SYLLA, Lucius Cornelius Sulla
Général et homme politique romain. Élu questeur en 107, il rejoignit l'armée de Marius en Numidie et réussit à capturer le redoutable Jugurtha (v.) (105). Il prit part aux opérations en Gaule contre les Cimbres et les Teutons. Propréteur en Cilicie (92), il conclut le premier traité entre Rome et les Parthes. Après avoir mis fin à la guerre sociale (v.) (89), il fut nommé consul en 88 et bouscula les troupes du parti populaire de Marius, qui dut s'enfuir en Afrique. Sylla se porta alors contre Mithridate VI Eupator (v.), s'empara d'Athènes après un long siège (87/86), vainquit Mithridate en Béotie et le poursuivit jusqu'en Asie. Mais le retour de Marius à Rome le poussa à signer une paix avantageuse pour Mithridate et à rentrer en Italie. Il obtint néanmoins un lourd tribut et se livra au pillage sur la route du retour. Quand il parvint à Rome (83), Marius était mort, mais ses partisans faisaient la loi. Pompée se rallia alors à Sylla et Rome connut sa première grande guerre civile. La victoire de la porte Colline (1er nov. 82) rendit Sylla maître de Rome où il décida de « proscriptions » qui firent des milliers de victimes ; nommé dictateur perpétuel, il fut le premier à exercer un pouvoir personnel sur la cité. Cependant, désireux de sauver la république traditionnelle, il rendit le pouvoir suprême au Sénat, rajeunit et doubla l'effectif de ses membres et lui réserva l'initiative des lois. Il consacra son énergie à amoindrir les privilèges des classes dominantes et essaya de résoudre la crise agraire. En 79, il remit ses pouvoirs au Sénat ; cette tentative de restauration sénatoriale ne lui survécut guère. Voir ROME. L'âge des guerres civiles.
Sylla, Lucius Cornélius Sulla Félix (138-78 av. J.-C.) ; dictateur romain.
L’ascension de S., fils de patriciens d’une lignée ancienne mais pauvre, est liée à la carrière de Marins. Questeur de Marins, il révèle pour la première fois en Afrique (107) ses qualités, lorsqu’il capture Jugurtha : du sang-froid, de l’audace, une farouche détermination et une habileté confinant à la rouerie. Légat de Marius puis de Catulus, il mène de 104 à 101 des combats en Gaule, puis en Italie du Nord contre les Cimbres. Préteur (97), il donne des Jeux fastueux puis part en Cilicie avec le titre de proconsul (96) pour assurer la police des mers dans cette région et pour remettre de l’ordre en Cappadoce. Deux succès qu’il couronne par un traité entre les Parthes et Rome : c’était la première fois que les deux peuples entraient en relation. De retour à Rome, ses victoires antérieures et celles qu’il remporte lors de la Guerre sociale (91-89), en particulier contre les Marses et contre les Samnites, permettent au chef du parti sénatorial qu’il est devenu d’accéder au consulat en 88 et de poursuivre la guerre, en 87, contre le roi du Pont, Mithridate VI (Eupatôr). L’opposition des populares tente alors de faire transférer à Marius, qui jouit de l’appui du peuple et des chevaliers, le commandement en Asie Mineure. S. et l’autre consul, lui aussi démis, marchent sur Rome. Il prend la Ville, à la tête des légions destinées à l’Orient, procède à la restauration de la puissance du Sénat, obtient le bannissement de Marius, exécute quelques seconds couteaux puis part en Grèce envahie par Mithridate. S. s’empare d’Athènes qu’il pille et par deux victoires (Chéronée et Orchomène) sur un lieutenant de Mithridate, il contraint ce dernier à la paix de Dardanos (85). Pendant ce temps, à Rome, Marius et ses partisans avaient repris le pouvoir : massacres, terreur, S. est déclaré ennemi public. Au printemps 83, S. débarque à Blindes avec ses légions qui, depuis sa destitution, se sont transformées