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SUN YAT-SEN (1866-1925)

SUN YAT-SEN (1866-1925)

Homme politique chinois.

Sun Zhongshan (Sun Yat-sen) est le fondateur de la République chinoise et du Kuomintang (Guomindang), auxquels il a légué son idéologie : les « trois principes du peuple ».

Né le 12 novembre 1866 dans une famille de paysans pauvres à quelques lieues de Macao, au cœur d’une région traditionnellement ouverte sur l’extérieur, il n’a que treize ans lorsqu’on l’envoie rejoindre son frère aîné établi à Hawaii. L’adolescent y acquiert une admiration sans bornes pour les méthodes occidentales qui font la prospérité de la communauté chinoise d’Honolulu ; il peut constater l’impéritie et l’injustice des méthodes chinoises lorsque son frère le renvoie au village natal.

Le contraste entre le monde relativement américanisé où il vient de passer quatre années décisives (1878-1882) et l’univers traditionaliste qu’il retrouve se révèle assez vite insupportable : dès 1883, le jeune homme décide de s’installer à Hong Kong. Il se convertit aussitôt au christianisme et, dans le même temps, prend langue avec la puissante Triade (Sansehui), organisation secrète antimandchoue. Il obtient en 1892 un diplôme de « licencié en médecine et chirurgie ». La politique le sollicite, le radicalise. Il en fera son métier, et, ce faisant, inaugure un type encore plus nouveau dans la société chinoise en transition que celui de l’intellectuel frotté de techniques occidentales : celui du révolutionnaire professionnel, qui est au brigand ou au lettré de la tradition ce que le docteur, l’ingénieur ou le professeur sont au bachelier et au médecin.

De 1896 à 1911, Sun Yat-sen mène l’existence errante du proscrit. Il ne remettra pas le pied sur le sol chinois avant d’être proclamé président de la République, à la fin de l’année 1911. Ayant coupé sa natte dès 1895 - le geste symbolise le refus d’obéissance aux Mandchous honnis -, il s’habille désormais à l’occidentale.

Lorsqu’il résume l’expérience d’une décennie en une vaste somme (Sanmin Zhuyi, Les Trois Principes du peuple ou Le Triple Démisme, 1905), Sun Yat-sen rallie à son programme les divers groupes révolutionnaires ; il combine nationalisme, démocratie et socialisme (minsheng, ou « bien-être du peuple »). La formule continuera d’inspirer les générations révolutionnaires jusqu’en 1949, puis le régime nationaliste réfugié à Taïwan par la suite.

Sun Yat-Sen [Sun Zhongshan] (Tsui-heng, près de Canton, 1866-Pékin 1925) ; homme politique chinois.

