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ST. THOMAS : LE DROIT HUMAIN NE PEUT DÉROGER AU DIVIN

ST. THOMAS : LE DROIT HUMAIN NE PEUT DÉROGER AU DIVIN

Pour saint Thomas d'Aquin et la tradition chrétienne, les lois des hommes découlent de la « loi naturelle » (d'après laquelle ils distinguent le bien et le mal), elle-même participation de la loi éternelle de Dieu. Aussi le droit humain, qui trouve sa légitimité en ce qu'il est une application particulière et circonstancielle de la loi naturelle, ne saurait contredire cette loi divine.

« En effet rien de ce qui est de droit humain ne saurait déroger à ce qui est de droit naturel ou de droit divin. Or selon l’ordre naturel institué parla divine providence, les réalités inférieures sont subordonnées à l’homme, afin qu’il les utilise pour subvenir à ses besoins, n en résulte que le partage des biens et leur appropriation selon le droit humain ne supprime pas la nécessité pour les hommes d’user de ces biens en vue des besoins de tous. Dès lors, les biens que certains possèdent en surabondance sont destiné, par le droit naturel, à secourir les pauvres. C'est pourquoi saint Ambroise écrit : “Le pain que tu gardes appartient à ceux qui ont faim, les vêtements que tu caches appartiennent à ceux qui sont nus et l'argent que tu enfouis est le rachat et la délivrance des malheureux.” Or le nombre de ceux qui sont dans le besoin est si grand qu'on ne peut pas les secourir tous avec les mêmes ressources, mais chacun a la libre disposition de ses biens pour secourir les malheureux. Et même, en cas de nécessité évidente et urgente, où il faut manifestement prendre ce qui est sous la main pour subvenir à un besoin vital, par exemple quand on se trouve en danger et qu'on ne peut pas faire autrement, il est légitime d'utiliser le bien d'autrui pour subvenir à ses propres besoins ; on peut le prendre, ouvertement ou en cachette, sans pour autant commettre réellement un vol ou un larcin. »

Thomas d'AquinSomme Théologique, lIa, nae, q. 66, a. 7

ordre des idées

1) Un principe fondamental : Le droit humain (c'est-à-dire le droit réel, tel qu'il est défini par les lois d'un Etat) ne saurait contredire le droit naturel c'est-à-dire divin (puisque l'ordre naturel est voulu par Dieu).

2) Une loi spécifique du droit naturel : Les choses et des animaux du monde (les « réalités inférieures ») ont été mises (par Dieu) à la disposition de l'homme pour subvenir à ses besoins fondamentaux ; donc tout homme à le droit d'en user.

3) Première conséquence : La propriété privée (donc le partage des biens) n'est légitime que dans la mesure où elle n'empêche la satisfaction des besoins vitaux d'aucun homme.

4) Deuxième conséquence : Il est licite en cas de nécessité d'user de la propriété d'autrui pour satisfaire ses propres besoins ou ceux d'autres hommes.

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