Databac

SUBSTANCE / SUBSTANTIALITÉ / SUBSTANTIEL

SUBSTANCE, n.f. (lat. substare « être dessous »). ♦ 1° Dans les Principes de la philosophie, Descartes fait remarquer que le concept de substance n’est pas univoque. Si nous entendons par substance « une chose qui existe en telle façon qu'elle n'a besoin que de soi-même pour exister », cette définition ne convient qu'à Dieu. On a donc raison de dire, dans l’École, que le nom de substance a deux sens différents suivant qu’on l’applique à Dieu ou aux créatures. On ne peut pas dire que les créatures sont substances au sens où elles existeraient par elles-mêmes. On dira que, parmi les créatures, les substances sont celles qui n'ont besoin que du concours de Dieu pour exister. Les diverses substances ont un attribut fondamental : pour l’âme, c’est la pensée ; pour la matière, c’est l'étendue. Spinoza, définissant la substance « ce qui existe en soi et par soi », ne pouvait admettre qu’une seule substance (Dieu). ♦ 2° Parlant des êtres créés, nous appelons substance ce qui supporte les qualités ou accidents susceptibles de changement, ce qui subsiste à travers les changements, ce qui existe en soi (non par soi), la chose ou l'être même. (V., de Descartes, l'analyse du morceau de cire dans la deuxième Méditation). ♦ 3° Aristote et les scolastiques ont distingué la substance première ou être individuel existant, et la substance seconde, le type universel auquel se rattache l'être individuel (Pierre est substance première, l'homme substance seconde). Les substances secondes ne peuvent être appelées substances que par analogie. La vraie substance est réalité subsistante. ♦ 4° Kant. La substance est la première des trois catégories de relation, un concept a priori qui nous permet d'affirmer un attribut d'un sujet. Le principe de substance est une exigence de la raison. Il est ainsi énoncé dans la Critique de la Raison pure : « Tous les phénomènes contiennent quelque chose de permanent (substance) qui constitue l'objet lui-même. » ♦ 5° Pour les chimistes, la substance est une matière qui se distingue des autres corps par des propriétés physicochimiques que nous pouvons définir. ♦ 6° Par analogie, la substance est ce qui est constitutif d'une chose, l'essentiel d'un livre ou d'une théorie.

SUBSTANTIALITÉ. n.f. (de « substance »). ♦ 1° Le fait d'être une substance, aux sens 1° , 2° ou 3° ci-dessus. ♦ 2° Le caractère de ce qui est substantiel, c'est-à-dire qui a une réalité analysable, un contenu riche.

SUBSTANTIEL, adj. (de « substance »). ♦ 1° Qui appartient à la substance, qui constitue une substance aux sens 1° , 2° , 3°. ♦ 2° Qui est riche en substance, au sens 6°. ♦ 3° Ce qui est constitutif d'une chose, d'une œuvre, d'une institution, ce qui ne peut être modifié sans qu'on en change la nature. — Forme substantielle et forme accidentelle. La forme substantielle est le principe ontologique, l'idée de réalisation, l'art interne qui donne à la matière indéterminée une spécification et lui permet d'être ceci ou cela. « Une forme substantielle se distingue d'une forme accidentelle en ce que cette dernière ne donne pas absolument l'être mais un certain mode d'être. (...) La forme substantielle donne l'être absolument » (Saint Thomas D'aquin, Somme théologique, ia, q. 76, a.4) L'âme humaine est une forme substantielle.

Liens utiles