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SOLIDARITÉ

SOLIDARITÉ, n.f. (lat. solidum «tout d'une pièce»). L'origine de ce mot est un terme du droit romain désignant chacun des débiteurs comme responsable de la totalité d'une dette. La solidarité est le caractère de ce qui est lié fermement, soudé, à la limite inséparable. C’est un caractère de dépendance réciproque. ♦ 1° La solidarité est d’abord un fait : c'est l'interdépendance des personnes et des choses (des habitants d'une même ville, de la population d’un pays, des générations). C. Bernard a parlé de la solidarité des phénomènes à l'intérieur des corps vivants : ils retentissent les uns sur les autres. La solidarité est souvent ressentie comme une communauté de situation ou d'intérêts (solidarité des élèves d'une classe, solidarité ministérielle, solidarité des membres d'une même famille ou d'une même profession). Les lois d’un pays peuvent définir des solidarités de droits, d'obligations ou de responsabilités. ♦ 2° Le fait de la solidarité peut être fondateur de devoirs. Auguste Comte, constatant ce que chaque génération doit à celles qui l'ont précédée, conclut qu'elle doit rendre gratuitement aux suivantes un certain nombre de services. D'où le devoir de soutien entre les générations et, au sein d’une génération, entre les membres d’une même famille, d’un même groupe, d'une même nation. Des socialistes (Leroux, Bourgeois) ont voulu faire de la solidarité: le substitut de la charité chrétienne et instituer une morale de la solidarité. Le passage du fait au devoir de solidarité nécessite une étude critique sérieuse. Si le soutien et l'entraide: entre les hommes est incontestablement un devoir, certaines solidarités ne sont pas du tout morales. Par exemple, la solidarité dans le mensonge, la fraude ou le crime, la «loi du milieu». ♦ 3° Dans une encyclique récente (Sollicitudo rei socialis, du 30 décembre 1987), le pape Jean Paul II a présenté la solidarité comme une vertu chrétienne reposant non pas simplement sur les liens naturels étroits qui existent entre les hommes, mais essentiellement sur la conscience de la paternité commune de Dieu, qui a fait de tous les hommes des frères.

SOLIDARITÉ
(Du latin solidus, massif.) Dépendance réciproque des éléments d’un tout, qu’il s’agisse d’un organisme vivant ou d’une société.
♦ Durkheim distingue la solidarité mécanique, qui caractérise les sociétés peu différenciées et s’exerce entre individus semblables les uns aux autres, de la solidarité organique qui se rencontre dans les sociétés complexes en vertu de la division du travail entre individus remplissant des fonctions différentes et complémentaires. Quand elle se traduit par des échanges fructueux entre les hommes ou les nations, la solidarité est d’ailleurs facteur de liberté (Proudhon).
♦ La solidarité désigne aussi une dépendance unilatérale : telle est l’hérédité biologique ou l’héritage culturel. En ce sens on parlera de la « dette » des générations présentes à l’égard des générations passées, en fonction d’une solidarité verticale et historique qui fait dire à Comte que l’humanité est davantage faite de morts que de vivants. Notion morale, la solidarité est un devoir qui découle non seulement de ce qui précède mais encore de la prise de conscience des obligations réciproques qui lient tout homme à ses semblables.

solidarité, dépendance mutuelle entre les hommes. — La solidarité est en ce sens un « fait naturel » lié à la vie en société : par exemple, la solidarité est un fait dans le travail à la chaîne; c'est pourquoi, aussi, le travail en usine, en vertu même des conditions de dépendance réciproque qu'il implique, institue entre les ouvriers une solidarité plus grande qu'entre les paysans, par exemple (où chacun est souvent propriétaire chez soi), ou les membres des professions dites « libérales ». — La solidarité peut être aussi une « vertu », un sentiment qui pousse les hommes à s'accorder une assistance mutuelle; c'est cette solidarité « active » qui fait que les uns ne peuvent être heureux que si les autres le sont aussi, qu'un homme ne peut se sentir vraiment libre que si tous les hommes du monde sont libres. A ce niveau, la solidarité n'est plus un fait social mais une valeur morale.

Solidarité Principe de conduite morale enseigné par la tradition humaniste. 1 II s’exprime dès le XVIIIe siècle dans la volonté de transformer le monde pour le bien de tous (cf. Progrès) et au XIXe siècle sous forme d’idéalisme social et humanitaire (Michelet, Histoire de France, Le Peuple; Hugo, Les Misérables, La Légende des Siècles; Vigny, Les Destinées). 2 Au XXe siècle, sous l’effet des épreuves de l’histoire, il est particulièrement valorisé par réaction contre l’individualisme, conjointement avec l’idée de Responsabilité et le devoir d'engagement : Martin du Gard, Les Thibault; Romains, Les Hommes de bonne volonté; Aragon, Les Cloches de Bâle; Saint-Exupéry, Terre des hommes, Citadelle; Malraux, La Condition humaine, Le Temps du mépris, L’Espoir; Sartre, Les Mouches, Le Diable et le Bon Dieu; Camus, La Peste; Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée (La Force de l’âge); Ajar, L’Angoisse du roi Salomon.

SOLIDARITE. Sentiment qui incite les hommes à s’unir, à coopérer et à s’accorder de l’aide mutuellement. Adler emploie parfois ce terme en tant que synonyme de sens social, sentiment social ou sens communautaire. D’autres parlent de convivialité. Tout récemment 1a notion apparaît dans les écrits de Herbert Marcuse.