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SOCRATE (vie et oeuvre)

Accusé de corrompre la jeunesse et de ne pas respecter les dogmes de la religion officielle de son temps, il a été condamné à boire la ciguë, poison mortel. Son procès est relaté par Platon dans l'"Apologie de Socrate". Maître de Platon, qui fut maître d'Aristote, déjà célèbre en son temps à Athènes, Socrate est considéré comme le père de la philosophie occidentale, l'archétype même du philosophe. Il n'a rien écrit lui-même et sa vie est auréolée de légende.

Un sage courageux
Socrate est né en 470 (ou 469) à Athènes. Son père était sculpteur et sa mère sage femme. Il suivit une éducation classique et participa à trois campagnes militaires. Ses actes de courage sont légendaires. Il épouse Xanthippe, célèbre pour son mauvais caractère; il aura trois fils. La Pythie de Delphes ayant déclaré qu'il était e plus sage de tous les hommes, il se consacra à la philosophie. Son «enseignement» consistait à se promener dans l'agora en questionnant les passants.

La mort du philosophe
Socrate s'entoure d'un cercle de disciples. Parmi les plus célèbres: Platon (celui-ci a 20 ans quand il le rencontre, en 407), Antisthène le Cynique, Euripide le dramaturge, le débauché Alcibiade, l'historien Xénophon, etc. En 399, trois citoyens l'accusent d'introduire des nouveaux dieux et de corrompre la jeunesse. Gênés depuis longtemps par son insolence, les Athéniens le condamnent à mort. Socrate refuse les derniers recours et boit la ciguë, entouré de ses amis.

OEUVRES

«Je n'ai pas d'autre but, en allant par les rues, que de vous persuader, jeunes et vieux, qu'il ne faut pas donner le pas au corps et aux richesses et s'en occuper avec autant d'ardeur que du perfectionnement des âmes. (…) Je suis le taon qui, de tout le jour, ne cesse jamais de vous réveiller, de vous conseiller, de morigéner chacun de vous…» Platon, "Apologie de Socrate".
La laideur de Socrate était légendaire. Il était barbu, chauve, avait le nez épaté et ressemblait à un satyre, comme le fait remarquer Alcibiade dans "Le Banquet".
Selon Eschine, c'est Aspasie, la fameuse courtisane, maîtresse de Périclès, qui aurait enseigné à Socrate la doctrine selon laquelle l'amour rend les hommes meilleurs.
Au siège siège de Potidée, Socrate sauva la vie d'Alcibiade en allant le chercher alors que celui-ci, blessé, était sur le point de tomber aux mains de l'ennemi. Le même Alcibiade rapporte que «un jour, entre autres, que nous avions la plus terrible gelée (…), il sortait n'ayant pas sur lui d'autre manteau que celui-là même qu'il avait coutume de porter auparavant, et pieds nus, il circulait sur la glace plus aisément que les autres avec leurs chaussons.»
Un jour, un interlocuteur, à court d'arguments, donne un soufflet à Socrate. Celui-ci répond: «Il est fort ennuyeux de ne pas savoir quand il faut mettre un casque avant de sortir.»
A un philosophe cynique qui exhibait sa pauvreté, Socrate dit: «Je vois ta vanité à travers les trous de ton manteau.»
A propos des marchandise étalées sur l'agora: « Peu de choses dont je n'ai pas besoin!»
A propos des marchandise étalées sur l'agora: « de choses dont je n'ai besoin!»
«Nul n'est méchant volontairement.» Platon, "Timée"
A Xanthippe, sa femme qui se lamente qu'il soi condamné à mort injustement: «Aurais-tu préféré que ce fût justement?»
Socrate disait qu'un «démon» intérieur, une sort de voix divine, lui donnai des avertissements dans le moments difficiles.

Le siècle de Périclès
Socrate vit au Ve siècle avant Jésus-Christ. C'est, politiquement et culturellement, l'apogée d'Athènes, la période que l'on a appelée le siècle de Périclès, du nom du stratège (chef politique et militaire) qui contribua à établir la grandeur militaire d'Athènes en même temps que la démocratie.
Socrate, Sophocle, Euripide, Aristophane, Platon, Phidias, Hérodote, la courtisane Aspasie sont les grandes figures de cette période.

La naissance de la philosophie
Les philosophes présocratiques avaient déjà tenté de donner une explication de l'Univers. Mais c'est Socrate qui, le premier, attribue une mission morale, voire politique, a la philosophie. Philosopher, c'est rechercher ce que sont le bien, le vrai, le beau, par-delà toutes les opinions subjectives et les appétits matériels. Le dialogue, c'est-à-dire l'art de confronter les arguments, en est la méthode; l'ironie, le style. Car Socrate pense que la vérité et le bien sont universels et que chacun les porte en soi, même s'il ne le sait pas.

APPORTS

Socrate est à l'origine de la philosophie conçue comme recherche de la vérité fondée sur une justification rationnelle et inséparable d'une conduite morale. Par sa vie, il incarne la résistance du philosophe à l'ignorance, au conformisme, au pouvoir.

