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STOÏCIENS (Les)

STOÏCIENS (Les)

Le stoïcisme, école du Portique (stoa en grec), naquit au IVe siècle av. J.-C. dans un monde grec en pleine mutation. Son histoire couvre plus de cinq siècles. Cette sagesse philosophique, qui exalte la liberté intérieure de l'homme, a continué par la suite d'exercer une influence ; citons par exemple : Montaigne, Descartes et Sartre. Zénon de Cittium (ville de Chypre) (336-264 av. J.-C), Cléanthe (321-223 av. J.-C) et Chrysippe (280-21 Oav. J.-C) : Rapportons quelques anecdotes à leurs propos. Zénon, alors très âgé, tomba par terre en sortant de son école, et se cassa le doigt. Il vit là une sorte d'avertissement, un appel à quitter la vie. Frappant la terre, il lui dit : « Je viens, pourquoi m'appelles-tu ? » Sur ces mots, il s'étrangla et mourut. Cléanthe, athlète au physique exceptionnel, n'était pas très intelligent, mais très fidèle à l'enseignement de Zénon. Alors qu'il souffrait d'un abcès à la gencive, les médecins lui demandèrent de ne pas manger pendant deux jours. Il le fit, puis décida de continuer son jeûne, et se laissa mourir de faim, considérant qu'il avait vécu assez longtemps.

Chrysippe, très habile dialecticien, travailleur infatigable, fit du stoïcisme un véritable système. On dit qu'il est mort de rire en voyant un âne manger des figues.




stoïciens. L'école stoïcienne de philosophie fut fondée à Athènes vers 300 av. J.-C. par Zénon de Kition (Chypre). Son nom dérive de la stoa Poi-kilè, à Athènes, où Zénon enseignait à ses disciples. Arrivé à Athènes vers 311 av. J.-C., celui-ci fréquenta d'abord l'Académie (école de Platon), avant d'adhérer à la doctrine de Cratès (voir cyniques). L'étude des oeuvres d'An-tisthène, fervent disciple de Socrate parfois considéré comme le créateur du cynisme, l'amena à la philosophie socratique, à partir de laquelle il fonda sa propre doctrine, le stoïcisme, qui reposait sur la logique, la théorie de la connaissance, la physique et surtout la morale. À sa mort, Athènes l'honora de funérailles publiques pour «avoir fait de sa vie un exemple pour tous, en suivant ses propres préceptes». Bien que peut-être moins strictement organisée que l'Académie et le Lycée (école d'Aristote), l'école stoïcienne fut maintenue vivante par ses dirigeants successifs jusqu'en 260 apr. J.-C. au moins et probablement un peu au-delà. Elle disparut petit à petit et n'existait plus lorsque l'empereur Justinien ferma les écoles philosophiques d'Athènes en 529 apr. J.-C. Le stoïcisme repose sur les principes suivants : la nature (c.-à-d. l'univers tout entier) est contrôlée par la raison (logos) qui s'identifie à Dieu et se manifeste sous la forme du destin (également appelé nécessité ou providence); tout ce qui se produit est en accord avec la raison divine. Le but de tout sage est donc d'accepter ce qui arrive et de vivre en harmonie avec la nature (ou la raison divine) ; telle est la vertu et le bien souverain. Tout ce qui arrive à l'homme doit nécessairement se produire; le sage doit parvenir à l'acceptation volontaire de son destin. Agir autrement signifie faire preuve non de vertu mais de faiblesse morale, qui est le seul vrai mal. Tout le reste, la douleur, la pauvreté, la mort (et même un rhume de cerveau, comme l'observait ironiquement le poète Horace à la fin de sa première Èpître) est « indifférent ». Il est impossible de détourner le sage de la vertu, car il connaît le vrai bien et est heureux. Il est également courageux, puisqu'il sait que la douleur ou la mort ne sont pas un «mal»; il possède en outre le contrôle de soi puisqu'il sait que le plaisir n'est pas le « bien ». En physique, le stoïcisme professe que la matière se divise en quatre éléments : la terre, l'air, le feu et l'eau. Le feu, l'élément le plus intimement lié à la divine raison, consume périodiquement l'univers qui renaît continuellement. Tout homme possède une étincelle de ce feu divin. Cette croyance est importante, car elle mène au concept stoïcien de fraternité universelle, qui abolit les distinctions entre Grecs et barbares, hommes libres et esclaves, et implique une bienveillance et une justice universelles. Malgré cela, le stoïcisme fut essentiellement une doctrine du détachement et de l'indépendance vis-à-vis du monde extérieur. Le successeur immédiat de Zénon fut Cléanthe, puis en 232 av. J.-C. Chrysippe qui compléta et systématisa la doctrine stoïcienne. Un des élèves de Zénon fut Sphairos, qui inspira la révolution sociale de Cléo-mène III à Sparte. Antigone Gonatas, roi de Macédoine de 277 à 239 av. J.-C., fut également influencé par le stoïcisme. Tous ces philosophes appartenaient à la stoa primitive. La période intermédiaire (IIe et Ier s. av. J.-C.) fut essentiellement représentée par Panaitios et Posidonios. Panai-tios, qui séjourna longuement à Rome, fut le premier à rejeter le concept de conflagration universelle périodique; il réfuta en outre l'affirmation selon laquelle seul le sage véritable peut être vertueux, enseignant que tout homme aspirant à la vertu progresse sur cette voie. A Rome, il fréquenta le cercle de Scipion Émilien dont la conception pratique de la morale stoïcienne, parfaitement adaptée aux vertus que l'on attendait des hommes d'État et des généraux, influença profondément les familiers, tels que C. Laelius, l'augure Q. Mucius Scaevola, et son homonyme le pontifex maximus. Les oeuvres de Panaitios eurent également de profondes répercussions sur Caton d'Utique, Brutus, Cicéron et beaucoup d'autres. Posidonios effectua une révision encore plus complète du stoïcisme des origines, et son influence fut considérable. Sous l'Empire romain, les stoïciens tardifs s'intéressèrent presque exclusivement à l'éthique. Ce furent, au Ier siècle apr. J.-C., Sénèque, Comutus, Musonius Rufus et, vers la fin du siècle, Epictète. Le néo-stoïcisme donna ses fondements philosophiques à l'opposition au gouvernement monarchique de l'empereur : Paetus Thrasea et son gendre Helvidius Priscus, farouches opposants de Néron, étaient des stoïciens. Les empereurs Vespasien et Domitien bannirent les philosophes de Rome. Mais au IIe siècle, après Épictète, le plus grand stoïcien fut l'empereur Marc Aurèle. Au IIIe siècle, l'école disparut progressivement, mais son influence se fit encore longtemps sentir à travers le néo-platonisme et elle imprégna le christianisme de quelques Pères de l'Église.

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