Databac

SCIENTISME

De science. Attitude de ceux qui font de la science un système absolu capable de résoudre tous les problèmes qui se posent à l’homme.
SCIENTISME, n.m. ♦ 1° Position intellectuelle consistant à n’admettre comme connaissances valables que celles qui résultent des sciences positives, et ne reconnaissant pas à la raison d’autre tâche que celle d’avoir à constituer la science. D’où la condamnation de toute spéculation métaphysique (Le Dantec). ♦ 2° Attitude dogmatique issue du positivisme du xixe siècle, prétendant étudier l’homme dans les mêmes conditions que les phénomènes de la nature, trouver à tous les phénomènes humains une explication de type déterministe ; et faisant de la science un système clos et total capable de résoudre tous les problèmes qui se posent à l’homme. Renan a envisagé dans l'Avenir de la science l’époque où la science se substituerait à la philosophie, à la religion et même à la poésie. ♦ 3° Foi excessive dans la science, conviction qu’elle fait connaître les choses telles qu'elles sont. Le scientisme a marqué le XIXe siècle. Il est exceptionnel au XXe.
scientisme, mouvement positiviste de la fin du XIXe siècle, qui considérait la connaissance scientifique comme la connaissance absolue. — Son principe est que la science satisfait tous les besoins de l'intelligence humaine. Son espoir est que les progrès de la science supprimeront toute la part d'inconnu dans le monde et dans l'homme; il refuse donc l'idée d'un « inconnaissable » absolu, qui est la source de l'idée de Dieu : le concept de Dieu recouvrirait ce que la science ne connaît pas encore, mais qu'elle connaîtra nécessairement. La première doctrine d'Auguste Comte (avant 1845 et la religion de l'Humanité, ou positivisme) est une illustration du scientisme.


♦ Toute connaissance rationnelle élaborée à partir de l’observation, du raisonnement ou de l’expérimentation est appelée science. Elle s’oppose notamment à l’opinion ou à la connaissance immédiate. L’objet de la science est ainsi de découvrir et d’énoncer des lois auxquelles obéissent les phénomènes et de les rassembler dans des théories. Désigne au singulier (« une science ») un ensemble de connaissances se rapportant à un domaine défini (la physique, la biologie) ; ou, lorsqu’on évoque la science, l’ensemble des sciences positives. La philosophie a pris depuis longtemps pour tâche de réfléchir sur les méthodes propres à chaque science (méthodologie) aussi bien que sur les enjeux ou les présupposés de la science en général : c’est alors l’épistémologie, qui peut également être pratiquée par les scientifiques eux-mêmes. ♦ L’interprétation vulgaire de l’expression « esprit scientifique » désigne traditionnellement la déontologie du savant qui dans l’exercice de sa profession doit posséder d’une part des qualités morales (désintéressement, probité) et, d’autre part, des qualités intellectuelles (curiosité intellectuelle, esprit critique, esprit de soumission aux faits, sens du problème et croyance aux principes directeurs de la science). Or l’épistémologie contemporaine observe que la rationalité du savant ne consiste pas à respecter - dans l’exercice d’une méthode rigoureuse et universelle -les lois du fonctionnement général de l’esprit indépendamment de tout contexte culturel, car il n’y a pas de Raison immuable. Les conditions d’intelligibilité variant d’une époque à l’autre, l’esprit scientifique désignera précisément l’ensemble des catégories mentales ou le corps de concepts - valides à une époque historique donnée -que le savant sera amené à utiliser dans sa pratique d’homme de science : c’est en ce sens que Bachelard parle de « nouvel esprit scientifique ». Le caractère transitoire du corps de concepts formant le contenu de l’esprit scientifique du moment est souligné par l’invitation faite au savant de se livrer à un travail négatif de rectification du savoir précédent, si bien que le progrès de la connaissance scientifique est lié à la notion de rupture épistémologique. ♦ On entend par « scientisme » l’attitude dogmatique qui - dans le prolongement du mouvement positiviste du XIXe siècle - faisait de la science un système clos et absolu capable de résoudre tous les problèmes qui se posent à l’homme. C’est ainsi que le chimiste Marcelin Berthelot (1827-1907) assignait aux sciences la mission d’organiser les sociétés humaines, et que Renan (1823-1892), animé d’une foi profonde dans le progrès du savoir rationnel, prophétisait l’époque où la science se substituerait à la philosophie, à la religion et à la poésie : le « merveilleux de la nature » une fois dévoilé par la science « constituera une poésie mille fois plus sublime » que le « merveilleux de la fiction ». ♦ On nomme sciences humaines les disciplines qui ont pour objet exclusif l’homme dans ses différentes dimensions (histoire, sociologie, psychologie, ethnologie, etc.). Leur prétention à l’indépendance relativement à tout postulat philosophique, pour mieux affirmer leur scientificité, a pu faire momentanément admettre que la philosophie voyait se restreindre ses possibilités de réflexion sur l’homme et devenait à la limite impossible. Il appartient au contraire à la philosophie d’apprécier la réalité de leur autonomie, reprenant de surcroît son projet permanent (de Socrate à Hegel) d’englober comme matériau d’une pensée réflexive la diversité des connaissances partielles (cf. classification).