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STADION Johann Philipp, comte von

Homme politique autrichien. Ambassadeur à Stockholm, à Londres, à Berlin et, de 1803 à 1805, à Saint-Pétersbourg, où il négocia la troisième coalition contre la France, il fut nommé chancelier et ministre des Affaires étrangères en déc. 1805, après le traité de Presbourg. Il se mit à travailler à la revanche autrichienne, mais, resté un homme d'Ancien Régime, il ne sut pas réaliser les réformes profondes qui auraient renouvelé l'Empire et suscité un sursaut national. Sans s'être assuré d'alliance, il rouvrit la guerre en 1809, mais, après la défaite de Wagram, il dut céder la place à Metternich. Il fut, de 1815 à sa mort, ministre des Finances. Voir AUTRICHE. L'Autriche, carrefour de l'Europe. L'Autriche chassée de l'Allemagne et de l'Italie.

Stadion, Johann Philipp, comte de (Mayence 1763 - Wiener-Baden 1824); homme politique autrichien.

Né à Mayence, S. participe de 1783 à 1787 au Conseil impérial privé avant d’être envoyé comme ambassadeur d’Autriche à Stockholm puis à Londres à partir de 1790. Il est durablement impressionné par la vie constitutionnelle anglaise, ce qui fait de lui un disciple de Burke et un adversaire résolu de la Révolution française. Il y remporte en même temps un premier succès diplomatique en réussissant à convaincre le jeune Pitt de la nécessité de la lutte contre la Révolution. Après s’être retiré provisoirement de la diplomatie - comme Kaunitz, il désapprouve la politique à courte vue de Cobenzl - il poursuit ses efforts pour la formation d’une grande coalition durant son ambassade à Berlin en 1801 et à Saint-Pétersbourg en 1803, et gagne le tsar à l’idée d’une alliance défensive qui débouche sur la troisième et malheureuse guerre de coalition. Après la paix de Presbourg, S., désormais ministre des Affaires étrangères, s’attache au renforcement intérieur de l’Autriche, à la mise en place d’une administration centrale et d’une éducation nationale et à la stimulation de la vie économique : avec le nouveau Code de lois (1808) et la formation d’une armée populaire territoriale, mise en oeuvre par l’archiduc Jean, ces mesures doivent constituer l’assise d’une guerre nationale contre Napoléon Ier. S. parie sur l’éveil d’un nationalisme allemand contre la France impériale. Une presse et une historiographie officieuses entretiennent une campagne de réveil national, encouragée de Paris par Metternich. Mais les réformes de S., homme d’Ancien Régime, ne sont pas socialement suffisamment profondes pour régénérer l’empire et provoquer le sursaut attendu. Contraint à louvoyer, S. se trouve confronté à l’ultimatum adressé par Napoléon à François II pour qu’il renonce à la couronne impériale romaine et dissolve le Saint-Empire, et ne peut empêcher la fondation de la Confédération du Rhin. L’espoir nourri par S. de voir le soulèvement autrichien de 1809 s’élargir en un soulèvement populaire allemand général ne se réalise pas. La Prusse se dérobe à ses pressions et l’archiduc Charles, qui ne s’est rallié qu’à contrecoeur à l’idée d’une guerre offensive, gâche, certainement pas par hasard, l’effet stratégique de surprise. La défaite de Wagram conduit à la chute de S. Il considère avec scepticisme la politique de son successeur Mettemich, auquel il était à l’origine lié d’amitié, car celui-ci méprise selon lui sans nécessité les intérêts nationaux allemands, préparant ainsi la séparation de l’Autriche et de l’Allemagne. En 1813, S. quitte l’Autriche pour assurer en tant que ministre plénipotentiaire autrichien la liaison avec les Coalisés. L’activité de S. comme ministre des Finances de 1815 à sa mort est très fortement entravée par l’immobilisme en politique intérieure de François II et de Mettemich. On lui doit la création de la Banque nationale d’Autriche et l’uniformisation de l’impôt foncier.

Bibliographie : J. Droz, Le Romantisme allemand et l'État, 1966, p. 165-166.

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