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Si le grain ne meurt d'André GIDE, 1926, Folio

• Sous ce titre emprunté à un verset de la Bible qui évoque le grain de blé qui germe pour produire un nouvel épi, Gide raconte son enfance et les métamorphoses de sa jeunesse jusqu'à ses fiançailles avec sa cousine Emmanuelle, de son vrai nom Madeleine Rondeaux (1895). • Gide ne dédaigne pas les anecdotes pittoresques et parle avec tendresse de l'univers de son enfance, mais il est essentiellement attentif à l'élucidation de lui-même, à l'analyse des influences qui se conjuguent en lui et à tous les signes de la singularité que dès l'âge de douze ans il s'attribuait déjà : Je ne suis pas pareil aux autres! Le fait dominant de sa vie est la lutte qui se développe chez lui entre les contraintes de la morale calviniste et l'appel de la liberté. Le conflit éclate au grand jour quand il va soigner ses poumons en Afrique du Nord (octobre 1893). Il cède alors à la tentation de la sensualité, péché par excellence pour une conscience puritaine, d'abord avec une fille des oasis, puis avec de jeunes Arabes, bravant les interdits sans faire taire ses remords. Il reste même plus que jamais attaché à sa cousine Emmanuelle qu'il aime d'un pur amour depuis son enfance. À son retour en France, on célèbre leurs fiançailles :... en Emmanuelle n'était-ce pas la vertu même que j'aimais! C'était le ciel que mon insatiable enfer épousait. • Ce livre qui fait songer aux Confessions de Rousseau par son souci de sincérité, par les conflits qui s'y révèlent et par le classicisme de la langue est un témoignage important sur l'époque où Gide a conçu Les Nourritures terrestres et sur les sources autobiographiques de L'Immoraliste et de La Porte étroite. Il fournit les clefs de ce moi que Gide interroge presque quotidiennement dans son Journal tout en l'explorant dans ses oeuvres de fiction.

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