tendance à persévérer dans l’être (Spinoza). Pour Ravaisson, «la loi universelle, le caractère fondamental de l’être est la tendance à persévérer dans sa manière d’être» (De l'habitude).

À peu près synonyme de pulsion en psychanalyse, le terme désigne en psychologie générale toute force ou énergie endogène orientant l’organisme vers un but sans être nécessairement intégralement actualisée. À ce titre, le concept rassemble aussi bien le tropisme que l’instinct, le besoin organique que le réflexe ou l’inclination. Philosophiquement, le terme désigne chez certains auteurs (Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche) le caractère fondamental de l’existant, qui fonde tous ses autres aspects (conatus, vouloir-vivre, volonté de puissance).

tendance, spontanéité orientée vers une fin. — Nous parlons de tendance lorsque nous ne pouvons expliquer un comportement par une situation extérieure : lorsqu'un être agit de lui-même. La tendance est l'expression de la vie dans un organisme (tendance à grandir, tendance des héliotropes à s'orienter vers le soleil, ou « tropisme »). Les psychologues distinguent, chez l'homme, les tendances motrices, qui se rapportent à l'action, les tendances affectives (sympathie, amour) et les tendances intellectuelles (l'attention qui nous « porte » vers un objet, vers une recherche). P. Janet a exposé un tableau des tendances selon leur degré de complexité :

tendance, force endogène qui oriente un organisme vers un certain but. Il est possible d’évaluer la force des tendances en mesurant l’activité d’un sujet dans certaines situations déterminées. Par exemple, pour apprécier l’intensité de la faim chez un rat, on placera l'animal dans une boîte spéciale où se trouve une mangeoire dont l’ouverture est commandée par un levier. À chaque pression, une boulette de nourriture apparaît. Le nombre de boulettes résultant de l’activité dépensée donne une idée, sinon une mesure objective, de la faim de ce rat. Certains auteurs distinguent, à côté des tendances organiques, des tendances interindividuelles (communion, altruisme...), sociales (familiales, patriotiques), idéales (morale, religion), personnelles (égoïsme) ; d’autres, des tendances inférieures (actes réflexes), moyennes (expression verbale), supérieures (création artistique), mais aucune classification n’est satisfaisante. Les psychologues se réfèrent souvent au système de H. Murray, qui comprend vingt articles fondamentaux (tendance à l’application, à plaire, à dominer, à être indépendant, etc.), auquel se rattache une méthode projective connue sous le nom de T.A.T.