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SHINTÔ

Religion du Japon, de caractère animiste. Elle reconnaît des milliers de dieux (les kami) et trois divinités suprêmes qui sont, elles aussi, des personnifications des forces naturelles : la déesse du Soleil, Amaterasu-Omikami, le dieu de la Lune, Tsukiyomi, et le dieu des Océans et des Tempêtes, Susanowo. Au mythe solaire d'Amaterasu se rattache le mythe de la divinité impériale, le premier empereur légendaire du Japon, Jimmu Tenno, étant considéré comme le descendant direct d'Amaterasu. Transmises pendant des siècles oralement, les traditions religieuses japonaises ne furent mises par écrit qu'à partir du VIIe s. de notre ère, dans deux récits historico-légendaires, le Kojiki (commencé vers 680) et le Nihongi (720). Plus tard furent composés des recueils de lois politiques et religieuses : le plus important est l'Engishiki (vers 900/30). Dès le VIIIe s., le shintô (ce mot signifie en japonais la « Voie des kami ») fut étroitement lié à l'État. Mais cette religion rudimentaire ne pouvait résister à l'intrusion du bouddhisme. Il en résulta une sorte de syncrétisme bouddhiste-shintoïste, le ryobushintô, qui devait rester pendant un millénaire (VIIIe/XIXe s.) la religion officielle du Japon, le bouddhisme lui-même poursuivant par ailleurs son évolution dans les sectes. Au XVIIIe s. s'affirma une réaction contre ce syncrétisme, une volonté de retour aux authentiques traditions nationales. Cette réaction fut l'œuvre d'un groupe d'érudits, les wagakusha, dont le chef de file fut Motoori Norinaga, auteur de nombreux ouvrages, entre autres du Kojikiden ou Explication du Kojiki. En exaltant le lointain passé japonais et l'origine divine des empereurs, Motoori et ses disciples préparèrent la chute du shôgunat et la révolution nationale de 1868. Celle-ci fut suivie par un puissant renouveau du shintoïsme, aux dépens du bouddhisme, entre 1868 et 1884. Le shintô fut proclamé religion d'État et le bouddhisme expulsé des sanctuaires shintoïstes. Cependant, la protection de l'État ne pouvait compenser la carence du shintô dans le domaine métaphysique, et le bouddhisme, qui avait fait depuis mille ans l'éducation de l'âme japonaise, ne pouvait être ainsi aboli. À partir de 1884, la politique impériale en matière de religion se fit plus souple. Tandis que la grande majorité des Japonais restait attachée au bouddhisme, on institua un shintô d'État, qui n'est pas à proprement parler une religion, mais un ensemble de rites et un mouvement national exprimant la fidélité du peuple à l'empereur et aux traditions du Japon. Jusqu'en 1945, tous les Japonais, quelle que fût leur religion personnelle, étaient tenus d'adhérer à ce shintô d'État. D'autre part subsistait un shintô purement religieux, qui s'exprimait dans des sectes apparues dans la première moitié du XIXe s. (Kurozumi Kyo, Konko Kyo et Tenri Kyo). Le shintô d'État avait été un puissant inspirateur du patriotisme japonais. Après la défaite de 1945, parmi les mesures imposées par l'occupant américain, figurèrent l'abolition du shintô d'État et la renonciation solennelle de l'empereur à sa dignité sacrée (1946). Le shintô continue cependant à faire preuve d'une puissante vitalité.

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