Comme beaucoup de révolutionnaires modernes, S. est d’abord un critique de la société, y compris du mouvement réformateur. Il fréquente une école préparatoire à Honolulu, où son frère est commerçant, avant d’entamer des études de médecine dans un institut de Hong Kong fondé par les Anglais en 1892 et de se convertir au protestantisme. Bien que la Chine ait besoin de médecins, il est d’avis que l’acquisition des connaissances techniques et scientifiques en provenance de l’Occident n’est pas capable d’aider le pays tel qu’il est gouverné. Son activité médicale lui offre cependant la possibilité de diffuser les idées révolutionnaires. Il fonde à cet effet en 1894 l’Association pour le redressement de la Chine. La défaite de la Chine face au Japon en 1895 déclenche des mouvements aussi bien réformateurs que révolutionnaires. Les réformateurs, conduits par Hang Yu-Wei, s’efforcent de sauver la dynastie en préconisant des mesures d’urgence. Au contraire, S. et ses partisans s’activent à renverser le régime. Après l’échec d’une tentative pour occuper le siège du gouvernement de sa province natale du Guangdong, S. doit quitter le pays. Il passe dix-sept ans en Europe, en Amérique et au Japon où il se familiarise avec la forme gouvernementale de ces pays et où il fait de la propagande en faveur du mouvement révolutionnaire chinois. Le gouvernement mandchou trouve son activisme si dangereux qu’il n’hésite pas à le faire arrêter en 1896 par l’envoyé chinois à Londres. Lord Salisbury, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, obtient sa libération. S. et les réformistes établissent alors leur quartier général au Japon où, après le coup d’État de 1898, de nombreux jeunes Chinois se rendent pour suivre leurs études. En 1905, S. fonde un parti, la Ligue jurée, qui constitue le noyau du futur groupe révolutionnaire. Après la chute de l’ancien régime, il rentre en Chine en 1911 et il est élu premier président du gouvernement provisoire. Mais il doit s’effacer afin d’obtenir le soutien du tout-puissant chef militaire Yuan Shi-Kai. La trahison de ce dernier, qui ambitionne de devenir empereur, oblige S. à s’exiler à nouveau, mais plonge aussi le pays dans une série de guerres civiles qui ne s’achève que bien plus tard. S. est amené à approfondir et à réviser son programme politique, en tenant compte d’une part des appuis financiers et politiques apportés par les puissances occidentales à la dictature de Yuan Shi-Kai, et d’autre part du traité de Versailles qui ne fait aucune place à la Chine face au Japon. Il intègre aussi à sa réflexion le succès remporté par la révolution bolchevique. Cela conduit à une étroite coopération sino-russe. C’est ainsi que la réorganisation de l’armée révolutionnaire est entreprise avec l’aide russe. Une première étape importante est franchie avec l’établissement de l’Académie militaire de Wham-poa ; une autre est la restructuration du parti Guomindang créé en 1912 : au lieu de réunir seulement une élite révolutionnaire, il est transformé sur le modèle du parti communiste russe en un vaste mouvement rassemblant les paysans et les ouvriers. Ces mesures, ainsi que l’alliance conclue avec les nationalistes et les communistes, contribuent d’une manière décisive à la victoire du parti révolutionnaire sur les généraux séparatistes dans le nord de la Chine. S. entre à Pékin en 1925, l’année de sa mort. Le programme de S. se caractérise par le « triple principe populaire », à savoir le nationalisme, la démocratie et le socialisme : le premier terme signifie pour lui la libération de la Chine de la domination étrangère et l'union de tous les peuples du pays dans un Etat national ; la démocratie implique le suffrage électoral direct, inspiré des Constitutions américaine, suisse, britannique et française ; le troisième principe est le plus important, car il apporte une solution à la question de la propriété. Ce sont finalement les communistes qui mettent en pratique une partie du programme de S., notamment la réforme agraire qui joue un si grand rôle dans la victoire de Mao. La femme de S., belle-soeur de Tchang Kaï-Chek, se range du reste du côté des communistes.

Bibliographie : J. Chesneaux, Sun Yat-sen, 1959 ; M.-C. Bergère, Sun Yat-Sen, 1994.

SUN YAT-SEN (Xiangshan, Guangdong, 1866-Pékin, 1925). Homme politique chinois. Il fonda le parti nationaliste, le Guomindang. Après des études de médecine à Hong Kong où il se convertit au christianisme, il se lança à partir de 1894 dans l'action révolutionnaire et fonda la Société pour la régénération de la Chine, devenue en 1905 la Ligue jurée avant de se transformer en un véritable parti politique, le Guomindang (1912) dont le programme se résumait dans les « Trois principes du peuple » : nationalisme, démocratie, socialisme. Après plusieurs échecs suivis d'exils, il fit proclamer, à la faveur de la révolution de 1911, la République à Nankin dont il devint le président (1912) mais, sans forces militaires, dut s'effacer devant Yuan Shikai qui obtint l'abdication du dernier empereur mandchou. Exilé au Japon (1921), Sun Yat-sen se tourna vers la Russie soviétique, l'Occident lui ayant refusé toute aide financière et réalisa l'alliance entre le Guomindang et le Parti communiste chinois (1923-1924). Mort avant d'avoir pu assister au succès de l'expédition révolutionnaire vers le nord (1926-1927), Sun Yat-sen fut considéré en Chine comme le « Père de la République » et le « pionnier de la révolution ». Voir Mao Zedong.

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