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Similitude

La similitude est une figure microstructurale. Suivant emblématiquement Aristote et Quintilien, on admettra que toute métaphore est une similitude abrégée. La différence qu ’il y a entre l’une et l’autre, c’est que dans celle-ci, on compare la chose dont on parle avec l’image qui la représente, et que dans celle-là, l’image se met pour la chose elle-même. Quand Homère dit d’Achille : « Il s’élança comme un lion», c’est une similitude; mais quand on dit : «Le lion s’élança», c’est une métaphore. Comme les deux sont courageux, le poète a pu, par métaphore, appeler Achille un lion. Il est réjouissant de voir à quel point les pères fondateurs, les plus profonds et les plus grands, expriment si bien ce que notre rhétorique structurale, mise à l’œuvre dans cet humble ouvrage pour la théorie générale des figures, explique précisément et catégoriquement, à propos de la structure sémantique de la métaphore, contrairement à toute la tradition scolaire française. On se reportera donc à l’article métaphore, dans lequel on explicite tout au long comment ce trope est fondé, dans sa première construction de signification, sur l’état appelé comparaison. On admettra ainsi que comparaison et similitude sont synonymes.

On peut cependant spécifier un sens particulier de similitude, qui en fasse une espèce de comparaison : ce que l’on désigne en grec par analogie (comparaison étant icône). C’est une phrase établie sur quatre termes, par exemple : la coupe est à Dionysos ce que le bouclier est à Arès. On parle en l’occurrence des attributs-emblèmes de chacun des deux dieux. La manipulation tropique, donc métaphorique, de la similitude donnera : la coupe est le bouclier de Dionysos, et le bouclier est la coupe d’Arès. Dans ce type, Aristote recommande bien d’observer le rapport réciproque des deux termes appartenant au même genre. La base est ainsi que, sur les quatre termes en jeu, le second ait le même rapport au premier, que le quatrième au troisième. Aristote va très loin dans l’analyse de la similitude comme structure profonde de la métaphore. Sur l’exemple suivant, il prend les choses à rebours. « Semer» signifie l’action du laboureur qui répand les semences dans le sein de la terre; et pour exprimer l’action du soleil qui répand partout ses rayons, on manque de terme propre. Cependant, cette chose que je veux exprimer a le même rapport avec la lumière que « semer» avec les grains; c’est pourquoi un poète a dit, parlant du soleil, « semant sa lumière divine», avec une épithète explicative après le segment métaphorique, pour favoriser l’interprétation. La base de la métaphore est ici une similitude sans quatrième terme analogique. Les similitudes, comme les métaphores, doivent être compréhensibles, non «tirées de trop loin», cohérentes, point trop abondantes, mises à propos, et toujours de bon goût. Ces précautions scrupuleusement suivies, les similitudes forment un puissant moyen d’ornement dans le discours, capables évidemment de plaire et de toucher, mais même d’instruire.

=> Figure, microstructurale; trope, métaphore, comparaison, image; ornements, plaire, toucher, instruire.

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