en une sorte d’armée « personnelle ». La guerre civile était devenue inévitable. Elle fit rage toute une année, impliqua les Samnites et les Marses, et ne s’arrêta que lorsqu’en novembre 82 S. prit Rome. S. décide alors de limiter l’épuration en la contrôlant ; c’est la proscription qui touche environ 520 sénateurs et chevaliers. Ayant éliminé jusqu’à la troisième génération ses ennemis les plus irréductibles, S., à qui la loi a confié la dictature avec des pouvoirs constituants, s’attelle à la restauration de l’État (81-80). Il généralise les cours permanentes, distingue procès privés et procédure pénale, précise le cursus honorum, réduit les pouvoirs des tribuns de la plèbe, augmente le nombre de sénateurs (600), celui des magistratures et des prêtrises, construit de nouveaux temples (Venus Félix), élargit le pomaerium, remodèle le Forum (Tabularium), intègre définitivement les Italiens dans la citoyenneté romaine et renforce les pouvoirs du Sénat. Avant la fin de l’année 81, il abandonne la dictature, revêt le consulat puis se retire de la vie politique (80 ? ou 79 ?). Installé en Campanie, au milieu de vétérans qu’il avait doté de terres, il écrit ses Mémoires. Il meurt en 78 dans sa soixantième année. Précurseur de César ? Dernier républicain ? Les deux interprétations s’affrontent. Surnommé Félix (l’Heureux), protégé de Vénus, il avait érigé en règle de vie l’arbitraire de la Fortune. C’est à cette déesse que fut dédié l’impressionnant sanctuaire à terrasses de Préneste, l’exemple le plus important de la nouvelle architecture de l’époque syllanienne.
Bibliographie : F. Hinard, Sylla, 1985.
SYLLA (138-Cumes, 78 av. J.-C.). Général et homme politique romain. Il s'opposa farouchement au parti populaire soutenu par les partisans de Marins et s'attacha à rétablir l'autorité du Sénat mise à mal pendant la période gracchienne. Patricien sans grande fortune, épris d'hellénisme, de littérature et d'art, Sylla vint tardivement à la politique. Légat de Marius en Afrique, il réussit à se faire livrer le redoutable Jugurtha (105 av. J.-C.), ce qui attira l'attention sur lui mais lui valut la jalousie de Marius. Consul en 88 av. J.-C., il mit fin à la guerre sociale et reçut du Sénat un imperium proconsulaire pour combattre Mithridate, roi du Pont. Mais, dépossédé de son commandement par Marius, Sylla marcha sur Rome à la tête de son armée, provoquant la fuite de Marius. Après avoir vaincu Mithridate en Grèce et en Asie Mineure, il écrasa les partisans de Marius (mort en 86 av. J.-C.) et se rendit maître de Rome (82 av. J.-C.) où il dressa la liste de proscriptions (citoyens mis hors la loi ; n'importe qui avait le droit de les tuer, leur tête était exposée sur le Forum, leur cadavre privé de sépulture et leurs biens étaient confisqués ou vendus). Élu dictateur sans limite de durée, innovation dans la République, il se fit donner le titre de Félix (« Heureux »), soulignant ainsi les faveurs particulières que lui accordaient les dieux (notamment Vénus) et modifia les institutions au profit de la noblesse en enlevant le monopole de certains tribunaux à l'ordre équestre, en limitant les pouvoirs des tribuns de la plèbe, des consuls et des préteurs et en augmentant à 600 le nombre des sénateurs. Mais en 79 av. J.-C., d'une manière tout à fait inattendue, il abdiqua, laissant ses pouvoirs au Sénat et se retira à Cumes où il mourut l'année suivante.Sylla (Lucius Cornelius Sulla, v. 138-78 av. J.-C.). Général romain, chef des optimates au cours de la guerre civile qui l'opposa à Marius, lui-même à la tête des populares. Issu d'une branche déchue de la famille des Cornelii, Sylla s'illustra d'abord lorsque, questeur de Marius en Afrique, il obtint par son courage et sa diplomatie la reddition de Jugurtha des mains de Bocchus (107 av. J.