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SERRES (Michel)

 

SERRES (Michel). Philosophe et épistémologue français né en 1930. Déçu par toutes les idéologies qui ont inspiré la première moitié du XXe siècle, Michel Serres s'est appliqué à «repenser les conditions de la connaissance, du pouvoir, de la science». Il voudrait établir un rapprochement entre les idées scientifiques les plus rigoureuses et ce que nous savons de l’homme. Mais sa pensée n'est pas totalisatrice. Serres se montre très attaché à l'idée de pluralisme. Pour lui, on ne peut parler de vérité qu'à l'intérieur d'un domaine bien circonscrit. Diverses vérités ne doivent pas s’exclure et il faut, à partir d’elles, chercher des formes de pensée intégrantes. Michel Serres est de l’Académie française. Citons, parmi ses œuvres, Hermès I-V, Esthétiques sur Carpaccio (1975), le Parasite (1979), Genèse (1982), Rome, le Livre des fondations (1983), les Cinq Sens (1985), le Contrat naturel (1990).

 Philosophe et épistémologue français. Concevant le travail philosophique comme « une dure navigation solitaire », sans maîtres ni disciples, il prend acte de la fin des grandes idéologies pour affirmer une « retraite » nécessaire de la réflexion, indépendamment de l'État et du politique. Mais c’est qu'il appartient à une génération élevée dans la violence de l'histoire européenne. Dès lors, il s'agit de « repenser les conditions de la connaissance, du pouvoir, de la science, pour aller au-delà » d'une « histoire débile » et débilitante sanctionnée par Hiroshima.

♦ La réflexion sur la science contemporaine ne peut que constater en particulier son articulation avec le pouvoir (intra ou extrascientifique) et l'aide qu’elle apporte plus ou moins volontairement à la thanatocratie : il est alors essentiel de réfléchir sur le « passage » qui peut unir les idées scientifiques les plus rigoureuses et ce que nous pouvons savoir de l'homme. Cette réflexion n’a plus à être hiérarchisante ou centralisatrice : au savoir organisé autour d’un point ou d'un concept central (tel que le concevait l’Encyclopédie) doit succéder une conception plus « leibnizienne » de l’espace de la connaissance, où les traductions d’un savoir à l'autre, d'une théorie à une œuvre d’art, d'un langage à une pratique, ne valent que ponctuellement, en dehors de toute possibilité d'unification-conception par rapport à laquelle l’épistémologie de Bachelard paraît encore trop proche du positivisme.

♦ M. Serres, tenant compte de l'importance qu'ont dans l'univers contemporain les techniques de communication, mène son travail sous le signe d'Hermès, abandonnant la survalorisation de la production au profit des notions d'échange, de mélange, de parasitisme, de multiple, de chaos même : « Il ne peut y avoir de vérités que selon des territoires locaux, des singularités. »

Ce pluralisme - magistralement appliqué dans des études sur la science, la bande dessinée, la peinture ou la littérature - doit être distingué d'un banal scepticisme : il affirme que les vérités sont plurielles - alors que pour le sceptique il n'y a pas de vérité du tout - et que « la culture est désormais l'avenir de la science ».

Œuvres principales : Hermès 1 à V ; Esthétiques sur Carpaccio (1975) ; Le Parasite (1979) ; Genèse (1982) ; Rome, le Livre des fondations (1983) ; Les Cinq Sens (1985) ; Le Contrat naturel (1990).

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