La méthode socratique. Persuadé que la vérité est une et immuable et que chacun la porte au-dedans de soi, Socrate fonde sa méthode philosophique sur le dialogue avec le tout-venant et sur la maïeutique, ou art d'accoucher les esprits. En questionnant son interlocuteur, souvent avec ironie, Socrate ruine ses certitudes et l'amène à redéfinir les valeurs essentielles. Il affirme ainsi la nécessité d'une cohérence rationnelle dans la philosophie. La morale. Se démarquant des explications physiciennes de l'univers données par les présocratiques (Pythagore, Héraclite, Parménide, etc.), Socrate est le premier qui s'interroge véritablement sur le sens de l'existence, sur le bien-fondé des raisons qui nous poussent à agir quotidiennement. Il se moque de l'opinion des autres et dénonce les illusions après lesquelles la plupart des hommes courent. En cela, il peut être considéré comme le premier moraliste.

Postérité/Actualité. Plus qu'un système philosophique, Socrate nous donne l'exemple de l'attitude philosophique par excellence: mettre en question les idées reçues et rechercher la vérité à l'aide de la Raison. C'est ce qui explique que tant de philosophes, même professant des doctrines opposées, se sont réclamés de lui. En effet, ce que Socrate nous enseigne avant tout, c'est à être critiques.

CITATION A RETENIR

SOCRATE (468-344 AV. J.-C.) : « Il me semble en somme que je suis tant soit peu plus savant […] en ceci au moins que je ne crois pas savoir ce que je ne sais pas. »

Socrate n'est pas un auteur du programme. Cela n’est guère étonnant si l’on sait que Socrate n’a rien écrit. Pourtant c’est principalement (mais pas uniquement) grâce aux écrits de son élève Platon, qu’il est possible de reconstituer ce qu’a dû être son enseignement.

Que faut-il en retenir ? Tout d’abord, contrairement aux sophistes, auxquels il est souvent opposé, Socrate ne prétend pas posséder le savoir. Il est le plus sage parce qu’il sait qu’il ne sait pas. Est-ce à dire qu’être ignorant vaudrait mieux qu’être sage ou savant ? Non, l’ignorance de Socrate n’est pas celle du paresseux qui ne se donne pas la peine d’étudier pour apprendre, elle est bien plutôt l’expression d’un sens critique aigu. Socrate, en effet, avait une vive conscience des insuffisances de la pensée des sophistes, qui se contentaient d’un savoir et d’une sagesse apparentes. Ces faux savants, au nom d’une compétence spécialisée ou d’une maîtrise plus grande du discours, avaient la prétention d’être plus sages que les autres et, du coup, voulaient exercer sinon le pouvoir, du moins être les meilleurs professeurs et éducateurs de ceux qui seraient amenés un jour à exercer des responsabilités dans la cité. Travailler donc à déjouer ces prétentions, en soumettant son interlocuteur à une série de questions qui ont pour effet de le mettre en contradiction avec lui-même, telle est la « méthode socratique ». Elle exige une certaine vivacité d’esprit dont le candidat au baccalauréat fera bien de se rappeler.

On peut donc dire qu'au total, Socrate n’enseigne pas à proprement parler de doctrine positive, c’est bien davantage la manière dont il interroge, critique et examine les autres savoirs qui constitue le trait dominant de sa pensée. Cette ironie socratique se traduit dans la pratique par le souci, toujours présent, d’essayer de définir ce dont on parle. C’est la fameuse question socratique : « qu’est-ce que… ? » qui motive et relance le débat, qu’il soit question de se demander ce qu’est la vertu, le courage, l’amitié, la beauté, le bien ou la meilleure organisation pour la cité, etc… Il ne suffira pas aux interlocuteurs de Socrate de répondre en donnant des exemples de choses ou d’actions belles ou vertueuses; l’interrogation socratique est d’abord exigence de définition. Cette définition doit exprimer ce qu'est la chose dont il est question, ce qu’on appelle en termes plus techniques son essence, laquelle ne saurait se confondre avec une collection d’exemples. Cet esprit d’examen peut conduire à une impasse : aucune des définitions proposées ne résistant au travail critique du philosophe. A-t-on perdu son temps ? Peut-être pas si l’on tient compte du fait que l’on s’est libéré d’un certain nombre d’opinions, de préjugés et de croyances qui nous illusionnaient en nous faisant croire que nous étions en possession d’un savoir véritable. L’état d'aporie est la conséquence de cette démarche, il peut engendrer un certain scepticisme dans l’ordre de la connaissance, de l’indécision dans le domaine de l’action, voire une indifférence à l’égard de la vérité et du bien. Toutefois, en nous délivrant de nos opinions Socrate libère le champ pour le savoir véritable et nous apprend à davantage nous connaître. C’est là le sens du « connais-toi toi-même » qui est un des mots d’ordre du socratisme.

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