-C.). Il révéla en outre ses talents militaires lors des campagnes dirigées par Marius et Catulus contre les tribus germaniques et se distingua ensuite pendant la guerre Sociale de 90-88 en Italie du Sud. Nommé consul en 88, il fut chargé de l'expédition contre Mithri-date qui avait occupé les provinces romaines d'Asie. Peu après, cependant, le tribun de la plèbe P. Sulpicius Rufus fit donner ce commandement à Marius et Sylla dut quitter Rome. Les six légions qu'il avait rassemblées à Capoue, fidèles à leur chef après deux ans de combat sous son commandement durant la guerre Sociale et certainement attirées par la perspective du butin asiatique, se laissèrent aisément convaincre de marcher sur Rome. Mais seul le questeur Lucullus lui apporta son soutien parmi les officiers : c'était la première fois qu'un consul, à la tête d'une armée, montait à l'assaut de la capitale. Marius s'enfuit, non sans difficultés (il arriva en Afrique après de nombreuses péripéties) ; Sylla s'empara de la ville par la force, fit massacrer Sulpicius et les partisans de Marius, et souleva par ses violences jusqu'à l'indignation de ses amis. Il imposa une constitution temporaire et repartit en Grèce. En 86, il avait repris Athènes et chassé de Grèce Mithridate ; il passa en Asie Mineure et contraignit rapidement Mithridate à traiter. Marius avait été rappelé entre-temps, mais Sylla refusa d'abandonner son pouvoir et se com porta en tyran en Grèce et en Asie ; en 84, Rome étant aux mains des populares, il se prépara à envahir l'Italie, soutenu par une armée dévouée, regorgeant de butins. Il aborda en 83 à Brindisi où il reçut l'appui du jeune Pompée, de Metellus Pius (un sénateur influent qui lui apporta l'approbation des optimates) et de Crassus. Une lutte acharnée s'ensuivit, et Sylla entra finalement vainqueur à Rome en 82 après la victoire de la porte Colline. Il fut élu dictateur, ce qui lui garantit une immunité totale, et prit le surnom de Felix (« Béni »). Il reprit alors à son compte la politique de Marius consistant à exterminer ses ennemis, en introduisant la méthode des proscriptions, affichages publics de listes de personnes que l'on pouvait tuer et dont les biens pouvaient être confisqués sans jugement, assassins et délateurs se voyant attribuer une récompense . Sylla se vengea également des villes ayant combattu contre lui ; leurs terres furent parfois saisies et distribuées à ses soldats. Ces événements inaugurèrent la dernière période de la République où des individus ambitieux s'appuyant sur le commandement des armées provoquèrent la ruine de l'Italie et l'effondrement des institutions. Après avoir fait ratifier sa politique en Orient, Sylla mit à exécution un plan de réforme constitutionnelle dont le but était d'améliorer l'efficacité de l'administration, d'accroître le pouvoir du Sénat et de limiter celui du peuple et de ses tribuns. Il fit passer le Sénat de 300 à 600 membres, en y faisant accéder beaucoup d'équités, auxquels furent par ailleurs retirés les pouvoirs judiciaires qu'ils avaient acquis sous les Gracques afin de les restituer au Sénat. Les pouvoirs et les carrières des magistrats (voir cursus honorum) furent strictement définis. Mais la mesure la plus importante fut la création d'un système de procédure pénale, les quaestiones perpetuae, l'une des rares réformes qui ne fut pas abolie après sa mort. Puis il renonça brusquement à la dictature et rétablit le fonctionnement des institutions en devenant consul en 80. Il se retira en 79 dans sa propriété où il rédigea ses mémoires en vingt-deux volumes (disparus) et mourut en 78.