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Silius Italicus

Silius Italicus (Tiberius Catius Asco-nius Silius Italicus, v. 26-v. 101 apr. J.-C.). Poète latin. Sa vie nous est principalement connue par une lettre de Pline le Jeune (Lettres, III, 7), et par des allusions dans les épigrammes de Martial. Il est probablement né à Pata-vium (Padoue) ; s'étant fait une réputation comme avocat, il fut consul en 68, dernière année du règne de Néron. Plus tard, vers 77, il fut proconsul d'Asie, et on loua sa bonne administration. Ensuite il vécut retiré dans ses propriétés près de Naples. C'était un homme riche : il acheta des maisons de campagne, notamment une villa ayant appartenu à Cicéron, qu'il révérait; il collectionnait les livres et les oeuvres d'art. Il avait une admiration profonde pour Virgile, dont il restaura le tombeau, qui se trouvait dans une de ses propriétés près de Naples. À l'âge de soixante-quinze ans, apprenant qu'il était atteint d'une maladie incurable, il se laissa mourir d'inanition. Son poème intitulé Punica est le plus long qui nous reste en langue latine : c'est une épopée de dix-sept chants en hexamètres sur la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.). Elle s'ouvre sur le serment d'Hannibal, sa nomination comme général en chef, et, à part une digression relative au général romain Regulus et une autre sur Anna, soeur de Didon, le récit suit les principaux épisodes de la guerre : la traversée des Alpes, les batailles du Tessin, de la Trébie et de Trasimène, Cannes, la prise de Syracuse, la bataille du Métaure, la venue de Scipion en Espagne et en Afrique et la victoire finale à Zama. Martial loue vivement en Silius l'héritier de Virgile, mais on donne plus volontiers raison à Pline le Jeune, pour qui Silius écrit « avec plus de soin que de génie », majore cura quam in-genio. Le poète emprunte la matière à Tite-Live, la forme à Virgile et à Lu-cain. À la suite de Virgile (et contrairement à Lucain), il conserve l'intervention des dieux dans les conflits, traditionnelle dans l'épopée depuis Homère. Or, pour mythologiser le monde réel d'Hannibal et de Scipion, pour y mélanger sans maladresse les dieux et les hommes, il faut un peu plus de tact et de délicatesse que n'en montre cet auteur ; ainsi, il est un peu bizarre de voir Hannibal sauvé par la déesse Junon, exactement comme dans l'Enéide le légendaire Turnus. D'autres ingrédients, traditionnels dans l'épopée, que Silius croit devoir introduire, sont tout aussi incongrus : par exemple les catalogues (des alliés d'Hannibal, des troupes romaines à Cannes), les jeux funéraires, la description du bouclier d'un héros (celui d'Hannibal), les Néréides (divinités marines) que dérange une grande flotte de guerre (la flotte carthaginoise), ou encore les duels verbaux des antagonistes sur le champ de bataille. Le manque de proportions, de bon sens, fait oublier la grandeur du sujet — l'héroïsme des Romains, qui se relèvent de la défaite et remportent la victoire; certains aspects sont déplaisants, comme la complaisance dans la description très réaliste des massacres (on peut y reconnaître l'influence de Lucain). D'une manière générale, c'est une oeuvre ennuyeuse et sans vie, qui n'a pas la vigueur de celle de Lucain. Cependant l'écriture est claire et directe, la composition coule aisément, et les épisodes courts sont bien racontés. Quelques expressions sont restées célèbres : rarae fumant felicibus arae, « les autels des heureux ne fument pas souvent [de la fumée des sacrifices] » ; ou encore explorant adversa viros, «l'adversité est le révélateur des hommes ».

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